lundi 27 mai 2019

Le message du Père François


Évangile de Jésus Christ selon St Luc 24 46–53
« En ce temps-là, Jésus ressuscité, apparaissant à ses disciples, leur dit : « Il est écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour, et que la conversion serait proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. À vous d’en être les témoins. Et moi, je vais envoyer sur vous ce que mon Père a promis. Quant à vous, demeurez dans la ville jusqu’à ce que vous soyez revêtus d’une puissance venue d’en haut. » Puis Jésus les emmena au-dehors, jusque vers Béthanie ; et, levant les mains, il les bénit. Or, tandis qu’il les bénissait, il se sépara d’eux et il était emporté au ciel. Ils se prosternèrent devant lui, puis ils retournèrent à Jérusalem, en grande joie. Et ils étaient sans cesse dans le Temple à bénir Dieu. »
"II se sépara d'eux et fut emporté au ciel." Étonnante sobriété de l'Évangile pour un événement qui aurait pu être plus spectaculaire que l'envol de la navette Columbia. Ni fanfare, ni bouquets de fleurs. Car le geste est surtout éminemment symbolique: le Christ part non pas pour le ciel des astronautes, mais vers un état nouveau. Lors de la transfiguration au Mont Tabor, Jésus a laissé entrevoir à ses plus proches, des signes de cet état nouveau. Rien n’est plus comme avant.
On peut imaginer la tristesse des apôtres qui éprouvent un pincement au cœur devant ce départ. Mais l’évangile nous rappelle qu’ils repartent à Jérusalem, "tout remplis de joie", pour ne pas dire tout guillerets! Et dans cet Évangile, nous devinons les raisons de cette joie surprenante. Jésus confie à ses apôtres: « …les souffrances du Messie, sa résurrection d’entre les morts le troisième jour. Et la conversion proclamée en son nom pour le pardon des péchés, à toutes les nations…..c’est vous qui en êtes les témoins….. » Par ces paroles, Jésus confie la responsabilité de construire une Eglise bien en phase avec le monde contemporain. Ce qui veut dire : Jésus nous demande de ne pas l’enfermer dans nos églises et dans nos certitudes. La vie est une marche permanente. C’est dans cette marche au milieu de difficultés et d’espérance, de solitude et de partage, de cris et de chants, d’invitations et de soutiens que les chrétiens doivent témoigner de l’amour de Dieu. Il n’y a pas de véritable Eglise sans que ses membres ne soient en marche et à l’écoute des cris de leurs frères.
Ces cris sont multiples : les personnes isolées, les handicapés, les étrangers, les mal aimés, les sans voix, les chômeurs, ceux qui sont marqués par la maladie ou par un sentiment d’échec…. Etre disciple du Christ, c’est apprendre à se mettre à leur écoute et chercher à les comprendre.
L’Ascension est une invitation à retrousser ses manches, pour prendre part au dynamisme de cette Eglise en marche, au service de ses frères. Dieu a besoin que nous lui prêtions nos mains, nos yeux, notre intelligence et notre affection pour chercher et découvrir sa présence au cœur de notre monde. Ce monde est paralysé par l’efficacité et la rentabilité. Il manque de souffle et de vie.
Aujourd'hui, tout ce qui ne sert à rien, on le jette. Comme le dit le Pape François : « Nous sommes dans la civilisation du déchet ». On jette les emballages, tout ce qui ne sert à rien aujourd’hui : les vieux frigidaires, les vieilles télés... et pourquoi pas tous ceux qui ne sont pas rentables ni intéressants ? Aujourd’hui, les pays, les plus développés où l’argent est mis en avant comme l’indice de réussite, connaissent des misères plus graves que jamais. On met en valeur ce qui rapporte des devises et on oublie les populations entières qui vivent dans la misère.
Par contre aujourd’hui, dans le monde des affaires, on peut se demander à quoi ça sert de croire en Dieu. De fait, Dieu ne sert à rien pour gagner le million ou pour qu’il fasse beau demain ! Effectivement, Dieu ne sert à rien, seules les choses sont utilisables. A moins que l’on ne réduise Dieu et les personnes à des « choses » qu’on peut utiliser quand on en a besoin ou les jeter quand on n’en veut plus? Mais Dieu, comme les personnes, ont la capacité de nous rendre un service qui ne se commande pas et qui n’a pas de prix. En effet seuls, Dieu et les personnes peuvent nous aimer et nous aider à grandir en humanité. Et réciproquement, nous pouvons aussi les aimer et les soutenir. Quelle belle perspective la fête de l’Ascension !
Croire en Dieu, ça ne sert qu’à aimer.

François, prêtre retraité