dimanche 7 juin 2020

Le message du Père François

Évangile de Jésus Christ selon St Jean 3, 16-18
« Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. Celui qui croit en lui échappe au Jugement ; celui qui ne croit pas est déjà jugé, du fait qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu ».
Nous faisons l’expérience, qu’à certains moments, nous avons de la peine à trouver les mots capables de transmettre la richesse des sentiments éprouvés. Par exemple, le mot Amour est utilisé dans tous les domaines de la vie, au point qu’on le met à « toutes les sauces ». Mais il est parlant à ceux qui sont animés de nobles sentiments.
Parfois la poésie, une parabole, la musique, la peinture, l’art en général prennent le relais de nos limites de langage et expriment plus clairement ce que nous ressentons vraiment.
L’expérience chrétienne se heurte à la même difficulté lorsqu’il s’agit de rendre compte de sa foi et de son Dieu. Le langage ne suffit pas, des témoins, par leur pratique et leur choix de vie sont plus expressifs, que tous les discours sur Dieu.
Ainsi, St François d’Assise a mis la pauvreté au centre de sa vie et de sa contemplation. Par sa conduite, il a parlé de Dieu d’une façon originale et plus compréhensible pour les petits. Le Pape François a choisi son nom à cause de cette mise en valeur. Lui, qui habitait, un bidon ville de Buenos Aires, avait appris à reconnaître les qualités humaines qui pouvaient émerger de la misère. C’est là qu’il reconnaissait les signes de la tendresse d’un Dieu qui aime tous les Hommes. La vie exemplaire de tant de saints, mêlée à l’histoire humaine reste toujours un beau témoignage pour dire Dieu…. Et surtout, pour dire que Dieu est Amour.


Dire que Dieu est AMOUR, c’est dire qu’en Dieu il n’y a pas de possession, de domination. C’est ce que nous essayons de vivre, parfois maladroitement, quand nous aimons. Oui, pour Dieu, la seule richesse, c’est se donner. L’amour de Dieu est un amour éternellement donné, jamais possédant. Ce don radical se vit dans une communion entre le Père, le Fils et l’Esprit Saint.
Alors que retenir pour nous aujourd’hui ?
A la lumière de la Ste Trinité, nous découvrons que l’Homme, créé à l’image de Dieu, est un être de relation qui a besoin d’aimer et d’être aimé. L’humain n’existe pas par lui-même, il est le résultat de l’échange qui le rend capable d’aimer, de donner la vie à d’autres. C’est pourquoi la solitude, les ravages du Covid 19, la « pandémie de la faim » dans le monde, le drame du chômage, par exemple, qui touchent des millions d’hommes et de femmes de par le monde, ne peut pas être considéré comme un simple avatar socio-économique. Mais bien comme un crime psychologique, spirituel qui tue l’identité profonde de l’homme dans son besoin de créer, de donner et d’échanger. Car l’Homme est fait à l’image de Dieu, créateur.
A la lumière de la Ste Trinité, nous découvrons le fondement et les exigences de la fraternité universelle. Toute relation vraie, créatrice, suppose ce don total de soi, cet accueil respectueux de l’autre, cet échange confiant.
Dans un couple, dans une communauté et même dans les relations internationales, si ce sont toujours les mêmes qui donnent, il n’y a pas de véritables relations humaines.
A la lumière de la Ste Trinité, nous devons donc lutter, dans nos familles, au sein de la société et de l’Eglise, dans les relations entre peuples et entre cultures, contre toute forme de marginalisation et de domination. Mais aussi contre tout paternalisme qui, plus ou moins subtilement, méprise, écrase et engendre des êtres infantilisés ou assistés et non des hommes debout.
Seul l’amour, à tous les niveaux des relations humaines, permet de donner sans asservir… et de recevoir sans s’aliéner.
Oui, chaque fois que nous donnons, que nous recevons, que nous échangeons avec amour, nous faisons l’apprentissage de l’Amour qui se vit dans la Trinité, du Père, du Fils et du Saint Esprit !
Enfin, souvenons-nous, que dans sa célèbre icône de la Ste Trinité, le peintre russe Andrei Roublev nous montre les 3 personnes divines assises autour d’une même table, invitant l’homme à occuper la quatrième place. N’est-ce pas le mystère de notre eucharistie d’aujourd’hui où le Christ nous redit : « Si quelqu’un m’aime, mon Père l’aimera, nous viendrons chez lui et nous ferons chez lui notre demeure. »

François, prêtre retraité