mercredi 11 novembre 2020

Le message du Père François


Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 25, 14-30
« En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples cette parabole : « C’est comme un homme qui partait en voyage : il appela ses serviteurs et leur confia ses biens. À l’un il remit une somme de cinq talents, à un autre deux talents, au troisième un seul talent, à chacun selon ses capacités. Puis il partit. « Aussitôt, celui qui avait reçu les cinq talents s’en alla pour les faire valoir et en gagna cinq autres. De même, celui qui avait reçu deux talents en gagna deux autres. Mais celui qui n’en avait reçu qu’un alla creuser la terre et cacha l’argent de son maître.
Reprise de la lecture brève
« Longtemps après, le maître de ces serviteurs revint et il leur demanda des comptes. Celui qui avait reçu cinq talents s’approcha, présenta cinq autres talents et dit : “Seigneur, tu m’as confié cinq talents ; voilà, j’en ai gagné cinq autres.” Son maître lui déclara : “Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur.”
« Celui qui avait reçu deux talents s’approcha aussi et dit : “Seigneur, tu m’as confié deux talents ; voilà, j’en ai gagné deux autres.” Son maître lui déclara : “Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beau¬coup ; entre dans la joie de ton seigneur.”
« Celui qui avait reçu un seul talent s’approcha aussi et dit : “Seigneur, je savais que tu es un homme dur : tu moissonnes là où tu n’as pas semé, tu ramasses là où tu n’as pas répandu le grain. J’ai eu peur, et je suis allé cacher ton talent dans la terre. Le voici. Tu as ce qui t’appartient.” Son maître lui répliqua : “Serviteur mauvais et paresseux, tu savais que je moissonne là où je n’ai pas semé, que je ramasse le grain là où je ne l’ai pas répandu. Alors, il fallait placer mon argent à la banque ; et, à mon retour, je l’aurais retrouvé avec les intérêts. Enlevez-lui donc son talent et donnez-le à celui qui en a dix. À celui qui a, on donnera encore, et il sera dans l’abondance ; mais celui qui n’a rien se verra enlever même ce qu’il a. Quant à ce serviteur bon à rien, jetez-le dans les ténèbres extérieures ; là, il y aura des pleurs et des grincements de dents !” »



Un homme part en voyage. Cet homme est l’image de Dieu qui se retire afin de permettre à l’Homme de créer sa vie et de cultiver le monde comme un potager. En partant, Dieu n’abandonne pas l’humain à son triste sort, il lui confie ses biens, c’est-à-dire son Esprit, sa Vie. Dieu demande aux hommes de dominer et de soumettre la terre. Genèse 1.28
Autrement dit, en se retirant, Dieu responsabilise les hommes et leur confie une participation essentielle à la création du monde. Chaque homme est différent car il a reçu une part d’être différente. Nous disions donc que Dieu part, se retire, autrement dit, il cesse d’être le Dieu garantie, protection, celui qui décide tout, et tout seul. Il ne fait rien sans la participation de l’Homme. A l’offertoire de la messe, lorsque le prêtre rajoute une goutte d’eau au vin : « Comme cette eau se mêle au vin pour le sacrement de l’Alliance, puissions-nous être unis à la divinité de Celui qui a pris notre humanité », c’est le symbole de la participation de l’Homme à l’œuvre de Dieu.
Par la parabole des talents, Jésus met en valeur les capacités de chaque être humain. Et chacun doit mettre au service de la communauté ses talents, ses dons, pour le progrès qui doit servir à l’épanouissement et au bonheur des plus fragilisés d’entre nous. Jésus invite à être particulièrement attentif aux cris des hommes de ce temps. Il y a près de 8 milliards d’habitants sur la planète, et beaucoup parmi eux se trouvent dans des situations sans perspectives : misères, guerres, maladies, tremblements de terre, incendies, inondations, exodes…. Or les initiatives des hommes doivent d’abord être au service des besoins essentiels de l’humanité.
Dans les différentes démarches, discours et interventions des pouvoirs du monde, l’argent est la première préoccupation, car chacun cherche à être le plus fort, le dominant. Cette même préoccupation animait les Hébreux perdus dans le désert Ils remplacent Dieu par le veau d’or. De même aujourd’hui, l’argent est devenu le maître, le tout-puissant, au lieu d’être le serviteur des relations humaines.
De tout temps les apparences, ce qui brille et paraît avoir de la valeur, attirent, obnubilent, accaparent l’attention et mobilise les efforts des hommes. Or Jésus rappelle que la vraie richesse, c’est la qualité de nos relations humaines ?
Aujourd’hui, pour sa journée nationale, le Pape François invite à tendre la main aux démunis. « La pauvreté prend toujours des visages différents qui demandent une attention à chaque condition particulière: dans chacune d’elles, nous pouvons rencontrer le Seigneur Jésus qui a révélé sa présence dans ses frères les plus faibles (cf. Mt 25, 40)»
Lutter contre la misère devrait être une priorité politique et en particulier pour tout chrétien. Dans ce domaine, les bons sentiments et les belles paroles ne suffisent plus. Il faut s’attaquer à la racine du mal. On ne met pas un sparadrap sur une jambe de bois. Il s’agit de défendre des droits : droit à la santé, droit au travail y compris pour les handicapés, droit à une formation, droit au logement. Ce sont des droits civils qui doivent être portés par la société toute entière. Et chaque chrétien doit se sentir concerné pour agir dans ce sens. Il en va effectivement de la visibilité de l’Eglise. Chrétiens, nous devons redécouvrir la pertinence de l’Evangile. D’un bout à l’autre de l’Evangile, nous voyons un Christ qui « retrousse » ses manches pour aller au-devant des malades, des handicapés et de tous les exclus de la société. Pour Jésus, il y a une cohérence entre ses gestes et ses paroles.
L’évangile de ce jour rappelle avec force que Dieu donne à tout homme des « talents », des qualités, des capacités. Il nous faut les déceler, les développer et les mettre au service des autres. Ainsi, ils porteront des fruits en abondance.
Le cri d’alarme des associations qui prennent en compte la misère des gens et des peuples ne doit pas servir de prétexte à une mauvaise conscience. Ce cri manifeste l’urgence de mobiliser toutes nos capacités humaines pour faire place à chacun. Il s’agit de vivre la SOLIDARITE. La Solidarité est un moteur essentiel pour notre vie humaine et chrétienne. Elle est aussi importante que la vie elle-même. C’est bien là, la Bonne Nouvelle annoncée par Jésus.

François, prêtre retraité