vendredi 4 avril 2025

Le message du Père François

  

5° Dimanche de Carême « C » 06 04 25

Première Lecture : Isaïe 43 16–21

Deuxième Lecture : Philippiens 3 8–14

Évangile de Jésus Christ selon St Jean 8 1–11


 

« En ce temps-là, Jésus s’en alla au mont des Oliviers. Dès l’aurore, il retourna au Temple. Comme tout le peuple venait à lui, il s’assit et se mit à enseigner. Les scribes et les pharisiens lui amènent une femme qu’on avait surprise en situation d’adultère. Ils la mettent au milieu, et disent à Jésus : « Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère. Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, que dis-tu ? » Ils parlaient ainsi pour le mettre à l’épreuve, afin de pouvoir l’accuser. Mais Jésus s’était baissé et, du doigt, il écrivait sur la terre. Comme on persistait à l’interroger, il se redressa et leur dit : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. » Il se baissa de nouveau et il écrivait sur la terre. Eux, après avoir entendu cela, s’en allaient un par un, en commençant par les plus âgés. Jésus resta seul avec la femme toujours là au milieu. Il se redressa et lui demanda : « Femme, où sont-ils donc ? Personne ne t’a condamnée ? » Elle répondit : « Personne, Seigneur. » Et Jésus lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. »

 

Nous voilà invités à assister à un procès qui sort de l’ordinaire. Les scribes et les pharisiens s’adressent à Jésus comme Juge, pour pouvoir le condamner. Ne me dites pas que l’évangile, c’est du passé lointain. Hier comme aujourd’hui on cherche à éliminer tous ceux qui se mettent en travers du chemin de sa réussite, et la liste est longue dans tous les domaines : politique, organisations, associations, voire internationale…

 

Revenons à l’évangile de ce jour. Les scribes et les pharisiens veulent se débarrasser de Jésus par tous les moyens. Mais Jésus, à sa manière, retourne la situation. En les dévisageant, il s’adresse à tous ceux qui se contentent de coller des étiquettes sur le dos des autres. Les étiquettes ne manquent pas, et nous en connaissons une ribambelle comme : « Celui-là, c’est un fainéant ... Untel, c’est un coureur ... une grande gueule ... un escroc ... une prostituée …..un Rom…..». Or, n’oublions pas que toutes ces personnes ont aussi des qualités insoupçonnées.

 

Dans ce récit, nous avons à faire à une personne qui n’a pas de nom. Ceux qui la traînent devant Jésus parlent de la « femme adultère ». « Or, dans la loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, que dis-tu ? » Nous savons déjà que les rôles vont être inversés : scribes et pharisiens sont sûrs de pouvoir coincer Jésus, quelle que soit sa réponse. « Comme on persistait à l’interroger, il se redressa et leur dit : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. » Ainsi, Jésus s’adresse à la conscience de chacun. Avant de condamner, il faut commencer par se regarder soi-même et se poser la question : Qui suis-je pour juger et condamner quelqu’un ? C’est la même réponse que le pape François donne aux journalistes qui l’interrogeaient, dans l’avion, sur les homosexuels 

 

Les voilà donc : ils font comparaître, en ‘’Flagrant Délit d’Adultère’’, devant Jésus, celle qu’ils ont désignée comme leur victime. Jésus, c’est l’homme à abattre et, pour y arriver, ils vont utiliser cette femme-là. La précision est importante : cette femme ne les intéresse pas, ce n’est qu’une femme-objet. Ce qui leur importe, c’est de coincer Jésus dans le choix qu’ils lui imposent. Ou bien il vote l’impunité, et alors il s’oppose à la Loi et il se condamne lui-même à mort. Ou bien il souscrit à la sentence de lapidation, et alors il se contredit lui-même, et son message d’amour devient caduc. Leur démarche est tellement tordue qu’ils n’utilisent la loi que dans son aspect le plus macho ; au Livre du Lévitique 20, 10 il est écrit : « En cas d’adultère, ils seront mis à mort tous les deux, l’homme et la femme ». Dans l’évangile, on ne parle pas de l’homme. Ça va, on a compris, et ils se retirèrent les uns après les autres en commençant par les plus âgés. Quant à Jésus, il est désappointé devant ces réactions primaires qui ne laissent aucune place à ce qui est humain. La miséricorde n’a pas de place dans ce procès.

 

Le regard de Jésus est tourné vers son Père qui met toujours en valeur ce qu’il y a de plus beau et de plus grand dans l’humain, y compris dans la dignité abusée de la femme qui est là devant lui.  

 

Que de gâchis autour de nous où tant de personnes sont méprisées et réduites à n’être que des objets. Il suffit de penser à toutes ces victimes innocentes en Ukraine et Russie, bande de Gaza, Soudan, à tous ces otages décapités, ces milliers de migrants agglutinés aux barbelés et ceux qui pataugent dans la boue. Sans faire un étalage des misères du monde, que chacun regarde bien autour de lui avec un cœur compatissant. Car, il n’y a rien de plus beau et de plus dynamisant que d’être reconnu, aimé, respecté dans sa dignité d’homme et de femme. 

 

Que ce temps de carême nous aide à faire disparaître de nos horizons tous les classements, les étiquettes et les jugements tout faits, et reconnaître en chacun de nous un enfant de Dieu. On n’a jamais le droit d’utiliser la vie d’une personne pour ses intérêts personnels. Il s’agit d’une conversion à laquelle nous sommes tous appelés. Cette conversion doit nous amener à servir l’espérance et la liberté d’un chacun. Et ce sera aussi pour chacun l’occasion de repartir, comme la femme adultère, vers un avenir nouveau. Le temps des combines, des magouilles et des paradis fiscaux devrait se terminer pour faire place à la justice et à la dignité de chacun.

 

Prochaine homélie : PAQUES !

Avec la lecture de la passion du Christ en ce jour des Rameaux, il y a de quoi méditer et des remises en question à faire pour un mieux « VIVRE ENSEMBLE ! »

 

Prière universelle

 

1.- J’ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie, afin que tu vives, toi et ta postérité... Dit Dieu au livre du Deutéronome (30,19)

Devant les ruines et les morts de Birmanie, cette parole de Dieu interroge encore notre monde. Pour un profit économique, les bâtiments ont été, certainement, construits au moindre prix. Seigneur, donne-nous ton Esprit. Qu’il transforme nos cœurs et nous aide à choisir la vie pour tous et non pas le profit pour quelques-uns. Prions le Seigneur.

2.- Les décisions de la justice en France nous invitent à penser à notre position face à la justice.

Nous nous réjouissons quand un adversaire est condamné, et crions à l’injustice quand cette même condamnation nous touche.

Seigneur, donne-nous ton Esprit de justice et assez de sagesse pour discerner ce qui est juste de ce qui ne l’est pas. Que cette même sagesse nous éclaire dans nos jugements quotidiens sur nos frères et sœurs. Prions le Seigneur.

3.- « 

Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre ».

Seigneur, tu nous donnes ce temps de carême pour faire un retour sur nous-mêmes. Nous sommes souvent rapides pour accuser les autres. Donne-nous la lucidité sur nos péchés pour avoir un regard plus fraternel sur nos frères et sœurs. Prions le Seigneur.

François, Prêtre retraité