Évangile de Jésus Christ selon St Jean 1 29-34
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (1, 29-34) « Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde » En ce temps-là, voyant Jésus venir vers lui, Jean le Baptiste déclara : « Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde ; c’est de lui que j’ai dit : L’homme qui vient derrière moi est passé devant moi, car avant moi il était. Et moi, je ne le connaissais pas; mais, si je suis venu baptiser dans l’eau, c’est pour qu’il soit manifesté à Israël. » Alors Jean rendit ce témoignage : « J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et il demeura sur lui. Et moi, je ne le connaissais pas, mais celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit : “Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, celui-là baptise dans l’Esprit Saint.” Moi, j’ai vu, et je rends témoignage : c’est lui le Fils de Dieu. »
A force d’être inondé d’infos, nous sommes habitués à ces images télévisées qui nous montrent des peuples entiers laminés par la guerre ou affaiblis par la famine. Allons-nous connaître une nouvelle révolution comme en 1789, où le facteur déclencheur de cette révolution était la vie chère et le prix élevé du pain ? Où est la dignité de ces hommes qui luttent pour leur survie ? Quel est le prix de ces populations décimées par les fléaux ? Ces hommes semblent n'avoir de prix aux yeux de personne. On joue avec la vie humaine, au point d’en faire une chair à canons. Ça ne fait que 2 ans, le 8 janvier 2020 que 176 passagers du vol Téhéran-Kiev ont laissé leur vie, soit disant : une « erreur d’appréciation de tir ». Décidément, la vie humaine n’a pas de prix ! Pourtant, le prophète Isaïe proclame, haut et fort, à tous ceux qui veulent l’entendre: « Tu as du prix à mes yeux, du compte pour moi, je t’aime… »dit le Seigneur au creux de l’oreille d’un chacun.
Ceux qui viennent vers Jean pour se faire baptiser sont des hommes qui ont pris conscience et du mal dans la société et du mal dans leur cœur. Aujourd’hui, le mal dans le monde et dans nos cœurs, se présente sous des formes toujours nouvelles. L’histoire et la vie changent constamment, elles sont en évolution permanente. Mais chacun voit surtout le mal qui l’écorche et qui le fait crier. En même temps, on ne sait pas voir le mal qui nous habite et par surcroît, on arrive toujours à justifier nos façons de faire. Jésus dénonçait cette façon de faire en disant : « Tu vois la paille dans l’œil de ton frère. Tu ne vois pas la poutre qui est dans le tien. » En regardant l’actualité, les exemples ne manquent pas. On traite facilement de profiteurs tous ceux qui bénéficient de l’aide sociale, alors qu’ils viennent les mains nues. Par-dessus le marché, on généralise les « faiblesses », le mal de quelques-uns pour jeter le discrédit sur tous. Ce qui me paraît grave, on ne cherche pas à aller au fond des choses, on parle comme les médias, sans recul ni discernement.
À ces hommes qui désirent et essayent de se sauver, Jésus vient révéler le don de Dieu. Cette révélation est capitale. Elle habille d’espérance l’avenir de l’humanité dans son combat pour la justice. En effet, Jésus – se plaçant au milieu des pécheurs pour être baptisé – sera reconnu comme « l’Agneau de Dieu » qui enlève le péché du monde. Aucun signe ne le distingue et c’est à son humilité, à son amour que Jean Baptiste le reconnaît et le désigne. C’est bien lui qui enlève le péché de nos épaules pour le pardonner. Du haut de la croix il dira : « Père pardonne leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ». St Paul souligne à plusieurs reprises que : « C’est par grâce que vous êtes sauvés ». C’est le cadeau de Dieu. « L’amour a fait les premiers pas ».
Par notre baptême nous avons reçu le cadeau de Dieu. Grâce à lui, nous savons que nous pouvons appeler le Père de Jésus : notre Père. Mais il ne suffit pas de dire : « Père », il faut vouloir que son règne vienne : règne d’Amour, de Justice et de Paix. Et pour ce faire, il faut nous bouger. Il ne suffit pas de dire : « Paix », mais désirer la paix et nous souvenir qu’elle ne peut se poser que là où elle trouve des enfants de paix. Ces enfants de paix sont « ceux qui ont faim et soif de justice ».
Pour que l’humanité ne sombre pas dans la désespérance, il lui faut des témoins d’espérance. Le mot témoin vient du grec : martyr. Ce mot a pris le sens du témoin qui va jusqu’à donner sa vie pour témoigner de la vérité. Pour nous chrétiens, cette vérité, c’est la tendresse de Dieu. C’est la source de notre joie et de nos combats. Quoiqu’il arrive, nous pouvons compter sur Lui, quel bonheur !
A chaque eucharistie, nous reprenons les mots du Baptiste : « Voici l’Agneau de Dieu, voici celui qui enlève les péchés du monde. » Les juifs mangeaient l’agneau pascal. Aujourd’hui, Jésus se fait notre nourriture pour faire grandir en nous la douceur, la tendresse, la pauvreté du cœur, en un mot, la vie même de Dieu en nous et entre nous.
François, prêtre retraité