L'hiver arrive... avec souvent des refroidissements
Photo J.A.S
Le froid se maintient, l’hécatombe de grippes et de rhumes se poursuit.
Les virus, comme ceux de la grippe et du rhume, se transmettent par les gouttelettes de salive d’une personne infectée quand elle postillonne ou éternue.
Lorsque vous les avalez, les microbes se rassemblent et se multiplient sur le palais mou au fond de votre bouche [1]. Puis, chaque fois que vous respirez, des microbes se laissent embarquer sur le courant d’air pour rejoindre votre gorge, votre trachée et, éventuellement, vos bronches, votre nez et, de là, vos oreilles via les trompes d’Eustache, ainsi que vos yeux et vos sinus !
Vous comprenez pourquoi un simple picotement au fond de la bouche peut annoncer une infection qui vous fera tousser, cracher, souffrir des poumons jusqu’au front, avec parfois une bronchite, trachéite, pharyngite (gorge), otite, sinusite généralisée !
Mais le pire n’est jamais sûr.
Avez-vous détruit les remparts qui vous protégeaient ?
Votre palais mou, qui sert de nid aux microbes, est entouré d’une redoutable barrière de tissus lymphoïdes. C’est une ligne Maginot immunitaire, qui comprend les amygdales et les végétations, imbibées de globules blancs, minisoldats dévoreurs de microbes.
On l’appelle, cette ligne de défense, « l’anneau de Waldeyer ». Sa mission est de combattre l’infection et de protéger l’entrée de notre système respiratoire et gastro-intestinal.
Supprimer chirurgicalement les amygdales et les végétations est donc une mauvaise idée. Vous abattez les murs de la forteresse qui vous protège. Heureusement, la mode en est passée aujourd’hui, mais ces opérations se faisaient à la chaîne jusque dans les années 1980.
C’était d’autant plus absurde que l’opération était en général décidée parce que les amygdales et les végétations étaient enflées.
De grosses amygdales sont pourtant le signe qu’elles sont en train de faire leur travail, car elles se gorgent de lymphe et de globules blancs !
L’importance de l’anneau de Waldeyer est connue depuis longtemps.
Mais, dans la population, un grand flou règne aussi à propos de ces maladies que l’on attrape en hiver.
Principales maladies hivernales
Permettez-moi donc de faire une présentation rapide des principales maladies hivernales.
La grippe : c’est une maladie que vous ne pouvez pas rater. Si vous avez attrapé la vraie grippe, vous resterez cloué au lit, brûlant de fièvre, grelottant, avec un violent mal de crâne et des douleurs articulaires, pendant au moins plusieurs jours. Il ne sera pas question pour vous d’aller au travail ou à l’école, même si vous en avez envie ; la grippe est la maladie qui vous force à vous retirer provisoirement du monde.
Le rhume : le rhume est causé par un autre type de virus, nommément le rhinovirus, qui se loge en haut des voies respiratoires, par temps froid. Vous avez mal à la gorge, vous pouvez avoir un peu de fièvre, vous vous mouchez. En cas de très gros rhume, vous pourrez même rester alité plusieurs jours, mais vous pourrez aussi vous lever et même sortir en cas de nécessité.
Les boutons de fièvre, ou « feu sauvage » (ou herpès labial) : ce sont les petits boutons rouges qui apparaissent au coin des lèvres et du nez. Ils sont hautement contagieux par contact, et provoquent de graves infections pulmonaires chez les bébés. Le virus est dormant chez la plupart des adultes, et il se réveille en cas de stress ou d’affaiblissement du système immunitaire.
L’asthme saisonnier : l’air froid peut provoquer une rétractation des voies respiratoires, provoquant une toux, des sifflements et des essoufflements. Il n’y a pas de microbe impliqué.
Les infections gastro-intestinales : les virus qui provoquent la gastro-entérite se transmettent particulièrement bien en hiver, lorsque les gens se massent dans des espaces confinés, en particulier à l’intérieur des écoles, des hôpitaux, des maisons de retraite et, aujourd’hui, des bateaux de croisière (dans ce dernier cas, pas à cause du froid mais à cause de la promiscuité). Il s’agit alors du norovirus, qui provoque diarrhées, nausées, vomissements. Le virus se répand en touchant des surfaces contaminées, en mangeant de la nourriture touchée par une personne infectée ou en inhalant des particules (postillons).
Les douleurs articulaires : à côté des infections respiratoires, l’hiver va de pair également avec des douleurs articulaires. Cela peut paraître bizarre que le froid soit la cause d’inflammations provoquant rougeurs, gonflements, douleurs, car justement, on a le réflexe de mettre de la glace sur les inflammations pour les calmer. Mais une forte chute de température s’accompagne, en général, d’une forte baisse de la pression atmosphérique. C’est ce changement de pression qui provoque une aggravation des symptômes dans les articulations enflammées, exacerbant la douleur.
En hiver, on est également moins mobile. Or on sait que le manque d’activité rend les articulations plus raides et douloureuses.
