Évangile de Jésus Christ selon St Jean 16 12–15
« En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l’instant vous ne pouvez pas les porter. Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans la vérité tout entière. En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même : mais ce qu’il aura entendu, il le dira; et ce qui va venir, il vous le fera connaître. Lui me glorifiera, car il recevra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. Tout ce que possède le Père est à moi; voilà pourquoi je vous ai dit : L’Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. »
Vous connaissez certainement l’icône de la Sainte Trinité du célèbre artiste Russe Andreï Roublev ?
Il nous montre les 3 personnes divines assises autour d’une même table, invitant l’homme à occuper la quatrième place. Sa peinture est devenue une Icône, c.à.d. une représentation qui a pour objectif d’aider à mieux comprendre, connaître et échanger avec d’autres les mystères et la grandeur de l’Amour de Dieu. On a besoin d’images de comparaisons pour mieux connaître et comprendre. Parler de Dieu Trinité : Père, Fils et Esprit Saint, ne va pas de soi. Pour respecter notre cheminement, la Bible présente Dieu créateur, le Fils sauveur et l’Esprit à l’œuvre dans le cœur des hommes de ce temps. Ces trois images veulent donner l’essentiel du cœur de Dieu : c’est cela qu’on appelle : AMOUR !
Ainsi, dès l’enfance, les 5 sens, qui nous permettent d’entrer en relation avec le monde des adultes et avec autrui, ont besoin d’être éveillés et éduqués. A la naissance, personne ne sait distinguer les couleurs, les sons, les goûts, les parfums et toutes les nuances du toucher. Et pourtant, c’est seulement par ces moyens que chacun entre en relation, grandit et s’ouvre aux merveilles et à la beauté des choses qui nous révèlent les signes de la présence de Dieu.
Ainsi, les amoureux, qui acceptent de faire des efforts pour aller plus loin dans leurs échanges et leurs engagements, s’émerveillent devant les possibilités toujours nouvelles qui se présentent à leur amour. La bible utilise souvent l’image du couple pour révéler la grandeur de l’Amour entre Dieu et l’humanité. Il y a bien sûr les réussites qui sont porteuses d’espérance. Mais il y a aussi les multiples limites et échecs dans l’existence de chacun. Notre monde a l’habitude de présenter le négatif comme un obstacle à éliminer. Or, la bible insiste sur la prise en compte de cette réalité. Si le mal existe, que faire pour que le bien puisse naître et grandir ? En effet, chaque être humain a des initiatives à prendre pour faire grandir la confiance, la justice et la solidarité.
Lors des célébrations pascales, le Pape François disait : « Nous ne pouvons pas devenir des chrétiens trop éduqués, qui parlent de théologie en prenant le thé. Nous devons devenir des chrétiens courageux, qui vont vers ceux qui sont la chair du Christ, les pauvres. » Dans ce même esprit, Mgr Kerimel, archevêque de Toulouse vient d’adresser une lettre aux séminaristes où il dresse le portrait-robot d’un prêtre, « identifié et reconnu par sa sainteté, son esprit de service et la qualité de sa relation pastorale avant tout ». Autrement dit, ce n’est pas la soutane ou le col romain qui fait le prêtre, mais « la charité pastorale » à vivre dès le séminaire. » Le Pape ne dénigre pas la théologie, ni Mgr Kerimel l’habit « correct » du prêtre, mais la façon de faire de certains qui s’érigent en « maître » avec tout ce qui en découle. Autrement dit, l’éducation des sens et de la vie est essentielle pour comprendre ce monde et le partager avec les autres, mais elle doit être au service des liens entre les gens. C’est pourquoi, un chrétien ne doit pas seulement avoir des idées justes, une tête bien remplie, il doit être courageux pour prendre sa part dans les combats pour la justice et le bonheur entre les gens. Cela s’appelle : AIMER ! C’est l’œuvre de l’Esprit de Dieu mêlé à notre existence.
Trop souvent, les pauvres sont regardés de haut avec beaucoup de mépris et d’indifférence. On construit même des murs pour les cacher à la vue des visiteurs. Alors que les infos se préoccupent surtout de la fragilité des bénéfices des banques. Mais cela ne change rien aux difficultés qui marquent le quotidien de ceux qui sont marginalisés et oubliés (derrière le mur). En isolant tous ces gens et ces peuples, on les fragilise encore plus. N’est-ce pas le contraire de la pratique de Jésus tout au long des Evangiles.
Enfin, souvenons-nous que dans sa célèbre icône de la Ste Trinité, le peintre russe Andreï Roublev nous montre les 3 personnes divines assises autour d’une même table, invitant l’homme à occuper la quatrième place. N’est-ce pas le mystère de notre eucharistie d’aujourd’hui où le Christ nous redit : « Si quelqu’un m’aime, mon Père l’aimera, nous viendrons chez lui et nous ferons chez lui notre demeure. »
François, prêtre retraité