samedi 25 septembre 2021

Le message du ¨Père François

 Évangile de Jésus Christ selon Saint Marc : 9 38–43, 45, 47–48

« En ce temps-là, Jean, l’un des Douze, disait à Jésus : « Maître, nous avons vu quelqu’un expulser les démons en ton nom ; nous l’en avons empêché, car il n’est pas de ceux qui nous suivent. » Jésus répondit : « Ne l’en empêchez pas, car celui qui fait un miracle en mon nom ne peut pas, aussitôt après, mal parler de moi ; celui qui n’est pas contre nous est pour nous. Et celui qui vous donnera un verre d’eau au nom de votre appartenance au Christ, amen, je vous le dis, il ne restera pas sans récompense. « Celui qui est un scandale, une occasion de chute, pour un seul de ces petits qui croient en moi, mieux vaudrait pour lui qu’on lui attache au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu’on le jette à la mer. Et si ta main est pour toi une occasion de chute, coupe là. Mieux vaut pour toi entrer manchot dans la vie éternelle que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux mains, là où le feu ne s’éteint pas. Si ton pied est pour toi une occasion de chute, coupe le. Mieux vaut pour toi entrer estropié dans la vie éternelle que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux pieds. Si ton œil est pour toi une occasion de chute, arrache-le. Mieux vaut pour toi entrer borgne dans le royaume de Dieu que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux yeux, là où le ver ne meurt pas et où le feu ne s’éteint pas. »
Une fois de plus, la parole de Jésus rejoint bien notre actualité. Dans l’évangile d’aujourd’hui, St Jean nous relate un cas de fanatisme, d’intolérance, d’extrémisme. Essayons de comprendre, car la question du fanatisme nous concerne tous. Lors de son voyage au Liban il y a trois ans, le Pape François a mis en garde et a invité à dénoncer tous les fanatismes d’où qu’ils viennent. Il ne faut, en aucun cas, céder à la facilité de prétendre que le fanatisme n’anime que les autres. Personne n’est à l’abri.
Alors, de quoi s’agit-il ?
Les apôtres rencontrent, chemin faisant, quelqu’un qui chasse les esprits mauvais. Il vient de réaliser une action de bien. Il l’a fait même au nom du Christ. Pour eux, c’est scandaleux, car il ne fait pas partie de leur groupe. Donc il faut s’en méfier, c’est un concurrent. Aujourd’hui ça continue avec le foulard islamique, la kippa et tous les signes d’appartenance politique, sportive et religieuse. Décidément le sectarisme n’est pas mort. Et je peux témoigner de toutes les horreurs qui me sont adressées par internet. Là on ne fait pas dans la dentelle, pourvu qu’on puisse dénigrer, salir, rire et se moquer de ceux qu’on n’aime pas. Sommes-nous conscients que nous vivons dans le même monde et que nous pouvons être manipulés par ces courants de haine destructeurs ? C’est le contraire de l’Evangile.



Nous sommes à un tournant où les chrétiens, Catholiques et Protestants, Juifs et Musulmans, mais aussi tous les autres croyants et incroyants ont intérêt à se mobiliser et à se rassembler autour des grands projets et des besoins de la vie en société. Il y a des objectifs à atteindre qui sont les mêmes pour tous : l’avenir de la planète, l’éducation des enfants, le travail, la santé, les gens en fin de vie, l’accueil des étrangers….. Au lieu de se donner des coups bas, il y a un bien commun à soigner, à respecter et à mettre en valeur. Attelons-nous à cette noble tâche et à cette belle ambition. Pour cela, il est nécessaire de se respecter mutuellement.
Aux apôtres, qui voulaient avoir le monopole, Jésus répond : « Ne l’empêchez pas ». Par-là, il rappelle que chaque homme, chaque femme, avec son origine, doit être respecté. Je dois être capable d’accueillir ce qu’il dit et fait de bien, et de vrai.
L’Evangile nous invite à faire la vérité avec nous-mêmes. Quel esprit nous habite ? Quelles sont nos réactions à l’égard de tous ceux qui ne sont pas de notre bord : politique ou religieux, ceux qui ne pensent pas comme nous ? Sommes-nous capables de nous réjouir du bien qu’ils peuvent faire ; des réussites humaines et sociales qu’ils réalisent ? N’y a-t-il pas dans le monde actuel, quelque chose de pervers, de contradictoire, de tordu ? Tout le monde se déclare tolérant, y compris en Eglise – tout le monde parle comme si la fraternité était à portée de main. En réalité, tout est figé. Il y a un grand vide entre le dire et le faire ! Un grand fossé entre nos idées généreuses et ce que nous faisons réellement. C’est un péché d’orgueil que de prétendre être les meilleurs. Faire le bien, c’est la première tâche que Jésus nous demande. Lui-même s’est déclaré et s’est engagé comme serviteur. Jésus invite chacun à être un bon serviteur du bien commun.
Dans un monde de violence et d’impatience, la tolérance est d’autant plus précieuse. Si la tolérance est nécessaire, elle ne suffit pas. Il ne suffit pas de tolérer l’existence d’un voisin, l’existence d’une opinion différente de la mienne, encore faut-il que j’entre en contact avec l’autre. Il faut rechercher à travers un dialogue constant et assidu, des réponses aux défis de notre temps.
La rencontre entre cultures, forces et mouvements divers, fait grandir le respect et la compréhension. Alors l’Esprit de Dieu peut habiter en nous ! C’est un Esprit grand, large, intelligent aussi vaste que le monde. Cet Esprit souffle d’un bout du monde à l’autre. Il fait craquer notre esprit de chapelle et de clan.
Seigneur, donne-nous de devenir de vrais catholiques, c'est à dire des gens ouverts et accueillants à l’ensemble de l’humanité.

François, prêtre retraité