Peau gercée : plus l’air est froid, plus il est sec, ce qui fait sécher la peau et les lèvres. Le chauffage dans les maisons rend l’air encore plus sec, et on oublie de boire parce qu’il fait froid. Résultat : la déshydratation provoque des gerçures qu’un simple baume ne suffira pas, en général, à soigner. Il faut néanmoins en appliquer, par exemple de l’Aloe vera, et boire.
Comment éviter les maladies hivernales
Pour combattre au maximum les maladies hivernales, il faut d’abord surveiller votre taux sanguin de vitamine D.
Dès l’automne, la diminution de l’exposition au soleil fait baisser le taux de cette précieuse vitamine essentielle à notre système immunitaire. D’où les épidémies qui se déclenchent toujours au début de l’hiver !
Selon une étude publiée dans la revue Nature Immunology, la vitamine D serait aussi essentielle à l’activation des lymphocytes T (ou cellules T), vos cellules « gardes du corps » qui consacrent leur vie à détruire tous les ennemis qui essayent d’entrer dans votre corps.
Il a été démontré, en 2009, que la vitamine D jouait un rôle essentiel pour activer l’immunité et éviter les rhumes et la grippe. Elle accroît l’activité des macrophages et favorise la production de peptides anti-infectieux et de cytokines anti-inflammatoires [2].
Un bon taux de vitamine D serait le meilleur vaccin contre la grippe. [3]
Prendre 800 à 2000 UI par jour de vitamine D3, en visant un taux sanguin d’au moins 38 ng/mL.
Mais vous pouvez faire bien mieux encore.
Vitamines A et C
La vitamine A régule la production et le fonctionnement des lymphocytes T. Les lymphocytes T appartiennent à la catégorie des globules blancs et servent à détruire les cellules infectées par un virus, mais aussi les cellules cancéreuses.
Les autorités de santé européennes, pourtant très conservatrices et peu enclines à promouvoir les solutions naturelles, reconnaissent d’ailleurs le fait suivant : « La vitamine A participe au fonctionnement normal du système immunitaire [4]. » Vous en trouvez dans le jaune d’œuf, la viande et le poisson.
Prendre 1 000 mg par jour de vitamine C pendant l’hiver réduirait l’incidence des rhumes de 45 % [5].
Vous en trouvez dans le kiwi, les baies d’acérola, le poivron et, bien sûr, les agrumes (oranges, citrons, clémentines).
Prendre des probiotiques
Les bactéries et levures qui peuplent votre flore intestinale sont autant de petits soldats qui protègent votre organisme contre les infections.
On a longtemps cru que l’intestin était une barrière qui ne laissait passer dans l’organisme que les bons nutriments. Mais les recherches ont constaté que, malheureusement, une paroi intestinale mal entretenue et peuplée de mauvais microbes laissait passer de nombreux corps étrangers dans le sang.
Ils se répandent ensuite dans tout l’organisme, affaiblissant le système immunitaire.
D’où l’importance qu’il y a, en hiver, à manger de nombreux produits fermentés. Ils participent à l’entretien et au réensemencement de votre flore intestinale grâce à leurs « ferments lactiques » : choucroute, yaourts, kéfir bien sûr, mais aussi les carottes, les betteraves, les concombres, les cornichons et oignons qui peuvent également se consommer sous forme fermentée.
L’ensemble des micro-organismes qui ont un effet favorable prouvé pour la santé lorsqu’ils sont présents dans votre flore intestinale s’appellent les « probiotiques » ou les « ferments lactiques ». On pourrait écrire des romans à leur sujet, mais retenez qu’en consommer fait du bien, surtout si vous avez des dérangements intestinaux.
Si vous avez pris des antibiotiques, il est même indispensable de prendre des probiotiques pour restaurer votre flore intestinale, et donc vos défenses naturelles.
Prendre des probiotiques du type Lactobacillus plantarum associé à du Lactobacillus paracasei.
Soignez votre alimentation
J’ose à peine vous le rappeler, chère lectrice, cher lecteur : ne détruisez pas vous-même vos défenses immunitaires en consommant des aliments nuisibles.
Évitez, en particulier, de :
manger trop de sucre ;
manger trop de céréales, farines, surtout farines raffinées ;
manger des produits trop cuits, grillés, graisses brûlées ;
boire trop de produits laitiers, surtout non fermentés ;
passer trop de temps à l’intérieur, où vous êtes exposé(e) aux produits chimiques volatils, aux rayonnements électromagnétiques, au manque de soleil ;
manger des calories « vides » : chips, fast-food, biscuits…
manger des produits industriels transformés et chargés d’additifs.
Toutes ces habitudes dépriment le système immunitaire, vous rendent plus vulnérable aux maladies hivernales.
Dormez
En dormant plus et en vous relaxant, vous rendrez plus efficace votre système immunitaire. Des chercheurs américains ont montré que l’environnement social (stress, anxiété, dépression) influençait l’expression de certains gènes dans les globules blancs, des gènes impliqués dans l’activation du système immunitaire ainsi que dans les réponses pro- et anti-inflammatoires.
