vendredi 30 août 2024

Les leçons de la nature.


 En passant  très souvent sur le site du moulin d’Eschviller, je suis toujours perplexe, quand je vois les saules têtards qui donnent une magnifique leçon de solidarité et d’entraide. Ils ont vécu la guerre de 1870,  de 14/18 et surtout celle  1939/1945, dont ils étaient témoins muets des bombardements de nombreux villages  du Bitcherland en février et mars 1945.  

Photo J.A.S.
Devant le moulin pousse un de ces saules  tricentenaires, qui continue à vivre malgré une grosse blessure reçue lors de la dernière guerre. Il est le témoin muet de toutes les batailles et invasions, depuis plus de trois siècles, il mériterait la légion d’honneur, mais hélas il était toujours du mauvais côté du front comme les malgré-nous d'Alsace et de Moselle.

Toujours en avant

Et pourtant, il continue à dresser ses branches au milieu desquels, par le biais de la fiente déposée par les oiseaux, la sciure restée après les différents étêtements, des graines ont poussé et ont donné naissance à un groseillier, un noisetier et un framboisier. Ce ne sont pas des plantes parasites, mais adventices. 
La récolte est effectuée chaque année par la gente volatile, qui probablement y a déposé les graines. Mais ce qui m’étonne le plus c’est le tronc à demi- mort d’un saule, ridé, crevassé d’où ont jailli un jeune bouleau et un églantier, dans l’explosion des promesses de la vie.

L'aide mutuelle

Ces deux rejetons bâtards  n’ont pas honte de soutirer leur nourriture de ce vieux tronc qui abrite des oiseaux et de nombreux petits mammifères qui y ont fait leur logis. Je ne sais pas par quelle magie, ils ont réussi à souder leurs jeunes artères aux vieux canaux. Le vieux saule s’est prêté aux jeunes arbustes en veillant à les nourrir et à les abreuver grâce à ses racines traçantes qui réussissent à pomper l’eau rare, mais pure dans le sol et le ruisseau, cela même pendant les étés secs et torrides. Tous  s’aident mutuellement, les jeunes grâce à leurs feuilles respirent, et l’ancien les nourrit généreusement de sa sève.

A chacun sa fonction

Les jeunes et l’ancien se font la courte échelle, le vieux en bas, croulant et chenu. Les jeunes, en haut, lui mettent les pieds sur la tête profitent  du soleil et de la lumière. Le cingle-plongeur, en se posant au faîte du jeune bouleau surveille le ruisseau. Il quittera rapidement son perchoir pour attraper rapidement un poisson dans l’eau  de la Schwalb.

Même processus

Actuellement dans notre société de consommation, il se produit exactement le même processus. Dans le bon vieux temps, tant décrié, beaucoup d’anciens n’avaient aucune retraite, et étaient à la charge des enfants. Mais actuellement, c’est juste l’inverse. Combien de parents et grands-parents doivent soutenir financièrement leurs jeunes enfants, souvent sans formation, qui dans cette terrible jungle humaine ont beaucoup de mal à se frayer un chemin pour trouver un travail ou une situation et gagner décemment leur vie.

Joseph Antoine Sprunck