mercredi 30 août 2023

Le message du Père François

 Évangile de Jésus-Christ selon Matthieu 16, 21-27

 

« En ce temps-là, Jésus commença à montrer à ses disciples qu’il lui fallait partir pour Jérusalem, souffrir beaucoup de la part des anciens, des grands prêtres et des scribes, être tué, et le troisième jour ressusciter. Pierre, le prenant à part, se mit à lui faire de vifs reproches : « Dieu t’en garde, Seigneur ! cela ne t’arrivera pas. » Mais lui, se retournant, dit à Pierre : « Passe derrière moi, Satan! Tu es pour moi une occasion de chute : tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. » Alors Jésus dit à ses disciples : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perd sa vie à cause de moi la trouvera. Quel avantage, en effet, un homme aura-t-il à gagner le monde entier, si c’est au prix de sa vie? Et que pourra-t-il donner en échange de sa vie? Car le Fils de l’homme va venir avec ses anges dans la gloire de son Père ; alors il rendra à chacun selon sa conduite. »

 

 

Photo DR

Cette page d’évangile peut nous renvoyer à toutes les personnes qui sont aujourd’hui en souffrance. Ils ne l’ont certainement pas cherchée, mais elle marque leur vie. Très souvent, ils n’en peuvent plus, car c’est trop lourd à porter. A se demander si Dieu est sourd, indifférent aux cris de souffrance de ses enfants.

 

Je crois que Dieu n’est « ni sourd ni indifférent », mais c’est nous qui le connaissons mal. L’Evangile nous montre que même Pierre qui a fait un si bel acte de foi : « Tu es le fils du Dieu vivant… », même lui, continue à se représenter un Dieu tout puissant, omniprésent, un Dieu maître de toutes choses, un Dieu de majesté, de grandeur, assis sur un trône… et refuse l’image d’un Dieu souffrant sur une croix, il refuse l’image du Dieu que Jésus vient nous révéler. 

 

En effet, lorsque le fils de Dieu se présente au monde, dans cette nuit de Noël, n’est-ce pas comme un nouveau-né fragile, dépendant et vulnérable ? Comme un petit enfant obligé de fuir lui-même son propre pays pour échapper à la violence des hommes ? Ensuite Jésus va vivre de façon cachée pendant 30 ans, assidu au travail et à la prière. Un Jésus qui ouvre les bras aux petits enfants, aux malades, aux blessés de la vie… un Jésus qui ouvrira une dernière fois ses bras sur une croix, victime de l’injustice, l’exclusion et la cruauté des hommes. 

 

Le Dieu dont il est le visage, loin d’être un Dieu de puissance est un Dieu de fragilité, de soumission, dépendant de l’homme. Il est aussi un Dieu de contradiction :

-          Alors que le monde dit : heureux les forts, les puissants, les riches…

Jésus dit : heureux les pauvres, les humbles, les petits.

-          Alors que le monde s’incline devant les bien-pensants, les gens dignes et respectables…

Jésus va s’asseoir à la table des pécheurs, et lave les pieds de ses disciples.

-          Alors que le monde juge, condamne, punit les méchants et les coupables…

Jésus pardonne, relève et met debout.

-          Alors que dans le monde il n’y a pas de place pour l’étranger et le malade…

Jésus ne cesse d’accueillir et d’ouvrir les bras.

Et nous pourrions continuer la liste des oppositions ! Vraiment Jésus est venu tout mettre à l’envers : « Bienheureux les pauvres de cœur, les doux, les artisans de paix… »

 

Contrairement à tous ceux qui pensent que Dieu nous abandonne, il se révèle comme celui qui vient porter notre croix, cette croix qui a pour nom : maladie, solitude, indifférence, inquiétude, chômage… oui, tout cela, Jésus le vit avec nous. Je suis persuadé que, comme le cœur des parents pour leurs enfants, Jésus est tourmenté par nos détresses.

 

C’est d’ailleurs le sens de ce geste que nous allons poser quand nous allons communier, c’est-à-dire partager avec Jésus sa divinité, mais il nous faut aussi croire que c’est lui, Jésus, qui le premier vient communier à nous, en partageant notre humanité laborieuse et souffrante.

Communier n’est-ce pas finalement s’unir ensemble au Seigneur pour supporter le poids de cette croix qui nous fait si peur, si mal à certains jours, mais soulevée par tous, la croix devient un fardeau plus léger et plus facile à porter.


François, prêtre retraité