mercredi 29 juin 2022

Le message du Père François

   Evangile de Jésus-Christ selon St Luc 10, 1-12, 17-20

 

« En ce temps-là, parmi les disciples, le Seigneur en désigna encore 72, et il les envoya deux par deux, en avant de lui, en toute ville et localité où lui-même allait se rendre. Il leur dit : « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. Allez ! Voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. Ne portez ni bourse, ni sac, ni sandales, et ne saluez personne en chemin. Mais dans toute maison où vous entrerez, dites d’abord : “Paix à cette maison.” S’il y a là un ami de la paix, votre paix ira reposer sur lui ; sinon, elle reviendra sur vous. Restez dans cette maison, mangeant et buvant ce que l’on vous sert ; car l’ouvrier mérite son salaire. Ne passez pas de maison en maison. Dans toute ville où vous entrerez et où vous serez accueillis, mangez ce qui vous est présenté. Guérissez les malades qui s’y trouvent et dites-leur : “Le règne de Dieu s’est approché de vous.” Fin de la lecture brève « Mais dans toute ville où vous entrerez et où vous ne serez pas accueillis, allez sur les places et dites : “Même la poussière de votre ville, collée à nos pieds, nous l’enlevons pour vous la laisser. Toutefois, sachez-le : le règne de Dieu s’est approché.” Je vous le déclare : au dernier jour, Sodome sera mieux traitée que cette ville. » Les 72 disciples revinrent tout joyeux, en disant : « Seigneur, même les démons nous sont soumis en ton nom. » Jésus leur dit : « Je regardais Satan tomber du ciel comme l’éclair. Voici que je vous ai donné le pouvoir d’écraser serpents et scorpions, et sur toute la puissance de l’Ennemi : absolument rien ne pourra vous nuire. Toutefois, ne vous réjouissez pas parce que les esprits vous sont soumis ; mais réjouissez-vous parce que vos noms se trouvent inscrits dans les cieux. »




 

« La Moisson est abondante, les ouvriers peu nombreux. » C’est une belle image que Jésus utilise pour nous parler du bonheur que Dieu nous promet. Une parole d'actualité, dans un monde qui est toujours "un grand champ à moissonner, une vigne à vendanger". Cette phrase nous interpelle devant les églises qui se vident, la diminution des prêtres, on ne sait plus très bien pourquoi se marier à l’église, alors qu’il y a tant de divorces, pourquoi baptiser les enfants, ou encore faire la première communion ? N’est-ce pas le résultat des repères qui disparaissent. Comme on dit en Allemand : « Kein Gott und Kein Gebot » ! Même constat dans la vie en société !

 

Qu’est-ce que nous mettons derrière cette belle image de « la moisson abondante » ? N’est-ce pas réussir ce qu’on a espéré et entrepris ? Remplir nos greniers, réussir nos examens pour assurer un bon emploi, assurer la paix pour vivre en harmonie et peut-être aussi, avoir les moyens de soutenir tous ceux qui peinent ?  Mais Jésus ne veut pas qu’on s’arrête à ce qui nous réjouit dans l’immédiat. La mission qu’il donne à ses 72 disciples, c’est d’apporter la paix à tous ceux qu’ils rencontrent. C’est le contraire de la comptabilité de celui qui ne cherche que son intérêt personnel. Par contre, Jésus nous demande de tout mettre en œuvre pour construire la paix. C’est ça, la moisson qu’il faut réussir et qui procure la vraie joie. Et cette joie peut être partagée par tous ceux qui dépassent leur égoïsme et leur individualisme. 

 

Ce matin, Dieu nous adresse un appel vibrant à nous mettre en route dans le contexte d’aujourd’hui. Le temps est révolu où c’est le pape, les évêques, les prêtres qui commandent ce que nous avons à faire. Là je tiens à souligner le courage et l’audace du pape François qui a demandé à tous les chrétiens, dans une démarche synodale, de mettre à plat leur pratique religieuse, pour entrevoir comment devenir chrétien en faisant connaître le Christ qui nous fait devenir chrétien, 

Revenons à la démarche de Jésus qui invite ses disciples à porter la paix, « à guérir les malades qui s’y trouvent et dites-leur que le Règne de Dieu s’est approché de vous. » Le résultat de cette invitation est surprenant : « les 72 disciples revinrent tout joyeux. » Dieu a besoin de nous. Dieu cherche des ouvriers. Dieu embauche! Pourquoi Dieu embauche ? Certainement pas pour remplir à nouveau nos églises. Mais Dieu a besoin des hommes, des femmes, des jeunes qui vivent l’évangile au quotidien. La mission qu’il leur confie, c’est de mettre de l’Amour dans tout ce qu’ils font.  Il s’agit de donner une nouvelle chance et l’envie à d’autres de découvrir un Dieu présent dans notre vie.

 

Pourtant, dans ce monde matérialisé, le besoin de spirituel et le besoin de sens refont surface. On dirait que le vide occupe la place. On ne fait plus le lien entre les événements qui bousculent notre existence et le bonheur que Dieu nous propose. Autrement dit, la moisson est mûre, mais va‑t‑on la laisser sur pied? Va‑t‑on pécher par omission? "J'avais soif de Dieu, et tu ne m'as pas transmis l'eau qui nous donne sa vie".

 

Comme les 72 disciples de l'Évangile, tous les chrétiens sont invités à retrousser leur manche pour la moisson. Mais Jésus ne veut ni des mercenaires, ni des réquisitionnés. Il fait appel à la liberté : "Si tu veux". Pourquoi St Luc évoque le chiffre de 72 ? Au temps de Jésus on connaissait 72 nations, comme les trois rois mages représentaient les trois continents connus à cette époque.

 

Le Christ désire des apôtres : "allégés", "leight", qui ne s'encombrent pas de tous les gadgets de notre époque. Il veut des apôtres qui travaillent en équipe, qui ne restent jamais seuls, car comme Dieu, ils ont besoin des autres pour accomplir cette mission. Ces apôtres mobiles se portent là où souffle l'Esprit, Ils sont pressés d’annoncer la Bonne Nouvelle à ceux qui sont en recherche. Ces apôtres sont porteurs de paix, par la joie et le goût de Dieu qui les animent. 

Ainsi, ils connaîtront un jour les joies éternelles de la moisson engrangée : « Réjouissez-vous parce que vos noms se trouvent inscrits dans les cieux. »

 

Avec vous tous, je rends grâce à Dieu pour mes 56 années de prêtrise, jour anniversaire ce 29 juin 1966 !


François, prêtre retraité