En outre, une étude menée sur 153 adultes a indiqué que les petits dormeurs (moins de sept heures de sommeil par nuit) avaient presque trois fois plus de probabilités de contracter un rhume que les chanceux qui dorment plus de huit heures par nuit [6].
Autres conseils de prévention contre les maladies hivernales
Mâcher régulièrement des grains de propolis, cette cire antibactérienne et antibiotique naturelle fabriquée par les abeilles, dont elles se servent elles-mêmes pour calfeutrer leur ruche et éviter les infections.
Aérer régulièrement les chambres et humidifier l’air ambiant. Dans les maisons très sèches, placer des soucoupes d’eau sur les radiateurs. Il existe aussi des récipients spéciaux à accrocher aux radiateurs.
Se laver les mains fréquemment, éviter les contacts physiques. Ne pas porter ses mains au visage et éviter surtout de se toucher les muqueuses, de se mettre les doigts dans le nez et dans la bouche. Ces gestes que l’on enseignait autrefois aux enfants à ne pas faire n’avaient pas pour but que d’en faire des enfants bien élevés, mais aussi d’éviter les maladies. Chacun avait autrefois aussi son propre stylo dans la poche : aujourd’hui, les stylos publics que l’on trouve sur les guichets des banques, à la poste, sont des vecteurs de transmission des microbes, tout comme les claviers des distributeurs de billets et autres bornes automatiques, les barres de caddies de supermarché.
Ne pas oublier enfin les oligo-éléments : zinc et sélénium sont aussi nécessaires aux cellules immunitaires. Vous trouverez du zinc dans les graines de courge, du sélénium dans les noix du Brésil.
Planifier la contre-attaque
Si toutefois la maladie s’est déjà déclarée…
La médecine traditionnelle chinoise recourt à une plante dont l’efficacité a été récemment démontrée par les chercheurs. Il s’agit de l’andographie (Andographis paniculata).
Il faut en prendre 1 200 mg par jour et, dès le second jour, les symptômes de fatigue, de mal de gorge et de nez qui coule s’atténuent. On dort aussi mieux, et donc on se repose mieux, ce qui est essentiel pour la convalescence. Poursuivre la supplémentation pendant cinq jours.
Échinacée : l’arme redoutable contre les maladies hivernales
Mais Dame Nature nous fournit une arme redoutable.
L’échinacée est l’une des plantes médicinales les plus utilisées en phytothérapie pour stimuler le système immunitaire et lancer la contre-attaque face aux infections hivernales.
Il existe au moins une soixantaine d’études cliniques qui ont évalué son efficacité sur les infections respiratoires et grippales.
Son action pour vous protéger est féroce : elle aide à neutraliser les virus et les bactéries pathogènes et à stimuler l’immunité en augmentant le nombre de cellules immunitaires et leur capacité à phagocyter, c’est-à-dire à dévorer les intrus.
En cas de rhume, l’échinacée aide à diminuer les sécrétions (mucus) et à atténuer la sévérité des symptômes de 23 % quand elle est prise dès les premiers symptômes et pendant au moins huit jours [7].
Elle est également efficace contre le rhume : une méta-analyse regroupant quatorze études cliniques a montré que l’échinacée pouvait réduire de 58 % le risque d’attraper un rhume et que la durée moyenne des rhumes était diminuée de 1,4 jour [8].
Notez également qu’en cas de grippe, l’échinacée serait aussi efficace que l’oseltamivir (un médicament antiviral) et provoque moins d’effets indésirables. Les complications sont même moins fréquentes avec l’échinacée par rapport à l’oseltamivir [9]. Il est important de démarrer la supplémentation le plus vite possible, dès les premiers symptômes, et de la prolonger pendant 7 à 10 jours. D’où l’intérêt d’en avoir chez vous à tout moment.
Vous pouvez trouver de l’échinacée facilement en pharmacie ou en magasin bio, car c’est l’une des plantes médicinales les plus vendues. Vérifiez simplement que le produit qui vous est proposé contient bien une dose quotidienne d’au moins 400 mg par jour.
Restez actif en hiver !
Enfin, et c’est très important, restez physiquement actif malgré le froid de l’hiver. Les sorties les jours ensoleillés peuvent être très agréables par grand froid, si l’on est bien couvert.
L’exercice physique maintient une bonne circulation sanguine, garante de la bonne oxygénation et nutrition des tissus du corps et du cerveau. Elle permet aussi de transporter les globules blancs et de mieux lutter contre les infections.
Le sport permet aussi de maintenir sa masse musculaire, qui est le réservoir de protéines dans lequel votre système immunitaire vient puiser en cas d’infection (c’est pourquoi on maigrit quand on est malade).
Le seul moyen de l’entretenir est de manger de bons aliments sains et reconstituants, et de faire de l’exercice physique.