mardi 20 février 2018

Le message du Père François

Evangile de Jésus-Christ selon saint Marc 9, 2-10.
« En ce temps-là, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les emmena, eux seuls, à l’écart sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux. Ses vêtements devinrent resplendissants, d’une blancheur telle que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille. Élie leur apparut avec Moïse, et tous deux s’en­tretenaient avec Jésus. Pierre alors prend la parole et dit à Jésus : « Rabbi, il est bon que nous soyons ici ! Dressons donc trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. » De fait, Pierre ne savait que dire, tant leur frayeur était grande. Survint une nuée qui les couvrit de son ombre, et de la nuée une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! » Soudain, regardant tout autour, ils ne virent plus que Jésus seul avec eux. 
Ils descendirent de la montagne, et Jésus leur ordonna de ne racon­ter à personne ce qu’ils avaient vu, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts. Et ils restèrent fermement attachés à cette parole, tout en se demandant entre eux ce que voulait dire : « ressusciter d’entre les morts ».

Ce jour-là, au sommet de la montagne, le Thabor, il s’est passé quelque chose de grandiose et d’inexplicable, la Transfiguration! Un homme, appelé Jésus qui s’était présenté comme « Fils de l’Homme », un maître qui entraîne ses familiers : Pierre, Jacques et Jean sur cette montagne.  Ce compagnon qu’ils ont vu marqué par la fatigue et la poussière du chemin ; ils l’ont vu aussi chercher le repos sans toujours trouver où reposer sa tête. Cet homme, tout ordinaire, est soudain, littéralement illuminé. Il attire les regards admiratifs de ses disciples. Ils le décrivent comme envahi par la gloire. Cette lumière ne vient pas du dehors, sinon ses disciples en seraient aveuglés. Non, c’est une lumière que Jésus porte en lui et qui, sur cette montagne, le montre rayonnant. C’est une révélation. Ils le découvrent lumineux comme ils ne l’avaient jamais vu. 
Moïse et Elie, deux hommes essentiels de l’histoire biblique,  s’entretiennent avec lui.  Dans la Bible en effet, Moïse a gravi la montagne du Sinaï où il a reçu les tables de la Loi, qui guideront Israël durant toute son histoire. 
Pour sa part, le prophète Elie s’est retiré sur le Mont Carmel, où il découvre que Dieu peut se rencontrer dans le murmure de la brise légère que porte sa prière.
C’est bien dans cette tradition biblique de la loi et des prophètes, que Jésus se situe.
Au Thabor, ce monde ancien fait place à la nouveauté du Christ. La voix du Père renforce la mission originale de Jésus: « Il est mon Fils bien aimé, écoutez le. » Quelle est cette parole neuve qui bientôt se fera entendre ? Jésus proclame hardiment : « Il a été dit aux anciens…et  Moi je vous dis…. Je ne suis pas venu abolir, mais accomplir » 
Avec Jésus, un monde nouveau est annoncé; l’homme, créé à l’image de Dieu, devient central au point que le Christ, messager de Dieu, s’identifie à l’homme : « Ce que tu auras fait à l’un des plus petits… c’est à moi-même que tu l’auras fait. »
Comme Pierre, Jacques et Jean tous les chrétiens de notre temps sont invités à prendre du recul et à regarder avec plus d’attention le visage de Jésus AUJOURD’HUI. 
Tous les jours nous voyons des visages défigurés et angoissés ; des yeux rougis par les pleurs et la peine ; des gens marqués par la maladie et le handicap ; des jeunes remplis de crainte et d’appréhension ; des ados cherchant à tâtons de vraies raisons de vivre ; des anciens inquiets pour l’avenir de leurs chers petits. Comment s’y prendre pour repérer les germes d’une vie nouvelle, capables de les transfigurer ? Avant de leur apporter notre soutien, n’y a-t-il pas d’abord, à discerner les capacités d’un chacun, à apporter un peu de paix et de bonheur autour de lui ? Mais avant tout, il nous faut croire vraiment que ceux que la vie nous a confiés ont des qualités indispensables au bonheur des autres. Alors comment les aider à bien évoluer ?
Pierre, Jacques et Jean étaient aussi désemparés au Thabor que chacun d’entre nous aujourd’hui, devant les épreuves de la vie. Jésus sait que les Grands Prêtres veulent le supprimer et que sa mort sera difficile à vivre pour ses apôtres qui ont mis leur confiance en lui. Ce qu’ils ont découvert de Jésus, leur permettra à ce moment-là, de ne pas sombrer dans le désespoir.  Marie-Louise, très éprouvée dans sa santé et sa vie affective, me disait hier : ce qui m’a permis de tenir dans ces épreuves, ce sont les liens d’amitié et de confiance que mes enfants et mes amies m’ont témoignées.
Les chemins d’épreuves, de paix, les chemins de vie sont souvent tortueux et décourageants. « Croire », c’est tenir malgré les difficultés. Devant l’évolution rapide et brutale de ce monde : les mauvaises nouvelles s’ajoutent les unes aux autres et s’amplifient  réciproquement. Il y a de quoi décourager les plus tenaces. De plus, certains opportunistes, sans foi ni loi, aggravent cette situation en profitant de l’occasion pour s’enrichir sur le dos des plus fragiles. Le chômage, le racisme, le mépris, le chacun pour soi se développent  sans mesure et sans respecter la moindre règle. Les disciples de Jésus doivent réagir plus que jamais, pour ne pas laisser s’éteindre la lumière, que Jésus nous donne et pour ne pas se décourager. C’est la vraie responsabilité de tout croyant en ce temps de carême. Face aux difficultés vécues par ceux qui nous entourent, il est capital de découvrir des raisons d’espérer pour tenir le coup et marcher vers Pâques. Pâques,  victoire de l’Amour sur toutes les forces du mal.
Quoiqu’il arrive, Dieu nous aime, il ne revient pas en arrière et il a besoin de chacun pour que grandisse la paix, la justice, le respect, en un mot son Royaume ! Puissions-nous entendre, reconnaître et mettre en œuvre ce message du Père : « Celui-ci  est mon Fils bien-aimé : écoutez-le !» 
François, prêtre retraité