mercredi 5 décembre 2018

Le message du Père Riehl

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 3, 1-6
« L’an quinze du règne de l’empereur Tibère, Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée, Hérode étant alors au pouvoir en Galilée, son frère Philippe dans le pays d’Iturée et de Traconitide, Lysanias en Abilène, les grands prêtres étant Hanne et Caïphe, la parole de Dieu fut adressée dans le désert à Jean, le fils de Zacharie. Il parcourut toute la région du Jourdain, en proclamant un baptême de conversion pour le pardon des péchés, comme il est écrit dans le livre des oracles d’Isaïe, le prophète : Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées ; les passages tortueux deviendront droits, les chemins rocailleux seront aplanis ; et tout être vivant verra le salut de Dieu. »
En relisant l'évangile d'aujourd'hui, je me disais: « Le monde n'a pas tellement changé, le cœur de l'homme est toujours aussi replié sur lui-même. » Le monde au temps de Jésus semble bien établi. Tous les grands personnages politiques et religieux sont à leur poste, accrochés à leur pouvoir et à leurs intérêts. Tibère, Ponce-Pilate, Hérode, Philippe, Hanne et Caïphe sont isolés dans leurs palais, à l'abri des cris « des mal foutus ».Le monde est en équilibre grâce à de nombreuses compromissions, et en même temps, il est traversé par toutes sortes d'injustices. Pas de place pour la femme. Les hommes occupent tout l'espace public et religieux. Le pouvoir se concentre entre les mains de quelques privilégiés. Le petit peuple est réduit et écrasé comme du bétail. Seuls comptent, les intérêts économiques et politiques.
Le monde d’aujourd’hui n'a pas tellement changé, et on va même plus loin. Les mondes : de la santé, de l'éducation, des services publics, sont gérés à la manière des grandes entreprises. Elles n’ont qu’un but : ramasser le maximum d‘argent. Tout ce qui est humain, tout ce que la société devrait assurer comme équilibre de vie à chaque citoyen, est devenu quantité négligeable et même méprisable.
Cependant, il y a un mais... « La Parole de Dieu fut adressée dans le désert à Jean, fils de Zacharie ». Aujourd'hui, elle est adressée à chacune et chacun d'entre nous dans notre quotidien. Dans le désert, pas dans les cocktails, pas dans les vernissages, pas dans les bals, pas dans les capitales, pas dans les officines du pouvoir, pas dans le grand monde, mais dans la place laissée libre comme le désert. Dans le silence, là on peut entendre une autre voix que celle de l’autorité, là l’impensable devient possible. Dans ce monde qui nous étouffe, il y a toujours une espérance de salut offerte. L’Evangile, la Bonne Nouvelle mérite toute notre attention : « A travers le désert, une voix crie : préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route. » C’est en retroussant nos manches pour permettre la fraternité que chacun peut vivre de l’amour de Dieu. Quand le prophète Isaïe parle du chemin du Seigneur, il parle de la venue de l’Amour de Dieu au milieu de son peuple.
La Bonne Nouvelle nous vient de Jean Baptiste, un homme qui n'a pas été récupéré par le pouvoir. C’est un homme libre, nature comme une fleur du désert. Mais c’est un trublion pour les puissants de l’époque. Il nous révèle que le monde est comme un grand chantier, où chacun doit s’engager. Ce chantier commence chez-moi, par l'accueil de mes semblables. Oui Jean Baptiste invite à la conversion des cœurs et des mentalités.
Le baptême proclamé par Jean, comme le baptême de tous les chrétiens est un engagement à mettre l’Amour de Dieu en valeur. Cet Amour est à l’œuvre au milieu de son peuple, encore faut-il le reconnaître.
Osons poser un regard de confiance sur le monde, sur les autres, sur nous-mêmes. Changeons notre regard pour déceler en chacun un reflet de la beauté de Dieu. En effet, tous les regards de mépris ne laissent aucune place à cet amour.
Au sommet de notre échelle de valeur, osons mettre la dignité de chaque personne. Elles sont créées à l'image de Dieu. En Jésus, né à Bethléem un jour de notre histoire, Dieu s'est livré dans la confiance la plus totale.
Osons suivre Jésus, petit enfant sans défense. Il nous ouvre un chemin d'amitié. Il est offert à toutes les bonnes volontés. Tous ceux qui s’investissent pour donner aux enfants démunis et aux adultes en difficultés, les moyens d’exister et de grandir, sont déjà animés par l’Amour de Dieu.
Osons croire que nous pouvons tous ensemble faire un bout de chemin avec ce Dieu qui ne cesse de nous aimer.
Sa Parole nous est toujours adressée, elle nous vient par les cris de ceux et celles qui ont besoin d'être écoutés et soutenus. Sachons accueillir aujourd’hui cette parole, car « Il faut aplanir la route et combler les ravins. ». La réponse dépend de chacun : « Si tu veux... si je veux... »
François, prêtre retraité