dimanche 19 février 2023

Message du Père François

 Évangile de Jésus Christ selon St Matthieu 4 1–11

 

« En ce temps-là, Jésus fut conduit au désert par l’Esprit pour être tenté par le diable. Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim. Le tentateur s’approcha et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des 

pains. »

Mais Jésus répondit : « Il est écrit : L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. » Alors le diable l’emmène à la Ville sainte, le place au sommet du Temple et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi des ordres à ses anges, et : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. » Jésus lui déclara : « Il est encore écrit : Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. » Le diable l’emmène encore sur une très haute montagne et lui montre tous les royaumes du monde et leur gloire. Il lui dit : « Tout cela, je te le donnerai, si, tombant à mes pieds, tu te prosternes devant moi. » Alors, Jésus lui dit : « Arrière, Satan ! car il est écrit : C’est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras, à lui seul tu rendras un culte. » Alors le diable le quitte. Et voici que des anges s’approchèrent, et ils le servaient. »


Du 26 février au 9 avril, l’Eglise nous propose un temps fort, de quarante jours, pour vérifier si notre manière de vivre est à l’image de notre vie chrétienne ! C’est le temps du CAREME : CAR’ AIME ! Les dimanches ne sont pas comptés comme carême, car ils nous rappellent le fondement de notre foi, qui est la résurrection du Christ au matin de Pâques. Tous les ans, l’Eglise mobilise les chrétiens durant un mois et demi de leur existence, pour faire le point sur leur enracinement dans la foi chrétienne. Pour ce faire, il est nécessaire de prendre du recul, de la distance par rapport à nos activités, nos habitudes, nos

encombrements  habituels. En somme, faire le ménage intérieur de notre être. 

 

Nous sommes à un tournant important de notre vie : économique, politique, sociétale et religieux. Les événements actuels : guerres, catastrophes, faim dans le monde, nos célébrations dominicales peu suivies…nous obligent à prendre du recul, un temps de « désert », pour vérifier les fondations de notre foi et notre présence à ce monde d’aujourd’hui. En effet, nous sommes embarqués par des événements, des choix, des occupations, au point de nous éloigner de l’essentiel, de perdre des repères et de troquer des valeurs sûres pour des bricoles. Sans s’en rendre compte, on peut remplacer Dieu par des idoles, et nous découvrir subitement : “nus et livrés à la mort”, comme le décrit le livre de la Genèse. 

 

Le temps du Carême est un temps d’alerte et d’éveil, à la façon dont on démarre une nouvelle journée, une nouvelle activité, une nouvelle étape dans sa vie. Le temps du carême n’est pas un temps morose, d’affliction et de tristesse mais un temps de réflexion, de renouvellement qui doit être un nouveau départ. Ainsi, trop longtemps on a présenté le carême comme un temps de restriction, d’ascèse, de mortification et de privations enfermées dans la peine et la souffrance. Certes, pour arriver à mettre en œuvre l’amour que Dieu nous propose, il y a des difficultés à surmonter. Cela demande des efforts, des dépassements, des exigences qui sont à inscrire dans la dynamique du projet. Bien sûr, il y a aussi des souffrances inévitables liées aux réalités concrètes de notre existence. 

 

Le Carême est aussi un temps d’espérance, car il doit nous conduire à la Résurrection de Pâques. Jésus commence par ses quarante jours au désert avant de se lancer dans sa vie publique. Il invite ses disciples à faire la même démarche, à repérer les chemins de la Bonne Nouvelle pour proposer l’Amour du Père, à des gens marqués par leur temps. Les trois tentations symbolisent les impasses de notre existence. La tentation de la richesse qui étouffe: « Ordonne que ces pierres deviennent des pains». La tentation de la séduction qui crée l'illusion: «Jette-toi du haut du Temple » et les foules éblouies crieront au prodige! La tentation de la domination qui rend esclave: « Tous les royaumes du monde, je te les donnerai si tu te prosternes pour m'adorer». L'or, l'ivresse du pouvoir arraché, c'est le royaume de l'apparence, c'est le scintillement des fausses lumières. Ce sont des pièges et des faux-semblants.

