mercredi 21 juillet 2021

Le message du Père François

 Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 6,1-15

En ce temps-là, Jésus passa de l’autre côté de la mer de Galilée, le lac de Tibériade. Une grande foule le suivait, parce qu’elle avait vu les signes qu’il accomplissait sur les malades. Jésus gravit la montagne, et là, il était assis avec ses disciples. Or, la Pâque, la fête des Juifs, était proche. Jésus leva les yeux et vit qu’une foule nombreuse venait à lui. Il dit à Philippe : « Où pourrions-nous acheter du pain pour qu’ils aient à manger ? » Il disait cela pour le mettre à l’épreuve, car il savait bien, lui, ce qu’il allait faire. Philippe lui répondit: « Le salaire de deux cents journées ne suffirait pas pour que chacun reçoive un peu de pain. » Un de ses disciples, André, le frère de Simon-Pierre, lui dit: « Il y a là un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons, mais qu’est-ce que cela pour tant de monde! » Jésus dit: « Faites asseoir les gens. » Il y avait beaucoup d’herbe à cet endroit. Ils s’assirent donc, au nombre d’environ cinq mille hommes. Alors Jésus prit les pains et, après avoir rendu grâce, il les distribua aux convives; il leur donna aussi du poisson, autant qu’ils en voulaient. Quand ils eurent mangé à leur faim, il dit à ses disciples: « Rassemblez les morceaux en surplus, pour que rien ne se perde. » Ils les rassemblèrent, et ils remplirent douze paniers avec les morceaux des cinq pains d’orge, restés en surplus pour ceux qui prenaient cette nourriture. À la vue du signe que Jésus avait accompli, les gens disaient: « C’est vraiment lui le Prophète annoncé, celui qui vient dans le monde. » Mais Jésus savait qu’ils allaient l’enlever pour faire de lui leur roi; alors de nouveau il se retira dans la montagne, lui seul
"Jésus, levant les yeux, vit une grande foule qui venait à lui." Ce regard attentif et accueillant du Seigneur traduit sa tendresse compatissante. "Il savait, quant à lui, ce qu'il allait faire" a noté l'évangéliste Jean.

Il va réaliser ce pour quoi il est venu: être le Témoin de l'amour du Père pour l'humanité.
Tout au long de l’histoire, depuis Jésus, des hommes et des femmes ont consacré leur vie au service de ceux qui ont faim et soif de nourriture et de dignité.


Evoquons le souvenir de l’Abbé Pierre, de Coluche : les restos du cœur, sœur Térésa à Calcutta, sœur Emmanuelle avec les chiffonniers du Caire… ils ont donné de la gentillesse et de la générosité qui, non seulement nous émerveillent mais qui nous interpellent dans notre manière de vivre. En cela, ils rejoignent Jésus qui ne pense qu'à donner; en Lui, Dieu donne, Dieu se donne. "Comment, en son Fils, ne nous donnerait il pas tout?", écrivait Paul (Rm 8, 3z).
En tant que gamin, je me souviens, le dimanche après-midi, en famille, on allait se promener dans la forêt, et la maman avait du gâteau (parce que c’était dimanche) et de l’eau dans le panier, pour le 4h.
A partir de cet exemple on peut mieux comprendre ce qui s’est passé ce jour-là au bord du lac de Tibériade. Sans pour autant minimiser le miracle de la multiplication, je suis persuadé que Jésus, avant de multiplier les pains, il a commencé par multiplier les cœurs. Il invite chacun d’ouvrir son panier.
N’avons-nous pas fait cent fois cette expérience dans nos pique-niques et nos réunions conviviales. Quand la nourriture est mise en commun, personne n’en manque et il en reste. Si nous partagions à la grande table de l’humanité, il y aurait assurément du pain pour tous!
Le miracle a été concrètement possible parce que, par bonheur, un gamin se présente avec 5 pains et 2 poissons. - (Ration donnée à l’orphelin pour la semaine par le gouvernement) - geste de générosité qui caractérise souvent ceux qui ont peu. Geste merveilleux, Jésus reçoit de l’enfant le don du pain – ce « fruit de la terre, du travail, des efforts et des souffrances de l’homme » - et après avoir invoqué le Père et prononcé la bénédiction, il fait distribuer les 5 pains et les 2 poissons. Il y en a pour tous, et il en reste encore !
Aujourd'hui, Jésus Pain de Vie nous invite à sa table où il nous partage son Corps et son Sang. En ce dimanche, des millions de chrétiens comme nous vivent l'Eucharistie : cet "incroyable" Repas du Seigneur, le Mystère de la Foi : un Dieu qui se donne en nourriture pour nous arracher à l’égoïsme et nous ouvrir au partage. En tant que célébrant de l’eucharistie, devant un parterre de plus en plus clairsemé, je me demande de quelle faim nos chrétiens ont « soif » aujourd’hui ? Pourtant, on n’hésite pas à faire des kilomètres pour se retrouver entre amis, dans telle auberge ou tel restaurant.
Ne l’oublions pas, Dieu a besoin de nous, pour un grand travail. Au lieu de demander au Seigneur de donner du pain à ceux qui ont faim, prions-le de multiplier notre amour, notre générosité, notre sens du partage. Nous ne pouvons joindre nos mains pour une prière vraie qu’à la condition de les ouvrir pour partager ce que nous avons d’essentiel. Dieu aujourd’hui n’a pas d’autres mains pour agir, d’autres cœurs pour aimer que les nôtres.

François, prêtre retraité