mercredi 10 mars 2021

Le message du Père François

 Evangile de Jésus-Christ selon St Jean 3, 14-21

« En ce temps-là, Jésus disait à Nicodème : « De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle. Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. Celui qui croit en lui échappe au Jugement, celui qui ne croit pas est déjà jugé, du fait qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. Et le Jugement, le voici: la lumière est venue dans le monde, et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises. Celui qui fait le mal déteste la lumière : il ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient dénoncées; mais celui qui fait la vérité vient à la lumière, pour qu’il soit manifeste que ses œuvres ont été accomplies en union avec Dieu. »



Dans l’Evangile de ce jour, Jésus fait référence au serpent de bronze que Moïse a fait élever au désert. Il donne de l’actualité à ce symbole : le serpent peut être mortel, mais aussi source de guérison. Aussi, ce symbole est mis en valeur par les caducées qui signalent les pharmacies, les ambulances, les infirmiers, les médecins.
Revenons un instant à la situation des Hébreux au désert. Ils ont connu la fatigue et la faim lors de leur marche au désert, sans ombres, sans eaux, sans refuges. Comble de malheur, à toutes ces épreuves s’ajoutent les morsures mortelles des serpents. Ceux qui sont les plus faibles, sont les premières victimes. Il y a de quoi désespérer. Pour sauver son peuple, Moïse leur propose le salut de Dieu : « le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, et celui qui porte son regard sur ce symbole, sera sauvé ». Ce symbole n’a rien de magique, il rappelle, de la part de Dieu, qu’il faut regarder les difficultés en face et les prendre à bras le corps. C’est la meilleure façon de faire face à tous les dangers. Dieu n’a pas créé l’homme pour qu’il désespère, mais pour qu’il cherche et trouve ce qui ouvre l’avenir, ce qui est porteur d’espérance. Le remède n’est jamais de s’enfermer sur soi-même ou encore de se plaindre de son sort. C’est ensemble que nous avons à alerter, à sensibiliser et à chercher les remèdes les plus appropriés pour faire face à tout ce qui empoisonne notre existence. Pour ce faire, il faut s’arracher à la peur qui est toujours mauvaise conseillère. Bien souvent, la peur est utilisée par ceux qui veulent réorganiser la société. N’est-ce pas une façon de dominer et de diviser la population pour régner avec autorité ? Il importe de regarder plus haut, plus loin et plus large au lieu de rester paralysé par la difficulté.
Jésus se propose lui-même comme repère entre la vie et la mort, entre la lumière et les ténèbres. Suivre le Christ, dans la perspective d’une vie nouvelle, n’est pas sans difficultés. On n‘échappe pas aux épreuves, comme lui-même a connu la trahison, le reniement et la mort sur la croix. A l’image des Hébreux dans le désert qui regardaient le serpent de bronze, les chrétiens sont renouvelés et dynamisés lorsqu’ils regardent la force d’Amour du ressuscité qui est mort sur la croix : « Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime. » Donner sa vie, donner le meilleur de soi-même pour la « vie ensemble », c’est la seule façon de mettre en valeur les intérêts et les possibilités de chacun. Avoir des perspectives dans la vie, des repères, savoir où aller et ne pas tourner en rond, ce sont autant d’expressions qui disent le désarroi devant les urgences.
Le récent voyage du pape François en Irak, sur les lieux où a coulé le sang des martyrs, nous interpelle dans notre façon de vivre les uns avec les autres. Nous sommes tous enfants d’un même Père, et c’est ensemble que nous avons à chercher des chemins nouveaux, d’un monde nouveau qui est déjà en train de germer. Comme nous sommes pris par l’immédiat, on oublie l’essentiel, les perspectives, le but du voyage.
Le temps du carême, n’est pas fait pour les privations, encore nécessaires pour ceux qui vivent trop bien, mais pour s’astreindre à regarder où on va, et ce qu’on sert en vérité. Affrontés à des événements imprévus comme la pandémie, la mort, le chômage, le divorce, la perspective d’une vie meilleure nous paraît fermée. Malgré tous nos efforts, l’impuissance semble avoir le dernier mot. Détrempez-vous, à toutes nouvelles épreuves, il y a des solutions et des remèdes, non pas magiques, mais grâce aux efforts conjugués, la pandémie peut être maîtrisée aujourd’hui. Mais arrêtons les grands discours pleins de promesses ; le peuple n’en peut plus. Sommes-nous sourds à tous ces cris de désespoir des blessés de la vie qui ont besoin de soutien et de remèdes à leurs difficultés
Au-delà de tous ces drames, la peur ne fait que grandir et entraîne au repli sur soi. Il faut bien sûr apporter secours et soutien à ceux qui risquent de rester sur le « carreau », mais il est encore plus urgent d’éviter que se poursuive la cause de tous ces malheurs. Les trafics internationaux ne s’arrêtent pas avec des discours, c’est comme la gangrène, il y a des choses à couper pour que ça s’arrête. « Dieu a envoyé le Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé grâce à lui. » Ce carême prend une couleur particulière avec l’actualité, il est donc important de vivre cette mutation dans notre propre vie de chrétien. Si le Christ est ressuscité, on peut lui faire confiance, car il nous conduit sur le chemin de la VIE. Oui, portons notre regard sur le Christ Ressuscité, vainqueur de la mort et de tous les maux.

François, prêtre retraité