lundi 30 octobre 2023

Le message de la Toussaint du Père François

  Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 5, 1- 12

« En ce temps-là, voyant les foules, Jésus gravit la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui. Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait. Il disait : « Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux. Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés. Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage. Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés. Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde. Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu. Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux. Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! »

 

Par la proclamation des Béatitudes, Jésus nous annonce une nouvelle extraordinaire, dans le contexte d’aujourd’hui, marqué particulièrement par la résurgence du Covid19 et l’escalade de la violence, manifestée par l’horreur qui a coûté la vie à de milliers d’innocents, que ce soit en Ukraine et Russie et actuellement en Israël et Palestine, et en d’autres pays. 

 

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Par neuf fois, l’évangéliste Matthieu utilise le mot « Heureux ». Il annonce que, non seulement le bonheur est possible, mais qu'il est déjà là, aujourd'hui, à la portée de chacun de ses auditeurs. Les béatitudes sont le fondement du message original de Jésus. Toutes ses interventions sur le bonheur s’enracinent dans notre vie quotidienne.                     

 

Ce projet de Jésus bouscule les façons de faire de son époque, mais aussi celles d’aujourd’hui. On utilise facilement l’évangile pour se rassurer, alors que la Bonne Nouvelle est annoncée pour libérer les consciences et, ainsi, participer au bonheur de tous. Or le bonheur, dont parle Jésus, est à vivre dans le concret de notre existence. Jésus a proposé de travailler au bonheur de tous, et on a fait de notre religion quelque chose de triste, d'ennuyeux, voir un repoussoir où les jeunes générations ont du mal à trouver leur place. C’est la principale motivation du Pape François dans son encyclique : « Fratelli tutti », quand il souhaite une religion basée essentiellement sur le respect, l’entraide, la fraternité, la miséricorde, la paix, ce sont là des attitudes humaines indispensables qui peuvent donner un goût divin à la vie humaine. Ce que Dieu vient nous annoncer par Jésus Christ, c'est le bonheur donné à l’Homme. 

 

Redécouvrons la richesse du verbe AIMER. Quand on aime, on ne peut pas faire seulement ce qui nous plaît ou ce qui nous arrange. Aimer a des exigences. Aimer, c’est être heureux ensemble du même amour, et cela se construit jour après jour. Tous les textes de cette fête de la Toussaint rayonnent de joie. Apprenons donc à accueillir cette joie, à en vivre et à la faire nôtre.                        

En cette fête de la Toussaint, nous fêtons tous les amoureux de la vie. De tous ceux et celles qui se sont laissés saisir par la Parole de Dieu et qui l’ont mise en pratique dans leur vie. Les Saints, les amis de Dieu? Ce sont aussi ceux qui ont marqué notre existence, qui nous ont laissé le témoignage d’une vie tournée vers l’amour, malgré leurs faiblesses, leurs fragilités et leurs hésitations. Il n’y a rien à idéaliser dans leur histoire. Nos aînés ont emprunté un chemin plein d’embûches, mais aussi d’espérance et de joie. Les saints et les saintes, sont nos frères et sœurs en humanité, croyants ou incroyants; ce sont des personnes qui ont permis à l'humanité de progresser vers plus de vie. Ils nous ont aidés à aimer et à nous mettre au service de cette vie.                                                                 

 

 

Pour notre temps, certaines béatitudes méritent un soin particulier. En voyant toutes les violences, les fermetures, les licenciements et toutes les bagarres organisées aujourd’hui par des ados qui donnent la mort de façon systématique, pour se défouler, sans se soucier des conséquences sur les blessés et leurs proches. Alors on peut mieux comprendre aujourd’hui l’appel de Jésus, disant : « Heureux les doux », ceux qui mettent un peu de liant et de douceur sur les blessures.                              

 Quand tant de personnes se trouvent impuissantes et réduites à rien, parce que les plus forts s’arrangent avec les lois, des travailleurs perdent leur emploi suite au trafic de ceux qui jouent avec la vie des autres. Alors on peut accueillir l’appel de Jésus, disant : « Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice ». 

 

« Heureux » ceux qui n’hésitent pas à prendre des risques, pour être vrais et droits, dans la défense des plus faibles.  Je pense à tous les bénévoles dans les associations : UNICEF, CCFD-Terre Solidaire, Restos du Cœur, Amnesty International, le Secours Populaire et tant d’autres si souvent dénigrés par les méfaits de quelques

profiteurs.                                            

 

Pour donner de l’actualité à cette belle fête de Tous les Saints, sachons mettre en valeur l’actualité qui nous touche, en lien avec les Béatitudes. Soutenons les élans de ceux qui sont fatigués. Redonnons le sourire à ceux qui pleurent, et n’abandonnons pas ceux qui se sentent seuls. Il est urgent de redonner à l’Amour sa grandeur, dans l’existence humaine.                                                                        

 En cette Eucharistie, Dieu se révèle à nous : faible, pauvre, sous les apparences d'un peu de pain. Mais Dieu se révèle aussi : nourriture, force pour continuer la route. Accueillons cette révélation de Dieu dans la pauvreté des signes qu'il nous donne: par le pain eucharistique et par la vie de nos frères les saints. Apprenons que le témoignage que nous avons à rendre, est aussi fait de gestes pauvres, les gestes quotidiens de l'amour, de l'amitié, de la solidarité.


François, prêtre retraité