Évangile de Jésus-Christ selon St Luc 12 32–40
« En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Restez en tenue de service, votre ceinture autour des reins, et vos lampes allumées. Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces, pour lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera à la porte. Heureux ces serviteurs-là que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller. Amen, je vous le dis : c’est lui qui, la ceinture autour des reins, les fera prendre place à table et passera pour les servir. S’il revient vers minuit ou vers trois heures du matin et qu’il les trouve ainsi, heureux sont-ils ! Vous le savez bien : si le maître de maison avait su à quelle heure le voleur viendrait, il n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison. Vous aussi, tenez-vous prêts : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. »
Une fois de plus, la Parole de Dieu rejoint notre existence, avec nos peurs, nos angoisses et nos fragilités. Les événements actuels ne font que renforcer ces troubles qui mettent en émoi toute une société. Là-bas la guerre, des catastrophes…chez nous, entre autres, la ménagère se plaint de la montée, sans cesse, de tous les prix concernant la consommation.
Jésus nous rappelle que les événements d’aujourd’hui sont le résultat de notre conduite passée : nous n’avons pas su discerner les signes des temps, dont nous parlait déjà le Concile Vatican II. Les graves questions de l’époque n’ont pas été prises en compte. La bible insiste sur le fait que Dieu envoie toujours des prophètes, mais qu’ils ont bien du mal à se faire entendre. A l’image de Jésus, ils sont persécutés et exécutés parce qu’ils dérangent l’ordre établi.
Dans la pensée de Jésus, la venue du Royaume doit entraîner une nouvelle façon de vivre. Le Royaume exige un nouveau comportement du vivre ensemble, lié à notre relation à Dieu. Il ne s’agit pas seulement de penser à l'au-delà, mais c’est aujourd’hui, dès à présent, qu’il faut le mettre en pratique. « Le Royaume de Dieu est déjà au milieu de nous » disait Jésus.
Le Pape François rejoint pleinement cette préoccupation de Jésus, lors de son « pèlerinage pénitentiel » au Canada. Ses homélies et ses discours méritent toute notre attention. L’occasion m’est donné de rappeler ses paroles fortes, lors des JMJ (Journées Mondiales de la Jeunesse) à Rio. « Je veux que vous alliez à l'extérieur! Je veux que l'Eglise sorte dans les rues! Je veux que nous nous gardions de tout ce qui est mondanité, installation, de tout confort, de tout cléricalisme, de toute fermeture sur nous-mêmes. Les paroisses, les écoles, les institutions, sont appelées à sortir, n’hésitez pas à bousculer les habitudes, "sortez", "ne vous laissez pas exclure", "ne diluez pas la vigueur de la foi"! » Cette exhortation du Pape est valable tant sur le plan des relations humaines, qu’au regard des choses de la vie. Sous ce dernier rapport, Jésus sait très bien que l'existence des hommes se déroule le plus souvent sous le signe du souci et de la peur, surtout en période de crise : souci de la nourriture, souci du travail, souci de l’avenir des enfants, souci du vêtement et du logement, souci d'argent et du lendemain... La relation des hommes aux choses est dominée par l'inquiétude et la peur. Inquiétude et peur de manquer du nécessaire. Pour beaucoup de nos concitoyens, c’est un boulet que l'homme traîne jour après jour.
Or, Jésus veut libérer ses disciples de bien des préoccupations, mais pas pour qu'ils vivent dans l'oisiveté et la paresse. Dans la page d'Évangile d'aujourd'hui, l'attachement du cœur humain à Dieu et à son Règne passe par le détachement effectif des biens du monde visible : « vendez ce que vous avez et donnez-le en aumône. » Quand on aime à la manière de Dieu, on apprécie tout ce qui favorise la grandeur des êtres humains : le respect, la dignité de chacun. Par contre, notre monde ne voit la richesse que comme l’accumulation massive de l’argent pour soi-même. Or le Royaume de Dieu n'est pas une conquête, c'est un don gratuit en vue duquel il faut se laisser émouvoir et ouvrir son cœur.
Jésus nous a confié le Royaume de Dieu. Il nous a demandé d'être comme les serviteurs qui préparent la venue de leur maître. L'Église, c'est nous tous aujourd'hui, car Jésus nous confie sa « Maison –Terre. ». Elle ne saurait être enfermée dans les troncs, les temples, les systèmes ou l'étroitesse de nos vies. L’Eglise est au service du Royaume qui se construit, à l’image d’un papa ou d’une maman qui se met au service de toute sa famille. Ce n’est pas le logement qui est primordial, c’est notre façon de vivre les uns avec les autres. Et c’est précisément cette façon de vivre, comme des frères, qui peut témoigner de l’amour de Dieu et de son Royaume déjà présent au cœur de nos vies.
« Là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur. »
