samedi 26 avril 2025

Ecrire pour se soigner

 

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Il existe à présent de nombreuses données scientifiques qui attestent des bienfaits du "journal intime" sur le bien-être, quelle que soit la forme qu'on  lui donne.

L'une d'entre elles nous apprend par exemple qu’écrire pendant 20 minutes chaque jour sur une expérience traumatisante pourrait accélérer la guérison des blessures physiques .

Incroyable, non ?

L'écriture expressive, le terme pour désigner une écriture dont le but est d'exprimer nos ressentis, a montré des effets aussi bien dans l'accompagnement de personnes atteintes de cancer , pour les femmes souffrant de dépression et/ou de stress post-partum (ou durant leur grossesse) ,  pour les personnes souffrant de stress post traumatique, d'anxiété ou encore de problèmes de sommeil.

La rumination mentale est une cause d'insomnie. 

Écrire ses pensées avant le coucher peut aider à clarifier l'esprit et faciliter l'endormissement. 

Le simple fait de noter les tâches importantes à effectuer le lendemain, et ce qu'elles évoquent (excitation, stress, angoisse, joie, etc.)  permet  de s'endormir plus rapidement  et de moins souffrir de réveils nocturnes.

Pas seulement une action psychologique

Au-delà des effets sur le mental, des effets physiologiques ont été observés lors de la pratique d'écriture expressive.

James W. Pennebaker (professeur de psychologie à l'université du Texas à Austin) est un ardent défenseur de l'idée que l'acte d'écrire conduit à une réorganisation cognitive et émotionnelle qui a des effets positifs mesurables sur la santé en général, y compris physique.

Il en parle très bien dans l'un de ses ouvrages : Écrire pour se soigner - La science et la pratique de l'écriture expressive.

Selon ses recherches, on peut constater des effets marquants sur le système immunitaire, la circulation sanguine, la tension, le rythme cardiaque, la respiration et les réponses neuroendocriniennes. 

De plus, la pratique régulière de l'écriture stimule les fonctions cognitives, notamment la mémoire. 

James Pennebaker fait également deux remarques intéressantes : il n'est pas utile d’écrire tous les jours pendant de longues périodes. Il faut le faire si l'on en ressent le besoin. Ça ne doit pas devenir une corvée !

Il souligne aussi que le fait de rédiger son récit à la troisième personne (“elle” ou “il” ) permet parfois d'obtenir de meilleurs résultats.

En effet, l’égocentrisme de la première personne peut nuire à la compréhension des événements, alors qu’en les relatant du point de vue d’un tiers, on peut plus facilement y trouver un sens. 

Pour bien démarrer

Voici quelques conseils si vous souhaitez tenter l'expérience.

  1. Ne vous mettez pas de pression ! 

 Peu importe le style, les fautes d'orthographe, les maladresses. Le but est de vous débarrasser de ce qui vous encombre , de clarifier vos pensées et de laisser libre cours à votre créativité. Écrivez tout ce qui vous passe par la tête ! Et surtout, écrivez si vous en ressentez le besoin. Il peut y avoir de longues périodes durant lesquelles vous n'écrirez pas un mot. Ça n'a pas d'importance. 

  1. Ayez le réflexe !

Dans les moments où vous ne vous sentez pas en sécurité, triste, confus, anxieux, prenez l'habitude de vous réserver un temps pour l'écriture. C'est un peu comme la méditation, plus on pratique, plus cela devient un réflexe et plus on en éprouve le besoin et on en ressent les bienfaits. 

  1. Plutôt le soir

Le fait d'écrire avant le coucher permet d'évacuer ce qui pollue l'esprit et de mieux dormir. Mais cela permet aussi au cerveau  de faire un travail d'intégration pendant la nuit. Il classera mieux les informations et saura mieux comment gérer les situations qui posent problème. 

  1. N'ayez pas d'attentes particulières

N'attendez pas de résultats immédiats et spectaculaires. Le processus prend du temps. 

  1. Ayez toujours de quoi écrire sur vous

Rien de plus frustrant que d'avoir envie de griffonner une idée ou une phrase importante et de ne pas pouvoir le faire. Même si l'idéal est d'écrire dans un endroit calme, ayez toujours un stylo et un petit carnet dans une de vos poches. Vous pourrez ainsi noter ce qui vous vient dans le tram, dans un café ou dans une file d'attente. 

En couchant sur papier les inquiétudes, les problèmes, les sentiments, les interrogations, on fait un pas vers une meilleure connaissance de soi. 

Cela aide vraiment à prendre du recul, à mieux vivre les tracas quotidiens. 

C'est un moyen peu onéreux de faire un travail d'introspection et le mieux dans tout ça, c'est que ça marche !


Laurent