mercredi 8 juin 2016

Le message du Père François

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Jésus est invité chez Simon le pharisien, comme chacun peut être invité chez des proches. Ce jour là, Simon avait invité un bon nombre de ses amis. C’était pour lui, l’occasion d’une belle rencontre et de s’entretenir avec Jésus sur bien des sujets. Les conversations étaient à peine engagées, lorsqu’une femme de la ville, en pleurs, vient se mettre aux pieds de Jésus.

Le pharisien et la pécheresse 

La plupart d’entre eux, connaissant sa renommée, étaient scandalisés. Le pharisien pensait que Jésus était suffisamment lucide pour voir qui le touchait. Alors Jésus, sans lui faire de reproche, l’interroge. Il lui demande son avis sur une remise de dette et l’amour qui en découle. Et Simon répond avec sagesse. Puisqu’il est capable de voir juste, Jésus lui rappelle gentiment les règles de l’hospitalité : laver et essuyer les pieds, embrasser et parfumer son invité. Il lui rappelle que cette femme a fait tout cela à sa place.  Puis s‘adressant à l’ensemble des invités, il rappelle que ses péchés sont pardonnés à cause de son grand amour. Jésus n’entre pas dans la discussion sur les péchés de cette femme.

L'Amour et le Pardon

Par contre, il rappelle que seul l’Amour peut entraîner le pardon. En concluant que celui à qui on pardonne peu, montre peu d’amour. Mais en disant à cette femme : « tes péchés sont pardonnés » il provoque    tollé et incompréhension des convives. 
Nous voilà en présence de deux personnes qui admirent Jésus et cherchent à mieux le connaître. Luc, l’évangéliste a voulu certainement provoquer les réactions de ses lecteurs, et les nôtres aussi aujourd’hui. D’un côté, cette femme de mauvaise renommée trouve grâce aux yeux de Jésus,  parce qu’elle a été retournée par son enseignement. D’autre part, ce pharisien exemplaire reste enfermé et prisonnier de son image. Autrement dit, suivre Jésus exige une forme de liberté capable de dépasser tous les préjugés et tous les tabous.

Arrêtons de râler

A l’image des invités, nous aussi nous pouvons nous contenter du « qu’en dira-t-on », des bienséances, des habitudes, alors que toutes les rencontres sont aussi des chances nouvelles, d’un nouveau départ, d’une meilleure compréhension. Trop souvent on se contente de rajouter du mécontentement à celui qui est mécontent, de la rogne à celui qui enrage, de la méfiance à celui qui ne veut rien partager. En ressassant les mécontentements qui nous ont marqués profondément, on ferme toutes issues qui pourraient nous aider à en sortir. C’est exactement le contraire de l’Evangile. 

L'importance du pardon

Jésus nous invite à entrer dans une nouvelle démarche qui donne priorité aux faibles, aux marginaux, aux exclus qui sont aussi nos frères. Le pardon est au cœur de cette démarche. Il concerne autant celui qui le donne que celui qui le reçoit. Dans le mot pardon, il y a le DON. Et le don est un vrai cadeau pour les deux . Le pardon fait place à l’amour qui est Esprit de Dieu en chacun. Aussi, le pardon ne peut pas se contenter de belles paroles, il se vérifie à l‘attention renouvelée et aux actes posés. Chacun peut mesurer les difficultés pour franchir des étapes nouvelles, dans la compréhension et dans la réconciliation.
Nous pensons aux Israéliens et Palestiniens qui entendent en permanence les pires horreurs les uns sur les autres. Et régulièrement des crimes et des attentats semblent confirmer l’impossibilité de s’entendre. Pourtant dans chaque camp, des voix s’élèvent pour  rappeler cette possibilité. Construire des ponts au lieu des murs ne peut être compris que par ceux qui cherchent des chemins de paix et de pardon.
Une nouvelle occasion, dans cette longue histoire d’affrontement entre Israël et Palestine, la conférence internationale, organisée par la France le 30 mai à Paris, a été bloquée par des gens qui ne veulent pas la paix. Et tout le monde en souffre.
            Si nous ne sommes pas animés par cette conviction, qu’il faut chercher des chemins nouveaux de Paix, rien de neuf ne pourra naître. D’où l’expression et l’admiration de Jésus à l’égard de cette femme : « Ta foi t’a sauvée. Va en paix ! » Cette même phrase n’est-elle pas destinée à nous tous aujourd’hui dans la mesure où nous entrons dans la même démarche.
François, prêtre retraité