mercredi 15 juin 2022

Le message du Père François

 Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (9, 11b-17)

 

« En ce temps-là, Jésus parlait aux foules du règne de Dieu, et guérissait ceux qui en avaient besoin. Le jour commençait à baisser. Alors les Douze s’approchèrent de lui et lui dirent : « Renvoie cette foule : qu’ils aillent dans les villages et les campagnes des environs afin d’y loger et de trouver des vivres; ici nous sommes dans un endroit désert. » Mais il leur dit : « Donnez-leur vous-mêmes à manger. » Ils répondirent : « Nous n’avons pas plus de cinq pains et deux poissons. À moins peut-être d’aller nous-mêmes acheter de la nourriture pour tout ce peuple. » Il y avait environ cinq mille hommes. Jésus dit à ses disciples : « Faites-les asseoir par groupes de cinquante environ. » Ils exécutèrent cette demande et firent asseoir tout le monde. Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction sur eux, les rompit et les donna à ses disciples pour qu’ils les distribuent à la foule. Ils mangèrent et ils furent tous rassasiés; puis on ramassa les morceaux qui leur restaient : cela faisait douze paniers »




 

La fête des Mères le 29 mai, aujourd’hui, fête des Pères, comme ces deux années de confinement nous ont certainement permis d’apprécier à nouveau le repas familial : sans portable, ni tablette, ni télé ! (Permettez-moi de rêver un peu !) Mais la joie de se retrouver en famille pour le partage du pain et de la parole.  Ce n’est pas seulement de partager la nourriture, mais aussi la Parole qui est aussi importante que le pain. Se nourrir ensemble, c’est donner et recevoir une part de présence humaine, c’est livrer et accueillir vie et joie. Rompre le pain avec des amis, c’est un jour de fête, c’est toujours un acte d’amitié.

Et quand des hommes et des femmes luttent pour que les uns ne puissent pas s’empiffrer pendant que d’autres n’ont que les miettes à ramasser ou se battent pour que tous aient une place à table, Dieu est là au milieu d’eux.  Ce n’est pas plus compliqué que ça !

Quand des femmes et des hommes se donnent corps et âmes et suent sang et eau au service des plus faibles et de tous les éclopés de la vie, Dieu est là au milieu d’eux. C’est aussi simple que ça !

 

C’est bien de cela qu’il s’agit lorsque nous célébrons aujourd’hui la fête du Corps et du Sang du Christ, fête de l’Eucharistie, le Christ a voulu se donner à nous dans le cadre d’un repas festif et sous le signe de la nourriture quotidienne pour toutes les générations. Le repas d’adieux auquel il a invité ses apôtres revêt pour lui une importance toute spéciale : « J’ai désiré ardemment manger cette Pâque avec vous avant de souffrir. » Luc 22,15.

Jésus décide, ce soir de la Cène - le repas pascal - de donner au partage de la nourriture et de la boisson, une signification nouvelle. Le pain et le vin qu’il offre à ses amis ne sont rien de moins que son corps et son sang, c’est-à-dire tout lui-même dans l’acte d’amour : « Il n’y a pas de plus grande preuve d’amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. » Jean 15.13

 

L'eucharistie est en crise dans notre monde occidental. Combien de fois n'avons‑nous pas entendu des personnes se présenter à nous: « M. le curé, nous n'allons pas souvent à la messe, nous n’y allons qu’aux grandes fêtes. Nous sommes cependant croyants, et nous voulons traduire l'amour de façon concrète, en nous mettant au service des autres ». D'autres : « M. l’Abbé, nous n'al­lons pas à la messe, nous préférons nous recueillir dans une église, en dehors des offices » 

Chez les plus jeunes, nous entendons un propos légèrement différent : « Je ne vais pas à la messe car je m'y ennuie, ça ne m’apporte rien ! ». Nous n'avons sans doute pas pris à coeur cet en­nui qui se développe au sein des assemblées et qui traverse plus particulièrement les jeu­nes. Il faut reconnaître que nos célébrations sont trop typées, figées, classiques, pas d’expressions libres.  Beaucoup d'enfants du catéchisme ne fréquentent pas l'eucharistie dominicale, faute d’être soutenus par leurs pa­rents ; après la première communion, nombreux sont ceux qui arrêtent de venir à la messe! Comment expliquer aux enfants et aux jeunes que la messe du dimanche, n’est pas une obligation, mais une démarche d’amour. Quand on aime quelqu’un, on ne se prive pas de le rencontrer dès que l’occasion se présente. C’est Jésus qui nous invite à sa table : « Venez à moi vous tous qui peinez et qui ployez sous le fardeau., et moi je vous soulagerai ».

 

L’Eucharistie nous rappelle que Jésus s’est fait le serviteur et que ses disciples ne sont pas des maîtres. Elle nous rappelle qu’au cœur de notre humanité désunie et déchirée, il nous faut devenir des ferments : des ferments de vraie liberté, d’espérance et de fraternité ouverte à tous. 

Puissions-nous tous et chacun faire fructifier, et non « garder prisonnier », ce que l’eucharistie nous donne de vivre ensemble. 

 

Oui, aujourd’hui Dieu est en fête, c’est dit-on la « fête Dieu ». Mais Dieu ne fait pas la fête tout seul, il n’y a « de fête Dieu » que si tous les hommes, sans exception, sont eux aussi en fête avec lui.  

 

Bonne Fête à tous les Pères !


François, prêtre retraité