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Cette richesse culturelle unique, la Moselle n’a pas su en profiter. Une victoire française en 1870 aurait peut-être mis fin à ce département bizarre, on ne le saura jamais. Car très curieusement, la défaite de Napoléon III, et les savants redécoupages du Traité de Francfort, loin de faire éclater la maison Moselle devenue allemande, l’ont seulement mise en hibernation pendant 48 ans. Une sorte de tension intérieure a maintenu l’unité du département et conservé malgré tout l’imprégnation française, même si l’éloignement culturel a signifié un rendez-vous raté avec les brillances de la Belle époque. C’était le prix à payer de la réalité linguistique. L’histoire de France, tout comme celles des autres nations, est truffée de mythes et de manipulations. Il faut savoir que dans la seconde moitié du XIXe siècle, toute la littérature scientifique publiée sur la Moselle par les linguistes émanait des chercheurs prussiens en pleine fièvre nationaliste. Avec, pour idée centrale, un concept dangereusement romantique de reconquête du territoire perdu. Il leur fallait absolument prouver que la frontière des langues datait de la première occupation germanique, d’où le rôle prêté à Clovis, qui était, ne l’oublions pas, l’un des leurs. Ainsi fut justifiée l’invasion de 1870.
J.G.