Ils quittent un à un le paysPour s'en aller gagner leur vieLoin de la terre où ils sont nés
Depuis longtemps, ils en rêvaientDe la ville et de ses secretsDu formica et du ciné
Les vieux, ça n'était pas originalQuand ils s'essuyaient machinalD'un revers de manche, les lèvres
Mais ils savaient tous à proposTuer la caille ou le perdreauEt manger la tomme de chèvre
PourtantQue la montagne est belleComment peut-on s'imaginerEn voyant un vol d'hirondellesQue l'automne vient d'arriver?
Avec leurs mains dessus leurs têtesIls avaient monté des murettesJusqu'au sommet de la colline
Qu'importent les jours, les annéesIls avaient tous l'âme bien néeNoueuse comme un pied de vigne
Les vignes, elles courent dans la forêtLe vin ne sera plus tiréC'était une horrible piquette
Mais il faisait des centenairesÀ ne plus que savoir en faireS'il ne vous tournait pas la tête
PourtantQue la montagne est belleComment peut-on s'imaginerEn voyant un vol d'hirondellesQue l'automne vient d'arriver?
Deux chèvres et puis quelques moutonsUne année bonne et l'autre nonEt sans vacances, et sans sorties
Les filles veulent aller au balIl n'y a rien de plus normalQue de vouloir vivre sa vie
Leur vie, ils seront flics ou fonctionnairesDe quoi attendre sans s'en faireQue l'heure de la retraite sonne
Il faut savoir ce que l'on aimeEt rentrer dans son HLMManger du poulet aux hormones
PourtantQue la montagne est belleComment peut-on s'imaginerEn voyant un vol d'hirondellesQue l'automne vient d'arriver?