vendredi 24 juin 2022

Le message du Père François

 Évangile de Jésus Christ selon St Luc 9 51–62

 

« Comme s’accomplissait le temps où il allait être enlevé au ciel, Jésus, le visage déterminé, prit la route de Jérusalem. Il envoya, en avant de lui, des messagers; ceux-ci se mirent en route et entrèrent dans un village de Samaritains pour préparer sa venue. Mais on refusa de le recevoir, parce qu’il se dirigeait vers Jérusalem. Voyant cela, les disciples Jacques et Jean dirent : « Seigneur, veux-tu que nous ordonnions qu’un feu tombe du ciel et les détruise? » Mais Jésus, se retournant, les réprimanda. Puis ils partirent pour un autre village. En cours de route, un homme dit à Jésus : « Je te suivrai partout où tu iras. » Jésus lui déclara : « Les renards ont des terriers, les oiseaux du ciel ont des nids; mais le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête. » Il dit à un autre : « Suis-moi. » L’homme répondit : « Seigneur, permets-moi d’aller d’abord enterrer mon père. » Mais Jésus répliqua : « Laisse les morts enterrer leurs morts. Toi, pars, et annonce le règne de Dieu. » Un autre encore lui dit : « Je te suivrai, Seigneur ; mais laisse-moi d’abord faire mes adieux aux gens de ma maison. » Jésus lui répondit : « Quiconque met la main à la charrue, puis regarde en arrière, n’est pas fait pour le royaume de Dieu. »


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L’évangile que nous venons d’entendre, nous dit que « Jésus prit résolument le chemin de Jérusalem ». Ce n’est pas un chemin touristique, ni un chemin d’évasion. Jésus prend le chemin qui va rendre manifeste, qu’il est bien l’envoyé du Père. Ce chemin passera par l’arrestation, la souffrance, la mort sur la croix et sa RESURRECTION au matin de Pâques.

 

Jésus sent que l’étau se resserre de plus en plus autour de lui et que l’autorité Juive en veut à sa vie. C’est bien avec courage qu’il opte pour aller jusqu’au bout de sa mission. Pour éviter les mauvaises surprises, les pièges de ceux qui lui en veulent, Jésus envoie ses disciples pour préparer son passage vers Jérusalem. Les Samaritains, ennemis héréditaires des Juifs, en restent à leurs rancunes historiques et refusent le passage vers Jérusalem. Les apôtres eux-mêmes sont pris au piège de la vengeance. Ils proposent d’utiliser tous les moyens pour forcer le passage, quitte à les réduire en cendres. Jésus la victime de la violence, refuse d’entrer dans ce cercle vicieux de la violence. 

 

L’évangile de ce jour, nous présente trois situations différentes qui doivent nous interpeller. Il s’agit de trois personnes qui veulent bien suivre Jésus, mais qui posent leurs conditions. Elles sont dans des situations particulières, comme nous le sommes tous. Pour ne pas se laisser enfermer dans ces situations, Jésus les invite à dépasser ces contingences pour les rendre plus libres. Au nom de son Père, Jésus propose à chacun, une démarche libre et responsable. Et cette démarche comporte des exigences : de pauvreté, de disponibilité et de persévérance. 

Répondre à l’appel du Christ, nécessite inévitablement un changement de vie pour être plus disponible à l’idéal proposé dans l’évangile. Ce que Jésus propose est hors des chemins battus. Il nous veut des hommes de l’espérance, tournés vers l’avenir, confiants dans la réalisation de sa promesse. Pour ce faire, il nous faut toujours quitter quelque chose, pour un bien supérieur, pour le service du peuple de Dieu.

 

Où en sommes-nous au début de ce XXI° siècle dans cette belle aventure?

Nos communautés chrétiennes ne sont-elles pas encore trop attachées à leurs positions, à leurs clochers, à leurs avoirs, tentées de structurer plutôt que d’inventer ?

Que de liturgies déconnectées du réel, que de retours en arrière en matière de catéchèse ou de morale. Et en attendant, nos Eglises se vident. Une des raisons, c’est que les réalités concrètes de notre existence ne sont plus assez animées par le Sel de l’Evangile. On se contente de paraphraser l’Evangile, en oubliant qu’il est fait pour révéler et transformer une dimension cachée de notre existence.

 

Soyons concret, nous arrivons au temps des vacances, temps de rencontres, de partages et de repos. Même si on reste à la maison ou si on ne va pas loin, Jésus nous invite à faire du neuf et à nous laisser interpeller par l’actualité. C’est dans notre vie réelle et concrète que doit grandir le Royaume de Dieu : « Il est déjà au milieu de vous ». 

 

Suivre Jésus, exige de nos Eglises, qu’elles acceptent contradictions, conflits, dépouillement. Si nous voulons une Eglise vivante, ouverte, accueillante, il nous faut consentir à partir, à nous arracher, à bouger et à rejoindre sur la route notre Dieu, celui que nous révèle Jésus-Christ. Un Dieu qui n’en finit pas de prendre nos chemins au point de s’identifier aux plus fragiles d’entre nous : « Ce que vous avez fait aux plus petits, c’est à moi que vous l’avez fait. » 

 

Dans cet esprit, le Pape François ne cesse de rappeler aux uns et aux autres: « qu’ils soient des pasteurs, proches des gens. Qu’ils soient aussi frères, doux, patients et miséricordieux. Qu’ils aiment la pauvreté intérieure comme extérieure…qu’ils n’aient pas une psychologie de princes. »

 

Aujourd’hui, où un certain nombre de futurs prêtres seront ordonnés, nous pouvons formuler des souhaits. Qu’ils aient le courage et l’audace de quitter quelque chose de leur sécurité, de leur « autorité » pour se mettre au service de l’annonce d’un Dieu accueillant, compréhensif, miséricordieux. Qu’ils soient des ambassadeurs d’un Dieu qui ne désespère jamais de l’homme et qui l’invite à le suivre sur le chemin de l’exigence évangélique. 


François prêtre retraité