mercredi 11 mai 2022

Le message du Père François

 Evangile Saint Jean (13, 31-33a. 34-35

 

« Au cours du dernier repas que Jésus prenait avec ses disciples, quand Judas fut sorti du cénacle, Jésus déclara : « Maintenant le Fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui. Si Dieu est glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera ; et il le glorifiera bientôt. Petits enfants, c’est pour peu de temps encore que je suis avec vous. Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. »




 

L’évangile de ce dimanche nous rappelle le grand commandement de l’Amour de Dieu et l’Amour du prochain. C’était ce soir du Jeudi saint, la dernière soirée de Jésus avec ses disciples, la veille de sa mort où Jésus, au cours d’un repas festif de la Pâque, se donne en nourriture : « Prenez et mangez, ceci est mon corps ». Repas festif oui, et en même temps dramatique :  il savait que Judas allait le vendre pour 30 pièces d’argent, que Pierre allait le renier 3 fois. Connaissant la faiblesse humaine, Jésus leur lègue son testament : « Aimez-vous les uns les autres COMME MOI je vous ai aimés ! »

 

Il l'a fait sous la forme d'un commandement, parce qu'il n'avait pas de biens matériels à leur léguer. Ce qui lui tenait le plus à cœur, c'était l'AMOUR. Ce qui fut la constante de sa propre vie, l'amour des gens. Il a voulu que cet Amour se perpétue après lui, grâce à tous ses disciples de tous les temps, vous,  moi aujourd'hui.                                                      

 Un commandement unique : « Aimez-vous les uns les autres. »                                                                                                  Jésus parle d'un commandement nouveau. Mais, en fait, ce commandement était-il si nouveau que cela ? On le trouve déjà formulé à plusieurs reprises dans l'Ancien Testament. Le livre du Lévitique, par exemple, dit : « N'aie aucune pensée de haine contre ton frère... Ne te venge pas, ne sois pas rancunier : c'est ainsi que tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Alors, quelle nouveauté dans le commandement de Jésus ? Pourquoi faire de l'amour un commandement. On aime, ou on n'aime pas. Rien de plus naturel, me semble-t-il. Il y a des gens qui sont aimables, et d'autres qui le sont moins, ou même pas du tout ! En quoi ce commandement est-il « nouveau » ? Simplement du fait qu'il s'agit d'aimer COMME Jésus. Il nous invite à avoir le même regard à l’égard des autres. Elle s'était manifestée, cette attention amicale, de multiples manières. Et d'abord par sa proximité vis-à-vis de ceux qui avaient le plus besoin d'amour : ceux qui étaient méprisés, humiliés, rejetés par « la bonne société », pécheurs, malades, voleurs, prostituées, femmes, enfants, mendiants ; en somme, les exclus de son temps. Tous ses gestes à leur égard visaient à les libérer. Tous ses gestes manifestaient sa volonté de les réintégrer dans une relation humaine authentique avec leurs semblables. Tous ses gestes voulaient leur permettre de retrouver leur dignité d'hommes et de femmes, de les faire tenir debout, de les remettre en route. Bien plus, son amour pour les hommes alla jusqu'à donner sa vie « pour la multitude ».                                                                                                                                                                      

L'appel que Jésus nous adresse aujourd'hui trouvera-t-il un écho en nous ? Il faut reconnaître que la réalité de la vie en société est diamétralement opposée à ce commandement de l'amour. On vit tous une âpre compétition, depuis le plus jeune âge, sur tous les plans, scolaire, professionnel, et le plus fort écrase le plus faible. Pour survivre, il faut être le plus fort, ou le plus malin, et ne pas hésiter à écraser le plus faible. Regardez ce qui motive la plupart de nos contemporains : une incroyable volonté de puissance, un appétit de pouvoir, un désir de possession, et même de possession de l'autre. Sur le plan individuel comme sur le plan des entreprises et des nations. Ah, si tous les belligérants de par le monde prenaient à cœur ce commandement, il n’y aurait plus de guerre ni de frontières, mais joie de se côtoyer dans la diversité des cultures et des religions. Il est bon de rêver, mais n’oublions pas que l’esprit du mal, « le Malin, » est à l’œuvre pour diviser, détruire, déstabiliser tous nos bons projets du vivre ensemble. 

 

Revenons à l’essentiel du testament laissé par Jésus.

Aimer, c'est payer de sa personne.  Aimer, c'est payer parfois de sa sueur et de son sang, de son honneur et de son amour‑propre. L'amour ne connaît pas le calcul. Seulement le don. « Aimez‑vous les uns les autres... » il y a deux mille ans que ces paroles ont été prononcées. « Aujourd'hui la voix qui parle se fait plus impérieuse: Aimez-vous ou vous périrez tous », disait Teilhard de Chardin. Vous voyez, on n'a même pas le choix! L'enjeu est de taille. Il est même vital. Essentiel. A nous de commencer pour ressembler au Maître, sa Parole est Vérité.



François, prêtre retraité