jeudi 26 mai 2022

Le message du Père François

 Évangile de Jésus Christ selon St Jean 17 20–26

 

« En ce temps-là, les yeux levés au ciel, Jésus priait ainsi : « Père saint, je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là, mais encore pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi. Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes un : moi en eux, et toi en moi. Qu’ils deviennent ainsi parfaitement un, afin que le monde sache que tu m’as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m’as aimé. « Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, ils soient eux aussi avec moi, et qu’ils contemplent ma gloire, celle que tu m’as donnée parce que tu m’as aimé avant la fondation du monde. Père juste, le monde ne t’a pas connu, mais moi je t’ai connu, et ceux-ci ont reconnu que tu m’as envoyé. Je leur ai fait connaître ton nom, et je le ferai connaître, pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et que moi aussi, je sois en eux. »

 

 


Ce passage d’évangile que nous venons d’entendre, se situe à la veille de la mort de Jésus. Au moment où il se donne en nourriture à ses apôtres, il leur donne les clés de l’avenir, c’est son testament ! En s’adressant à son Père, Jésus livre ce qui lui tient particulièrement à cœur : c’est l’unité à laquelle, chacun d’entre nous doit travailler. Là, Jésus ne parle pas d’uniformité, mais que chacun, avec ce qu’il est, contribue au monde d’Amour que nous appelons le Royaume de Dieu. « Qu’ils soient tous un, comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi. »

 

Parler d’unité dans le contexte politique de notre monde, n’est pas gagné d’avance. Malgré tous les efforts d’échanges internationaux pour construire la paix, on assiste à des déchirements, à des oppositions systématiques, à des guerres, à des dictatures.

 

Après les deux guerres mondiales, Adenauer et Schuman ont été des artisans pour construire une paix durable en Europe. Et cette Europe est constituée aujourd’hui de 27 pays. Certes, il y a eu des progrès incontestables. Mais les tensions montrent qu’il reste bien des inégalités et des injustices à gérer, à débattre et à rectifier. Trop longtemps, on s’est contenté de l’aspect économique en négligeant les questions sociales. Or l’essentiel de la vie ensemble, c’est le devenir de l’Homme dans cette société. Construire cette Europe est un chemin ardu qui n’est jamais fini. Pour preuve, l’Angleterre, par référendum a quitté l’Union Européenne.  

 

Nous rêvons souvent d’une unité européenne facile, qui consisterait à rallier à nos idées ceux qui ne pensent pas comme nous. Mais, la véritable unité ne consiste pas à supprimer les idées, les coutumes, les options différentes, ça ne serait alors que l’uniformité. La cause principale de l’incompréhension mutuelle vient de ce raccourci autoritaire que veulent imposer tous les puissants.

 

Comme chrétien, nous devons reconnaître que toutes les religions chrétiennes font référence au même Christ et au même baptême, mais chacun campe sur ses positions, son éducation et sa façon de voir. Donc, rien ne peut progresser ni en religion ni en politique. Soulignons toutes les démarches du Pape François qui va à l’extérieur de l’Eglise pour rencontrer les gens sur leur terrain. A l’exemple du Christ, le pape François nous invite à aller, comme lui, « aux périphéries » à la rencontre de tous les blessés de la vie, ceux qui manquent de tout pour vivre dignement.

 

Si effectivement l’annonce de l’Evangile repose sur l’unité des disciples, cela veut dire que cet Evangile contient non seulement des idées mais bien plus un véritable projet de Vie. De quelle unité s’agit-il ? Jésus ne fait pas moins que de comparer l’unité souhaitée entre les hommes à celle qui est le fondement de sa propre relation à Dieu son Père.

Pourquoi faudrait-il que toutes les races, toutes les cultures perdent ce qui fait leur originalité donnée par Dieu, comme un élément de l’harmonie universelle ?

Pourquoi faudrait-il qu’un type de piété s’impose à ceux qui prient autrement ?

Vivre l’unité du Dieu Trinitaire de notre baptême doit se faire avec nos différences ? C’est une exigence de l’Evangile.

Nous cherchons à savoir quelles seraient les techniques, les meilleurs moyens pour que le monde croie, pour re-motiver la foi de nos jeunes et celle des adultes qui ont quitté l’Eglise sur la pointe des pieds. Ce sont là de bonnes questions ! 

 

Mais, l’évangélisation se fait d’abord par rayonnement, par contagion de la vie fraternelle. Comment donner envie à d’autres de suivre le chemin du Christ ? : « Voyez comme ils s’aiment » c’est ce qu’on disait de la 1ère communauté chrétienne.

« Voyez comme ils aiment et honorent leur maman » en ce jour de la fête de toutes les Mamans !

Puissions-nous en dire autant de nos communautés actuelles. « Voyez comme ils s’aiment » dans la construction d’un monde plus juste et plus fraternel. Ainsi, la foi serait bien plus qu’une utopie, mais un bonheur à vivre et à partager.


François, Prêtre retraité