samedi 15 février 2025

Le message du Père François

 Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 6, 17-26

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 « En ce temps-là, Jésus descendit de la montagne avec les Douze et s’arrêta sur un terrain plat. Il y avait là un grand nombre de ses disciples, et une grande multitude de gens venus de toute la Judée, de Jérusalem, et du littoral de Tyr et de Sidon.

Et Jésus, levant les yeux sur ses disciples, déclara : « Heureux, vous les pauvres, car le royaume de Dieu est à vous. Heureux, vous qui avez faim maintenant, car vous serez rassasiés. Heureux, vous qui pleurez maintenant, car vous rirez. Heureux êtes-vous quand les hommes vous haïssent et vous excluent, quand ils insultent et  rejettent votre nom comme méprisable, à cause du Fils de l’homme. Ce jour-là, réjouissez-vous, tressaillez de joie, car alors votre récompense est grande dans le ciel ; c’est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les prophètes. Mais quel malheur pour vous, les riches, car vous avez votre consolation ! Quel malheur pour vous qui êtes repus maintenant, car vous aurez faim ! Quel malheur pour vous qui riez maintenant, car vous serez dans le deuil et vous pleurerez ! Quel malheur pour vous lorsque tous les hommes disent du bien de vous ! C’est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les faux prophètes. »

 

 

Nous sommes venus aujourd’hui avec nos motivations, nos soucis et nos espérances. Chacun est là avec des raisons  bien précises, mais aussi avec la vie d’aujourd’hui où nous cherchons des réponses à de multiples questions. Nous sommes là avec un désir de vivre plus, de vivre mieux. Effectivement, il y a en nous une attente d’espérance. En réponse à toutes nos questions, l’Eglise nous propose aujourd’hui la BONNE NOUVELLE, à savoir les Béatitudes.

 

Dans la première lecture, Jérémie emploie des mots très forts : "maudit" soit l'homme qui compte sur lui‑même en se détournant du Seigneur. Et en même temps, il dit : "béni" soit celui qui met sa confiance en Dieu. Le contexte dans lequel ces paroles ont été prononcées, permet de mieux comprendre la colère de Jérémie. 

Jérémie tire la conclusion : ceux qui suivent le Seigneur parviendront à la réalisation de son alliance, dans un cœur à cœur entre les hommes et leur Dieu. Par contre, c’est le rejet de l’autorité qui veut prendre la place de Dieu.

 

Quelques siècles plus tard, en Palestine, dominée par Rome, Jésus élève la voix et son message est tout aussi radical que celui de Jérémie. Il va à l'encontre de toute logique humaine : le bonheur serait d'être pauvre, affamé, triste, rejeté, insulté, méprisé... et le malheur serait d’être riche, heureux, notable ? Non, c’est une lecture abusive, qui a pour but de justifier l'injustice et l'exploitation des plus faibles.

Le Christ a passé sa vie à remettre debout, ceux dont la dignité était bafouée. C'est là que se trouve la clé des Béatitudes. Les petits, les humbles, ceux qui sont dans la peine ou la souffrance, les exclus de la société, eux ne sont pas  encombrés par leur réussite, leur pouvoir, leur richesse matérielle. De ce fait, ils sont en capacité d’accueillir  le message d’amour de Dieu dans leur coeur. Cet amour leur donnera la force de se mettre "en marche", de prendre leur destin en mains, pour arriver au bonheur dont parle le Christ.

 

Aujourd'hui, sans se tromper, on peut même dire, que rien n’a changé ou si peu. Et pourtant, l’histoire doit nous permettre de ne pas retomber dans les malheurs du passé. Malgré toutes les mises en garde de Jérémie, de Jésus et de tant d’autres prophètes de ce temps, la corruption, les trafics et les magouilles font toujours partie  de la condition humaine. Aujourd’hui, lorsque chacun est livré à lui-même, il ne cherche que ce qui l’arrange. C’est la tentation de tout homme, et vous savez où cela nous conduit. Dans une société aussi riche, comment se fait-il que les pauvres deviennent toujours de plus en plus  pauvres, et les riches de plus en plus riches ? C’est le résultat du laisser-faire et  de l’individualisme qui donne priorité à l’argent. 

 

Mais n’oublions pas, il nous arrive de faire partie de ces gens "heureux" dont parle Jésus. Quand notre joie de vivre dynamisme nos proches. Quand nous nous reconnais­sons assez "pauvres" pour nous enrichir des diffé­rences de ceux que nous côtoyons, ou de ceux que nous rencontrons lors de vacances. Quand nous avons faim de justice et que nous luttons pour qu'elle soit respectée, même si cela se fait au détri­ment de nos intérêts personnels. Quand nos enga­gements ou nos prises de positions contre toutes formes d’injustices et d’inégalités nous font rejeter par ceux que nous remettons en cause. Alors nous prenons le chemin des béatitudes.

 

La clé du bonheur véritable est à chercher sur les chemins des hommes d’aujourd’hui. C’est là où le Christ nous invite à être les vrais serviteurs de son Royaume.

 

 

PRIERE UNIVERSELLE

 

Il a fallu des siècles de mépris et de persécutions des Juifs pour qu’ils fondent l’État d’Israël ; au mépris des Palestiniens.

Seigneur, viens au secours de ces deux peuples qui n’en peuvent plus de haine mutuelle. Donne ton Esprit de sagesse à ceux qui essayent de trouver des chemins de paix. Que nous apprenions qu’il ne peut y avoir de paix sans respect de tous, ni sans justice. Prions le Seigneur.

 

« Si mon Royaume était de ce monde, mes gens auraient combattu pour que je ne sois pas livré » dit Jésus à Pilate.

Seigneur, au moment de mourir, tu nous dis que le Royaume de Dieu ne se construit pas sur le combat contre l’autre. Fais-nous souvenir de tes paroles au moment où chaque nation veut augmenter son armement. Aide-nous à ne pas fonder, sur la force, les relations internationales, comme les relations personnelles. Que ton règne vienne sur la terre comme au ciel. Prions le Seigneur.

 

« Heureux vous les pauvres, car le Royaume de Dieu est à vous » nous dit aujourd’hui l’Évangile.

Seigneur, tu nous as donné des mains, une intelligence et un cœur pour mettre à l’œuvre cette belle espérance. Donne-nous ton Esprit de sagesse. Que nous utilisions notre force, non pas contre les autres, mais pour participer à la création de ce monde de solidarité et de respect, chacun et chacune selon nos capacités, là où nous sommes. Prions le Seigneur.


François, prêtre retraité