En passant très souvent sur le site du moulin d’Eschviller, je suis toujours perplexe, quand je vois les saules têtards qui donnent une magnifique leçon de solidarité et d’entraide. Ils ont vécu la guerre de 1870, de 14/18 et surtout celle 1939/1945, dont ils étaient témoins muets des bombardements de nombreux villages du Bitcherland en février et mars 1945.
Ces deux rejetons bâtards n’ont pas honte de soutirer leur nourriture de ce vieux tronc qui abrite des oiseaux et de nombreux petits mammifères qui y ont fait leur logis. Je ne sais pas par quelle magie, ils ont réussi à souder leurs jeunes artères aux vieux canaux. Le vieux saule s’est prêté aux jeunes arbustes en veillant à les nourrir et à les abreuver grâce à ses racines traçantes qui réussissent à pomper l’eau rare, mais pure dans le sol et le ruisseau, cela même pendant les étés secs et torrides. Tous s’aident mutuellement, les jeunes grâce à leurs feuilles respirent, et l’ancien les nourrit généreusement de sa sève.
A chacun sa fonction
Les jeunes et l’ancien se font la courte échelle, le vieux en bas, croulant et chenu. Les jeunes, en haut, lui mettent les pieds sur la tête profitent du soleil et de la lumière. Le cingle-plongeur, en se posant au faîte du jeune bouleau surveille le ruisseau. Il quittera rapidement son perchoir pour attraper rapidement un poisson dans l’eau de la Schwalb.
Même processus
Actuellement dans notre société de consommation, il se produit exactement le même processus. Dans le bon vieux temps, tant décrié, beaucoup d’anciens n’avaient aucune retraite, et étaient à la charge des enfants. Mais actuellement, c’est juste l’inverse. Combien de parents et grands-parents doivent soutenir financièrement leurs jeunes enfants, souvent sans formation, qui dans cette terrible jungle humaine ont beaucoup de mal à se frayer un chemin pour trouver un travail ou une situation et gagner décemment leur vie.
Joseph Antoine Sprunck