mardi 17 mai 2022

Le message du Père François...

 Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 14, 23-29

PHOTO DR
 

« En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. Celui qui ne m’aime pas ne garde pas mes paroles. Or, la parole que vous entendez n’est pas de moi : elle est du Père, qui m’a envoyé. Je vous parle ainsi, tant que je demeure avec vous ; mais le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé. Vous avez entendu ce que je vous ai dit : Je m’en vais, et je reviens vers vous. Si vous m’aimiez, vous seriez dans la joie puisque je pars vers le Père, car le Père est plus grand que moi. Je vous ai dit ces choses maintenant, avant qu’elles n’arrivent; ainsi, lorsqu’elles arriveront, vous croirez. »

 

« Tous les soucis, les maladies, les échecs, les misères…vous ne devez pas trop vous en tracasser, ce n’est qu’un mauvais moment à passer. Encore un peu de patience et ça ira beaucoup mieux dans le paradis !».  Voilà un raisonnement qui a traversé les siècles et qui est encore bien présent dans la tête de beaucoup de   chrétiens. On a souvent reproché aux chrétiens de prendre la vie future comme un tranquillisant, une échappatoire. Comme si la vie ne commençait qu’après la mort, et que  le présent n’était rien !

 

Dans l’évangile, Jésus rappelle que «  le Royaume de Dieu est en construction perpétuelle, au milieu de nous. » Au moment de quitter les apôtres et leurs amis, il leur dit : « Je m’en vais mais je reviens vers vous ». Par-là, il signifie que notre vie d’aujourd’hui reste toujours très importante dans nos liens avec Jésus.  

Rappelez-vous aussi l’histoire des disciples d’Emmaüs. Jésus marche à côté des deux disciples non pas pour les accompagner dans leur fuite ou leur désertion, mais pour qu’ils soient en capacité de revenir à Jérusalem et de partager leur rencontre avec Jésus. C’est ainsi qu’ils vont témoigner de leur vécu et de leur amour en tant que témoin d’une rencontre merveilleuse, chemin faisant vers Emmaüs.

 

Il faut reconnaître qu’aujourd’hui, le matérialisme ambiant nous propose des moyens modernes qui ne servent qu’à fuir nos soucis et nos responsabilités. Le matérialisme ne nous fournit guère d’autres perspectives d’existence. Produire plus, consommer davantage, profiter au maximum… tout cela finit par obstruer complètement notre temps, ne nous laisse plus aucune occasion de relever la tête et de réfléchir. Quant à Dieu, on l’a relégué à l’arrière « boutique » comme une roue de secours, l’accusant même d’être à l’origine de nos misères.

 

Si certains ont tendance à oublier la terre pour espérer le ciel, d’autres profitent de la terre jusqu’à en oublier le ciel.

Or Jésus vient aujourd’hui nous aider à réduire cette tension et retrouver l’équilibre. Il nous promet son Esprit. Non pas quelqu’un qui nous déchargera de nos responsabilités, ni ne prendra les décisions à notre place mais qui sera un conseiller, un sage, un souffle qui nous réveillera, qui nous stimulera pour ne pas nous évader, mais pour nous mobiliser, et mettre en œuvre « tout ce que Jésus nous a dit. »

Or Jésus nous dit : « Si quelqu’un m’aime, mon Père et moi nous ferons chez lui notre demeure. »

 

Alors les hommes ont tenté de mettre la main sur Dieu et ont tout fait pour se l’accaparer. Certains ont déclaré : « c’est chez-nous qu’il habite » et ils l’ont enfermé prisonnier dans un tabernacle.

D’autres ont dit : « c’est chez nous qu’il demeure » et ils l’ont enfermé dans des définitions, des formules, des livres, des doctrines.

« C’est chez-nous », disent ceux qui font de la pratique religieuse leur credo. 

 

Mais n’a-t-on pas oublié l’essentiel, le début de la phrase de Jésus : « Si quelqu’un m’aime le Père et moi nous ferons chez lui notre demeure. »

« Si quelqu’un m’aime ! », c’est l’essentiel du Royaume.

Nous aurons beau faire, Dieu ne se laissera jamais enfermer, il reste libre, personne ne peut se l’accaparer ni affirmer qu’il le détient. 

Dieu reste nomade, un Dieu en mouvement, insaisissable mais qui laisse des traces de joie et de paix. 

Ce qui est certain c’est que là où l’amour est absent, même si c’est dans l’Eglise, dans nos communautés, Dieu y est absent.

Mais là où est l’amour, Dieu est toujours  vivant et y fait sa demeure.


François, prêtre retraité