mercredi 1 mars 2023

Le message du Père François

 Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 9, 28-36

 

« En ce temps-là, Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il gravit la montagne pour prier. Pendant qu’il priait, l’aspect de son visage devint autre, et son vêtement devint d’une blancheur éblouissante. Voici que deux hommes s’entretenaient avec lui : c’étaient Moïse et Élie, apparus dans la gloire. Ils parlaient de son départ qui allait s’accomplir à Jérusalem. Pierre et ses compagnons étaient accablés de sommeil ; mais, restant éveillés, ils virent la gloire de Jésus, et les deux hommes à ses côtés. Ces derniers s’éloignaient de lui, quand Pierre dit à Jésus : « Maître, il est bon que nous soyons ici ! Faisons trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. » Il ne savait pas ce qu’il disait. Pierre n’avait pas fini de parler, qu’une nuée survint et les couvrit de son ombre ; ils furent saisis de frayeur lorsqu’ils y pénétrèrent. Et, de la nuée, une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le ! » Et pendant que la voix se faisait entendre, il n’y avait plus que Jésus, seul. Les disciples gardèrent le silence et, en ces jours-là, ils ne rapportèrent à personne rien de ce qu’ils avaient vu. »

 




Ce récit de la Transfiguration va nous aider à mieux comprendre le cours de notre existence. Tout ce que nous vivons de bien et de difficile.

Nous connaissons des drames : la violence meurtrière chez certains de nos jeunes, les méfaits de la drogue, les guerres, les séismes, la faim…à cela s’ajoute la flambée des prix, la sécheresse….Si j’énumère quelques aspects très durs de la vie de nos contemporains, je ne veux pas être le journal parlé, mais souligner l’importance de redécouvrir des repères, des valeurs, de l’espérance pour donner sens à notre existence. Ce jeune de 16 ans qui a poignardé sa prof a mis en lumière le drame vécu par tant de jeunes. Les dernières données, en 2022, montrent une augmentation inquiétante de suicides chez les jeunes, particulièrement chez les filles.

 

Il faut croire que les apôtres connaissaient également des moments de lassitude, de découragement. Ils avaient perdu leur 1er enthousiasme.

Au fil des semaines et des mois, le succès remporté par leur maître, s’était petit à petit transformé en opposition et même en menaces directes de la part des grands prêtres de la religion. Jésus lui-même ne cessait de parler de souffrances, de croix, de mort… non seulement pour lui, mais aussi pour ceux qui le suivraient.

Eux qui s’étaient emballés dès les 1ers jours, ils avaient tout misé sur lui et ils étaient prêts à tout quitter pour le suivre. Ces mêmes apôtres éprouvent aujourd’hui des déceptions, des découragements, sans compter que le pire reste encore à venir !

Jésus prend Pierre, Jacques et Jean à part, pour une halte bienfaisante, et c’était plus que nécessaire.

 

Mais que s’est-il donc passé sur cette montagne ? Eux-mêmes ont retrouvé un souffle nouveau, Jésus leur demande de ne pas en parler avant son arrestation, sa mise à mort et sa résurrection. 

Ce temps passé avec Jésus sur le Mont Thabor a révélé une dimension nouvelle. Ils ont perçu en Jésus un nouveau visage illuminé devant lequel ils étaient bouche-bée. Du visage de Jésus, éprouvé et fatigué, jaillit une lumière. Ils apprécient cet éclair de beauté comme une force tranquille.

La présence de Moïse et de Elie situait et reliait la présence de Jésus à toute l’histoire du salut. 

Les 3 apôtres pétrifiés d’émotion et envahis de bonheur, découvrent leur maître comme le « Fils bien-aimé ». Ils ont alors envie d’arrêter le temps, de planter 3 tentes pour savourer ce moment d’extase et de bonheur, au goût de paradis.

 

Mais le réveil est rude, il leur faut redescendre pour retrouver la réalité qui les bouscule : les visages familiers, les paysages de terre, l’inquiétude de l’avenir, les nuages de menaces et de tristesse… bref, il leur faut redescendre dans la vallée.

Cependant, ces quelques minutes exceptionnelles resteront gravées dans leur mémoire, un bonheur intense, une certitude indéracinable ne les quitteront plus. La mort ne les tourmente plus. En eux, quelque chose a changé à tout jamais. 

 

Comme les apôtres gravissant la montagne, nous aussi, nous sommes confrontés à des moments d’inquiétude, de découragement, qui sont liés à l’existence. Mais il y a aussi le doute à l’égard du Dieu que Jésus Christ nous a révélé, et en qui nous avons mis toute notre confiance. Oui parfois, il nous déconcerte et il peut nous décevoir.

 

Heureusement, pour nous, comme pour Pierre, Jacques et Jean, il y a aussi des moments forts de découvertes et de rencontres. Des moments intenses de transfiguration ou un proche me montre subitement un autre visage.  Peut-être est-ce moi qui le vois avec un regard renouvelé ?  Ces moments sont presque des instants de paradis qui nous font redécouvrir dans ces liens, un tout autre visage de Dieu.

 

Mais n’oublions pas qu’après ces moments d’enthousiasme, la vie reprend ses droits. Dans ces instants de lumière à l’égard de Dieu, il nous faut revenir à la réalité du quotidien. Mais comme pour les apôtres, quelque-chose en nous peut changer et nous rendre assez forts pour quitter nos vieilles habitudes et mettre du neuf dans le quotidien de nos vies.

 

Le carême nous invite à sortir de nos retranchements, de nos sécurités, pour nous soucier de l’autre et des autres. Avoir un regard plus planétaire. Pour ce faire, le CCFD Terre Solidaire nous invite à réfléchir et à agir à partir du thème : « Pour tous ceux qui rêvent de se nourrir en paix ».

Pour ce temps du Car’Aime, je vous propose, entre autre, le « Petit traité de la Joie Intérieure » du pape François. " Dieu est joie ! " Cette phrase contient toute la révolution libératrice de l'Évangile et, au fond, de tout le christianisme : nous ne sommes pas au monde pour charger les autres de fardeaux plus lourds que ceux qu'ils portent déjà, mais pour partager avec eux un horizon nouveau, surprenant et beau. La vraie joie n'est pas un sentiment d'euphorie éphémère, elle naît de notre espérance, une espérance concrète que rien ni personne ne pourra nous enlever.

François, prêtre retraité