vendredi 6 septembre 2019

Le message du Père François

Evangile de Jésus Christ selon saint Luc 14, 25-33
« En ce temps-là, de grandes foules faisaient route avec Jésus ; il se retourna et leur dit : « Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple. Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher à ma suite ne peut pas être mon disciple. « Quel est celui d’entre vous qui, voulant bâtir une tour, ne commence par s’asseoir pour calculer la dépense et voir s’il a de quoi aller jusqu’au bout ? Car, si jamais il pose les fondations et n’est pas capable d’achever, tous ceux qui le verront vont se moquer de lui : “Voilà un homme qui a commencé à bâtir et n’a pas été capable d’achever !” Et quel est le roi qui, partant en guerre contre un autre roi, ne commence par s’asseoir pour voir s’il peut, avec dix mille hommes, affronter l’autre qui marche contre lui avec vingt mille ? S’il ne le peut pas, il envoie, pendant que l’autre est encore loin, une délégation pour demander les conditions de paix. « Ainsi donc, celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple. »
« L’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme ».
C’est une parole que beaucoup de jeunes mariés choisissent pour leur mariage, car c’est une vérité fondamentale. Ce n’est pas hasard qu’elle se trouve dans le premier livre de la Bible, le livre de la Genèse.
Les parents sont d’accord avec cette phrase utilisée par Jésus. Et ils ne disent pas « mon enfant ne m’aime plus ! » Ils savent que c’est une condition fondamentale pour la réussite de leur vie et de leur foyer. 


« L’oiseau doit quitter son nid » ! Les parents savent que ce n’est pas parce que leur fils ou leur fille est amoureux de quelqu’un d’autre, qu’eux-mêmes ne sont plus aimés. Dire « Je t’aime plus que mon père et ma mère, c’est aussi leur façon d’exprimer l’estime qu’ils ont pour leurs parents ? Pourtant, Jésus nous bouscule en disant : « Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme et même sa propre vie n’est pas digne de moi ».
Préférer, choisir Dieu, ne diminue rien à l’amour que l’on a pour les siens. C’est le même amour qui traverse l’existence de chacun. Nous avons été créés à l’image de Dieu, à sa ressemblance. Il ne s’agit pas de faire rivaliser les façons d’aimer, mais de mettre en valeur ce qui nous relie les uns aux autres. Jésus n’a-t-il pas tout quitté, jusqu’à sa propre vie, pour nous montrer jusqu’où l’amour peut nous conduire.
Il y a aussi une autre parole de Jésus difficile à avaler. « Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher derrière moi ne peut pas être mon disciple ».
Souvent, Jésus nous rappelle que l’amour est exigeant. Tous, et particulièrement les parents le savent : aimer, cela entraîne inévitablement des sacrifices et des efforts, des souffrances et des inquiétudes, des renoncements et des privations. Tout amour vrai, s’il est source de bonheur est aussi la cause de bien des croix parfois lourdes à porter. Mais ces chemins d’amour difficiles ne sont-ils pas la plus grande preuve d’amour ?
Si donc, c’est une bonne chose de partir avec Jésus, de suivre ses pas, encore faut-il aller jusqu’au bout, c’est le sens de ces 2 petites paraboles : « l’homme qui veut bâtir une tour et le roi partant en guerre contre un autre roi. »
Toutes 2 nous invitent à « commencer par s’asseoir » pour réfléchir. Il n’est pas question de s’engager à la légère ou de faire les choses à moitié. Si aujourd’hui, nous voyons tant de ruptures de couples, n’est-ce pas le résultat d’un engagement qui n’a pas respecté les étapes concrètes d’un amour durable.
Notre vie est comme une construction qu’il faut mener à bien, elle est comme un combat permanent ainsi qu’on vient de le dire.
En son temps, Jésus a su créer une dynamique, un élan qui enthousiasmait les personnes qui le suivaient. Ce sont ses paroles et ses actes qui leur ont donné des perspectives et une grande confiance dans l’avenir. Les conditions de la vie humaine d’hier, comme celles d’aujourd’hui, exigent des réponses et des actes qui méritent réflexion. Jésus fait appel aux capacités de chacun pour trouver et proposer les meilleures solutions. Il faut donc commencer par s’asseoir et réfléchir. Pour cela nous avons besoin de prendre le temps de chercher à discerner les enjeux et débusquer tous les pièges du tentateur.
Revenons à l'Evangile. Le Christ nous invite à une foi adulte. Avant de décider un engagement, il importe de construire un projet en interrogeant notre intelligence et notre bon sens. Le Concile Vatican II et les mouvements d’Action Catholique par le « VOIR- Juger et Agir » nous ont donné des outils pour la mise en œuvre. Cette démarche nous aide à confronter les réalités de la vie à la Parole de Dieu. N’est-ce pas la démarche de Jésus qui part toujours des réalités de la vie concrète des gens, pour proposer le Royaume de son Père ?
La rentrée de catéchismes peut être aussi une occasion de faire reculer l'ignorance religieuse et la crédulité. Nous savons bien, que la culture religieuse est très faible, voire nulle chez beaucoup de chrétiens. Bien des drames seraient évités, dans la vie familiale, économique, politique et ecclésiale, si on se donnait davantage des espaces d’accueil, d’écoute pour se laisser interroger sur ce qui doit durer dans la vie. On consomme trop sans réfléchir. Alors, comme vous pouvez le constater notre mission de formation est grande. Chacun est invité à y réfléchir à l'occasion de cette rentrée des classes. Dieu nous a donné une intelligence et du bon sens. Utilisons-les. Bonne rentrée à tous.

François, prêtre retraité