mercredi 11 août 2021

Message du Père François

 Évangile de Jésus Christ selon St Luc 1 39–56

« En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte :



« Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi. Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. » Marie dit alors : « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom ! Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides. Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et sa descendance à jamais. » Marie resta avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle. »
Quelle merveille fît pour nous le Seigneur en choisissant une jeune fille - j’allais dire de chez nous - du peuple, toute simple, d’une bourgade de Nazareth, pour proclamer le projet de Dieu à l’égard de l’humanité ! Ces paroles du Magnificat sont déjà l’annonce des béatitudes, annoncées par Jésus, comme le code du vrai bonheur. Quel chamboulement pour tous ceux qui sont prisonniers des habitudes, des façons de faire qui semblent aller de soi. Ce passage préfigure ce grand retournement que Jésus annoncera : « Dans le Royaume de mon Père, les derniers de ce monde, seront les premiers… »
Aujourd'hui, c'est la Vierge Marie qui nous invite à fêter avec elle son départ dans la gloire, où elle se trouve avec son Fils ressuscité dans la grande assemblée des saints, de tous ceux que nous avons connus, aimés et appréciés. Ce sont aussi ceux qui ont croisé nos chemins et qui nous ont permis d’apprécier les Béatitudes de ce Dieu qui nous aime. Les paroles de Marie renvoient à l’histoire du salut. Certains versets sont subversifs au point que des dictateurs d’Amérique Latine ont demandé à l’Eglise de les supprimer. « Il renverse les puissants de leur trône… »
Contemplons avec émerveillement la Vierge de l'Assomption dans toute sa gloire. Sa victoire est notre victoire: c'est l'apothéose finale d'une vie toute ordinaire comme la nôtre. Ce n'est pas une déesse que nous célébrons, mais une femme d'Israël, fille de modestes parents Anne et Joachim que l'Eglise fêtait le 26 juillet.
Marie est choisie par un Dieu qui met en valeur les petits, les sans voix, les marginalisés de la société, un Dieu : « qui élève les humbles ». Il n’exclut personne, au contraire il invite tout le monde à prendre soin des exclus. Ceux, qui mettent cela en pratique, sont ses vrais disciples. Marie, l'humble servante du Seigneur acceptera en toute liberté de collaborer à la mission de son fils: annoncer la bonne nouvelle aux pauvres. Redonner du courage et de la dignité à tous ceux qui sont écrasés.
L’actualité déborde de drames : la pandémie, les feux des forêts, les inondations, les crimes odieux qui sont organisés pour faire peur et dominer. L’indifférence qui paralyse nos sociétés. Nous ne pouvons pas oublier les puissants lobbies de la haute finance déréglant sans scrupule l'économie mondiale. C’est une autre forme de tremblement de terre qui rend la vie de plus en plus difficile pour la majorité des populations. « Combler de biens les affamés »: on ne peut pas oublier les peuples affamés de pain, de liberté et d'espoir.
Marie nous montre un chemin qui est extraordinaire et qu’on ne peut pas trouver seul. Dans sa fragilité, dans tout ce qui lui était difficile à vivre, elle savait déceler l’amour d’un Dieu qui sait apprécier la grandeur de l’amour dans les choses les plus simples. Dieu est grand, non pas par la majesté de tout ce qu’on peut organiser pour l’honorer, mais parce qu’il prend soin et rejoint les plus petits dans le concret de leur existence. Il sait reconnaître en chacun l’amour qui l’anime. Car c’est lui-même qui y est présent. N’oublions pas que c’est la vie même de Dieu qui coule dans nos veines, parce que créé à l’image de Dieu. Au fil de la vie, nous sommes tellement marqués par la mentalité matérialiste de notre époque, qu’on ne sait plus voir les choses les plus simples.
Avec toute notre foi et notre confiance en Marie, continuons, nous aussi notre route. Dieu continue à nous donner des signes d’espérance.
Fêter l’Assomption de Marie, c’est se projeter vers l’avenir. Comme Marie, nous sommes tous appelés par le Père à partager ce bonheur sans fin.
Bonne Fête à toutes les Marie et Marie composée !
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