mardi 16 juin 2020

Le message du Père François

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (10, 26‑33)
« En ce temps-là, Jésus disait à ses Apôtres : « Ne craignez pas les hommes ; rien n’est voilé qui ne sera dévoilé, rien n’est caché qui ne sera connu. Ce que je vous dis dans les ténèbres, dites-le en pleine lumière ; ce que vous entendez au creux de l’oreille, proclamez-le sur les toits. Ne craignez pas ceux qui tuent le corps sans pouvoir tuer l’âme ; craignez plutôt celui qui peut faire périr dans la géhenne l’âme aussi bien que le corps. Deux moineaux ne sont-ils pas vendus pour un sou ? Or, pas un seul ne tombe à terre sans que votre Père le veuille. Quant à vous, même les cheveux de votre tête sont tous comptés. Soyez donc sans crainte : vous valez bien plus qu’une multitude de moineaux. « Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes, moi aussi je me déclarerai pour lui devant mon Père qui est aux cieux. Mais celui qui me reniera devant les hommes, moi aussi je le renierai devant mon Père qui est aux cieux. »



Matthieu écrit son évangile 50 ans après la mort et la résurrection de Jésus, aux environs de l’an 80. Aux premières communautés chrétiennes durement éprouvées par les persécutions : l’apôtre Jacques, 1er évêque de Jérusalem décapité, Pierre et Jean en prison, le diacre Etienne lapidé, des chrétiens obligés de fuir devant les persécutions….nous comprenons mieux à présent la première phrase de l’évangile : « Ne craignez pas ». C’est à ces chrétiens que Matthieu adresse les paroles de Jésus, telles qu’il les a entendues : « Ne craignez pas les hommes…Ne craignez pas ceux qui tuent le corps… »
Au fait, est-ce que Jésus a eu peur ?
Il n’a jamais eu peur d’affronter et de remettre en question l’autorité religieuse de son temps. Il faut reconnaître son courage de guérir des malades un jour de sabbat. Ce n’était pas seulement du courage, mais une conviction profonde de manifester à tous ces responsables religieux que son esprit d’amour et de miséricorde prévalaient avant tous les préceptes de la loi juive. Il interpelle les Pharisiens sur leurs règles de purification, leur disant que l'essentiel, aux yeux de Dieu, c'est la pureté intérieure du coeur et des sentiments. Il va au-devant des lépreux pour les guérir et les réintégrer dans la société, montrant ainsi que tout homme, si misérable soit-il, a droit à notre attention et à notre respect. Il fréquente les gens les plus pauvres, les plus méprisés, publicains et pécheurs, et s'en va manger avec eux, disant qu'il n'est pas venu pour les justes, mais pour les pécheurs. Il pardonne les péchés d'un paralytique avant de le guérir, dévoilant ainsi sa mission de sauveur. Il n'a pas peur de dénoncer ouvertement l'hypocrisie des scribes et des pharisiens qui prétendent réglementer étroitement la vie religieuse des gens tout en sauvegardant leurs privilèges et leurs conforts.
En agissant ainsi, Jésus sait qu'il se met à dos les responsables de son temps, mais il n'a pas peur : la fidélité à sa mission passe avant tout. Et surtout, il n'a pas peur, durant sa passion, d'affirmer clairement sa divinité devant ses juges qui lui demandent : « Es-tu le messie, le Fils de Dieu ? » Et sa réponse va le condamner à mort. Non, Jésus n'a pas eu peur d'être fidèle jusqu'au bout à sa mission.
Est-ce que le pape François a peur ?
Dans son discours annuel de vœux aux membres de la curie romaine le 23 décembre 2014, il évoque leurs 15 péchés, notamment "l’Alzheimer spirituel » qui menace le haut clergé, les rivalités, les calomnies, les ragots… « Un cardinal entre dans l'Église de Rome, pas dans une cour. » Comme Jésus incompris, vous comprenez que le pape s’est mis à dos certains cardinaux qui ne l’ont pas ménagé ! « Là où il y a de l’homme, il y a de l’hommerie ! » "Wo Menschen sind, da menschel's" !
Est-ce que Jésus a eu peur ?

Comme tout Homme, Jésus a connu la peur au jardin des oliviers à Gethsémani. Là, on le voit accablé de tristesse, de peur et d’angoisse. Jésus a peur de la souffrance et de la mort. « Père, s’il est possible que ce calice passe loin de moi ».
Et moi, et toi, et nous, sommes-nous habités par la peur ?
Il est normal que nous ayons peur de la souffrance et de la mort, même si nous croyons que Dieu est avec nous et qu'il ne nous abandonnera jamais.
Mais quand il est question de l'essentiel de notre mission de chrétiens, mettre en application les béatitudes, alors peut naître une peur d’être mal vu, d’être critiqué, d’être rejeté, d’être persécuté comme beaucoup de chrétiens de par le monde. C’est dans ces moments d’angoisse que je me rappelle les paroles de Jésus qui nous dit clairement : « N'ayez pas peur d'être fidèles jusqu'au bout. Vous serez persécutés peut-être, ne vous en étonnez pas, n'ayez pas peur ! On vous contredira, on dira toute sorte de mal contre vous à cause de moi, gardez confiance, n'ayez pas peur »
N’ayons pas peur de nous poser les bonnes questions : qu’en est-il aujourd’hui des valeurs comme l’honneur, la solidarité, la citoyenneté, le bien commun, les droits de l’homme…. ?
Dans quel état se trouve aujourd’hui notre conscience, notre âme ? Comment luttons-nous contre tous ces fléaux qui dégradent la personne humaine ? Oserons-nous, OSER ?
Sachons encourager et nous réjouir de voir tous ceux qui mettent leur force, leur dynamisme, leur joie de vivre, leur foi en Dieu, au service des autres, dans la société et dans l’Eglise
François, prêtre retraité


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