Ormersviller, comme la plupart des villages du Pays de Volmunster a été libéré le 16 mars 1945, mais avant les habitants ont été évacués en Charente, sont rentrés, puis ont été expulsés, réfugiés et sinistrés.
Libération de la Moselle
A partir de l'armistice du 8 mai 1945 tout le monde a aspiré à nouveau à tout reconstruire et à recommencer. Il y a eu des destructions, mais aussi de nombreuses blessures morales. Hélas, beaucoup de parents attendaient encore le retour de leurs fils enrôlés de force dans l'armée allemande. Cette attente et ne sachant pas où ils étaient a beaucoup fait souffrir les parents. Certains étaient prisonniers à Tambow en Russie, d'autres en Norvège, d'autres à Marseille et à la Flèche, et certains sont tombés. Les derniers prisonniers en Russie rentrent après 1950. A Ormersviller, 15 jeunes du village sont morts lors des combats. La famille Gross a perdu 4 fils et la famille Fischer 3. De plus, à Ormersviller trois ont été déportés, trois autres ont été des patriotes résistants à l'occupation et neuf ont refusé d'être incorporés de force.
Les blessures morales
Les blessures morales laissées par la Seconde Guerre mondiale ont été immenses. Durant cette guerre de nombreuses familles ont dû déménager à plusieurs reprises et de plus leurs fils dès 17 ans ont été des malgré-nous et leurs filles des malgré elles. De plus, les parents ont été obligés d'inscrire en 1940 leurs enfants à l'école allemande et en 1945 à l'école française. Ainsi plusieurs ne seront pas à même pour passer le certificat d'études, et d'autres ont dû arrêter leurs études secondaires. En raison de leur langue, ils ont été mal considérés par les Français de l'Intérieur, et du fait de leur origine, ils ont été méprisés et chicanés par les Allemands. Au fait c'est le fruit de l'histoire vécue quand les députés français ont voté en 1871 pour l'annexion de l'Alsace-Moselle à l'Allemagne. Il faut savoir que l'histoire ne se négocie pas, mais se respecte.
Le retour après cinq ans d'absence
Seules les familles dont la maison était habitable ont pu rentrer en 1945. D'abord, tout le monde est venu à bicyclette constater les dégâts et l'état de la maison abandonnée six ans auparavant. Le spectacle est désolant, pratiquement toutes les maisons sont plus au moins endommagées. Certains logeront d'abord dans la cave, avant d'avoir mis la maison hors d'eau.
Un retour avec de nombreuses déceptions
D'autres attendront la réfection du toit ou la construction des baraques que l'Etat a mis à la disposition des habitants sinistrés, dès novembre 1945. Au printemps 1946, le quartier des baraquements est installé de part et d'autre de la route de Volmunster à la sortie du village. D'un côté les habitations, de l'autre les étables et les hangars. Ces quatre grandes baraques ont abrité 15 familles et les prisonniers de guerre. Il n'y a ni électricité, ni eau courante. La vie a repris lentement dans des baraques et des abris de fortune.
Joseph Antoine Sprunck