 

À quoi bon être rassasié, si le cœur devient sec et si l’indifférence s'installe ? « L’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ». A quoi bon la notoriété, si c'est pour faire miroiter des promesses trompeuses, des subterfuges illusoires, toucher les autres au niveau épidermique et dans ce qu'ils ont de plus superficiel ? A quoi bon la domination, si elle doit se payer de la perte de ma liberté, si je dois me retrouver ensuite en esclavage ? « Que sert à l'homme de gagner l'univers, s'il vient à perdre sa vie », si sa propre vie lui est volée ! 

 

Quarante jours nous sont offerts, pour comprendre que rien de durable ne se construit sur du sable et sur des promesses. Quarante jours, c’est une grâce pour vérifier ce qui fonde notre vie et notre mission, ce qui lui donne sens et force. Faisons le choix de rejoindre tous ceux qui sont déjà organisés. Organisés pour veiller aux droits de l’Homme. Organisés pour que chaque homme puisse vivre dignement jusqu’au soir de sa vie. Organisés pour écouter et accueillir la Parole de Dieu dans la vie d’aujourd’hui. Organisés pour prier et célébrer le Dieu d’Amour. Ne restons pas isolés. Dieu a envoyé Jésus, sa Parole Vivante parmi nous. Accueillons cette Parole et celle de nos frères pour construire la nôtre tout au long de ce CAR’AIME !

 

 

Message du pape François pour le Carême

Daté du 25 janvier 2023, Fête de la conversion de saint Paul, le message du pape François pour le Carême 2023 a été rendu public le 17 février, à quelques jours du Mercredi des Cendres. Une méditation dans laquelle il s’inspire de l’Évangile de la Transfiguration afin d’expliciter le sens de l’itinéraire ascétique du Carême, chemin qu’il met en parallèle avec celui du parcours synodal actuel. Pour le pape François, en effet, « le chemin ascétique du Carême, ainsi que le chemin synodal ont tous deux comme objectif une transfiguration, personnelle et ecclésiale ». Transformation qui, dans les deux cas, « trouve son modèle dans celle de Jésus et se réalise par la grâce de son mystère pascal ». Le pape François propose alors deux « sentiers » à suivre pour monter avec Jésus sur le mont Thabor et parvenir avec lui à destination.

Première indication claire, estime le pape François, « écouter Jésus » (« référence à l’impératif que le Père adresse aux disciples sur le Thabor, alors qu’ils contemplent Jésus transfiguré »). « Le Carême est un temps de grâce dans la mesure où nous nous mettons à l’écoute de celui qui parle », développe-t-il. Une Parole de Dieu qu’avant tout « l’Église nous offre dans la liturgie : ne la laissons pas tomber dans le vide ». Le pape François de relever un autre aspect, très important à ses yeux dans le processus synodal : « l’écoute du Christ passe aussi à travers l’écoute des frères et des sœurs dans l’Église, cette écoute réciproque qui est l’objectif principal durant certaines phases, mais qui, de toute façon, demeure toujours indispensable dans la méthode et dans le style d’une Église synodale ».

Le pape François de délivrer ensuite la seconde indication pour ce temps de Carême : « ne pas se réfugier dans une religiosité faite d’événements extraordinaires, d’expériences suggestives, par peur d’affronter la réalité avec ses efforts quotidiens, ses duretés et ses contradictions » (référence à Mt 17, 6-8, « les disciples tombèrent face contre terre et furent saisis d’une grande crainte. Jésus s’approcha, les toucha et leur dit : “Relevez-vous et soyez sans crainte” »). En effet, précise-t-il, « le Carême est orienté vers Pâques : la “retraite” n’est pas une fin en soi, mais elle nous prépare à vivre avec foi, espérance et amour, la passion et la croix, pour parvenir à la résurrection ». De même, explique-t-il, « le parcours synodal ne doit pas non plus nous faire croire que nous sommes arrivés quand Dieu nous donne la grâce de certaines expériences fortes de communion ».


François, prêtre retraité