samedi 19 mai 2018

Le message du Père François

 « En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Quand viendra le Défenseur, que je vous enverrai d’auprès du Père, lui, l’Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage en ma faveur. Et vous aussi, vous allez rendre témoignage, car vous êtes avec moi depuis le commencement. « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l’instant vous ne pouvez pas les porter. Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans la vérité tout entière. En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même : mais ce qu’il aura entendu, il le dira ; et ce qui va venir, il vous le fera connaître. Lui me glorifiera, car il recevra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. Tout ce que possède le Père est à moi ; voilà pourquoi je vous ai dit :
L’Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. »
Après l'Ascension de Jésus qui rejoint son Père, les disciples sont assidus à la prière. Et voici que l'Esprit Saint fait irruption dans la vie de ces premiers chrétiens, pour les transformer en témoins crédibles de l'Amour de Dieu. Les apôtres recherchaient la sécurité de la chambre haute, derrière des portes closes, par peur des Juifs. Mais l’Esprit Saint les obligea à sortir dans la rue. L’Esprit leur a donné le courage d’aller dans le monde et d’affronter les défis de la vie. Aujourd’hui aussi, la vie de l’Église, c’est d’être un signe vivant de l’Amour de Dieu pour notre monde.
La fête de la Pentecôte nous rappelle que l’Esprit de Dieu est répandu largement à tous ceux qui veulent bien l’accueillir. La Bible nous parle de ce même Esprit à l’œuvre, dès le début de la création. L’Esprit de Dieu planait sur les eaux. Il a fécondé la terre et la vie est sortie de l’eau. Grâce au souffle de l’Esprit, un homme nouveau surgit. Jésus nous garantit qu’après son départ, ce même Esprit du Père est toujours à l’œuvre. Mais malheureusement, cet Esprit fait peur à ceux qui ne comprennent pas son œuvre. Ceux-là même sont capables de massacrer ceux qui ne leur ressemblent pas. Ainsi, dimanche dernier, des chrétiens en Indonésie ont été tués pendant la messe. De même, le lundi dernier, à Jérusalem, haut lieu de tradition religieuse, l’installation de l’ambassade des USA, a été la cause de 53 morts et de 2400 blessés chez les Palestiniens, qui manifestaient leur désaccord.
La Pentecôte nous invite à accueillir aujourd’hui l’Esprit de Dieu. Cet Esprit nous donne le courage de vivre en chrétiens et nous demande de placer au cœur de notre monde, les valeurs de Vérité, de Justice, d’Amour et de Paix. L’Esprit de Pentecôte nous le recevons par le Baptême, la Confirmation et les autres sacrements. Chaque fois que nous mettons un peu plus de Vérité, de Justice, d’Amour et de Paix dans nos vies, c’est l’Esprit de Dieu qui est à l’œuvre. L’Esprit de Dieu est donné à chacun pour discerner le bien du mal. Alors pourquoi, les institutions et les organisations qui ont permis, tout au long de l’histoire, des progrès, des libertés, une confiance dans la vie et dans les personnes, sont remises en cause ? C’est comme si elles étaient responsables de toutes nos misères. Vivre seul, sans lien avec les autres, n’est pas possible, ça mène à la mort. Et personne ne peut se passer des autres. De même, on ne peut donner sa confiance à quelqu’un qui cache ses vraies intentions. En effet, quand on valorise les bonnes intentions en cachant les trafics, les combines, les dessous de table et les arrangements secrets, comment établir la confiance ? En agissant de cette façon, quel témoignage donnons-nous à nos jeunes ? Est-ce que nous valorisons la course à l’argent ou à la dignité de l’homme ? Comment se fait-il que malgré les progrès de la Justice, le fossé entre les riches et les pauvres ne cesse de s’agrandir ? De fait, tout est fait pour les riches qui savent se débrouiller par eux-mêmes, alors qu’on prive si facilement les indigents de leurs droits et de leurs voix.
Après la deuxième guerre mondiale, notre pays a trouvé des réponses à la pauvreté, à la destruction, grâce à la reconstruction, à la sécurité sociale et à la santé publique, à l’éducation nationale, et les droits à la retraite ? Tous ces acquis ont amené un mieux-être et un progrès inespéré pour toute la société. Et cela n’est pas le résultat du hasard, mais le résultat d’un travail en commun de tous les partenaires de la résistance, pendant la deuxième guerre mondiale ? Aujourd’hui, après ces temps d’espérance, on ne parle plus que de déficits, de dettes, de faillites, de fermetures d’usines et de menaces pour les nouvelles générations. L’évangile de Luc au chapitre 16, 13 redonne les paroles de Jésus : « Vous ne pouvez servir à la fois, Dieu et l’argent. » Et aujourd’hui tout est fait pour mettre l’argent à la place de Dieu. Et on se sert de Dieu pour justifier l’argent.
L’Esprit de la Pentecôte a travaillé le cœur de ceux qui se sont investis dans ce grand chantier d’après-guerre. L’Esprit de Pentecôte est toujours à l’œuvre aujourd’hui et nous interpelle. Il me semble que le spectacle des injustices qui scandalisent tant de nos concitoyens, est une mise à nu de la Vérité. On ne peut pas continuer à faire semblant et à s’en tenir aux conventions. Il est devenu urgent de refuser les compromissions avec le mensonge, le trucage et avec toutes les formes de mépris, sinon on est complice. Sachons repérer l’Esprit de Dieu qui attire notre attention sur toutes les complicités et qui nous met en garde contre les dangers qui nous guettent.
A la suite du Christ, il nous faut utiliser les moyens concrets que nous avons aujourd’hui pour que la Vérité éclate, que la Justice soit rendue aux fragilisés. La fraternité et la confiance sont le ciment du vivre ensemble. Chacun doit donner le meilleur de lui-même à l’autre. C’est à partir de ce que nous ferons que d’autres pourront reconnaître l’œuvre de l’Esprit Saint. Alors prions Dieu aujourd’hui, de nous éclairer sur notre façon de témoigner de son Amour pour tous les hommes.

François, prêtre retraité