mercredi 18 novembre 2020

Le message du Père François

 Évangile de Jésus Christ selon St Matthieu 25 31–46

« En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siégera sur son trône de gloire. Toutes les nations seront rassemblées devant lui; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des boucs : il placera les brebis à sa droite, et les boucs à gauche. « Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : “Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde. Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi!” Alors les justes lui répondront : “Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu… ? tu avais donc faim, et nous t’avons nourri ? tu avais soif, et nous t’avons donné à boire ? tu étais un étranger, et nous t’avons accueilli ? tu étais nu, et nous t’avons habillé ? tu étais malade ou en prison… Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ?” Et le Roi leur répondra : “Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.” Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche : “Allez-vous-en loin de moi, vous les maudits, dans le feu éternel préparé pour le diable et ses anges. Car j’avais faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’avais soif, et vous ne m’avez pas donné à boire ; j’étais un étranger, et vous ne m’avez pas accueilli ; j’étais nu, et vous ne m’avez pas habillé ; j’étais malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité.” Alors ils répondront, eux aussi : “Seigneur, quand t’avons-nous vu avoir faim, avoir soif, être nu, étranger, malade ou en prison, sans nous mettre à ton service ?” Il leur répondra : “Amen, je vous le dis : chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait.” « Et ils s’en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes, à la vie éternelle. »


Il est facile d’aimer son ami, son frère,

Mais pussions-nous aimer avec la même qualité,

Le faible, l’opprimé,

L'orphelin, l’étranger.

En cette période de confinement, où un certain nombre de chrétiens manifestent pour la messe dominicale, il nous est bon de réentendre le message, certainement le plus important de tous les Evangiles, où le Christ s‘identifie à chacun de nous. Tout chrétien, devrait en être habité pour en faire le noyau central de sa vie. Qu’y a-t-il de si important dans ce passage de l’Evangile que nous venons d’entendre?
La première chose qui me frappe, il n’y aura qu'un seul critère de choix, de séparation entre les hommes au dernier jour : l'amour des "petits". Toutes nos divisions humaines, toutes ces barrières, ces murs que nous avons dressés entre nous seront d'un seul coup abolis. Il n'y aura plus de distinction entre catholiques, protestants, orthodoxes, juifs, musulmans, bouddhistes, ni même entre croyants et incroyants. Il n'y aura plus de distinctions entre hommes de droite ou hommes de gauche, entre riches et pauvres, entre noirs et blancs. Tout cela sera aboli. Nous ne serons pas jugés sur notre pratique religieuse, ni sur la qualité de notre foi, ni sur l'intensité de notre prière. Nous ne serons jugés que sur l'amour. Et même pas sur l'amour de Dieu : uniquement sur l'amour de nos frères en difficultés. « Laisse-là ton offrande et va d’abord te réconcilier avec ton frère » dit Jésus. Voilà bien une bonne nouvelle, qui concerne l'humanité entière. L'humanité ne peut être sauvée, libérée que par l'amour.
Vous le voyez : c'est un message qui dépasse largement le cadre d'une religion : c'est un message proprement universel.
C'est pourquoi, dans ce tableau que Jésus nous peint de l'humanité au dernier jour, il nous appelle à faire preuve d'initiative concrète. Il donne des exemples. Ces exemples sont ceux qu'il a choisis pour ses interlocuteurs d'il y a vingt siècles. Ils ne sont qu'une partie des exemples possibles. On pourrait continuer indéfiniment la liste, selon les situations diverses que connaissent les hommes de notre temps.
"J'ai eu faim", nous dit-il. Certes, il n'y a pas que des faims matérielles, mais il y a déjà celles-là. Quand on pense que cinquante millions d'enfants de moins de 5 ans meurent tous les ans par manque de nourriture. Que tant d’hommes vivent toute leur vie avec la faim au ventre ! Et non seulement dans le Tiers-Monde. Pensez, tout près de nous, à l'affluence de plus en plus grande des gens qui se pressent l'hiver aux "Restos du cœur"- à La soupe populaire - au Secours Catholique, et j‘en passe. C'est un problème grave. Mais il n'y a pas que les faims de nourriture. Il y a d'autres faims. La faim d'être aimé, d'être reconnu, d‘être respecté y compris dans les choix de vie. Le désir d'être considéré par les autres comme un homme et comme un frère. La faim de justice, la faim de paix, la faim de travail, pour tant de demandeurs d'emplois suite aux fermetures et licenciements annoncés en cette période difficile du Coronavirus. Combien de jeunes sont en recherche d’un appartement, d’un toit, d’être compris et appréciés. Ce sont les faims de nos contemporains. Allons-nous fermer nos yeux et nos oreilles ? "J'ai eu faim. Quand t’avons-nous donné à manger ? Chaque fois que vous l‘avez fait à l‘un de ces petits, c‘est à moi-même que vous l‘avez fait."
C’est dans ces gestes simples et quotidiens que nous avons à manifester tout notre amour et notre attention à autrui. Je crois que c'est cela l'essentiel qu'il faut nous redire sans cesse, surtout dans les moments de découragement, de crise : apprenons à aimer, tout près de nous, à commencer par la famille : savoir s’apprécier, trouver des paroles d’encouragement, des gestes de tendresse…Il en va de même sur nos lieux de travail, quartier, école, milieu hospitalier, dans nos organisations et associations : apprendre à vivre ensemble. Il n'y a rien d'insignifiant dans notre vie.
"Au soir de cette vie, nous dit Saint Jean de la Croix, tu seras examiné sur l'amour."

François prêtre retraité
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