jeudi 1 février 2018

Le message du Père François

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (1, 29‑39)
« En ce temps-là, aussitôt sortis de la synagogue de Capharnaüm, Jésus et ses disciples allèrent, avec Jacques et Jean, dans la mai­son de Simon et d’André. Or, la belle-mère de Simon était au lit, elle avait de la fièvre. Aussitôt, on parla à Jésus de la malade. Jésus s’approcha, la saisit par la main et la fit lever. La fièvre la quitta, et elle les servait.
Le soir venu, après le coucher du soleil, on lui amenait tous ceux qui étaient atteints d’un mal ou possédés par des démons. La ville entière se pressait à la porte. Il guérit beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies, et il expulsa beaucoup de démons ; il empêchait les démons de parler, parce qu’ils savaient, eux, qui il était. Le lendemain, Jésus se leva, bien avant l’aube. Il sortit et se rendit dans un endroit désert, et là il priait. Simon et ceux qui étaient avec lui partirent à sa recherche. Ils le trouvent et lui disent : « Tout le monde te cherche. » Jésus leur dit : « Allons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Évangile ; car c’est pour cela que je suis sorti. » Et il parcourut toute la Galilée, procla­mant l’Évangile dans leurs synagogues, et expulsant les démons. »

Job décrit la face tragique de la vie, par des images fortes. Témoin de la condition humaine, il vit une crise particulièrement infernale : la perte de ses enfants, de ses biens, de sa santé. Son cri pose à Dieu lui-même, la question du pourquoi ? « Qu'ai-je fait pour en arriver là? ».  Est-ce qu’il y a espoir d’échapper à ces malheurs qui nous arrivent ? Ces questions sur le tragique de notre vie, nous invitent à en chercher les réponses dans l'Évangile. Marc insiste sur des guérisons et des histoires de démons afin de nous présenter Jésus, au début de sa vie publique. Il nous montre Jésus pressé de proclamer le Royaume de Dieu, car c’est là, où il veut nous conduire. Aux moments difficiles, animés par la révolte, par la réflexion et la prière, il nous arrive de nous tourner vers lui. 
Mais l’Evangile se comprend mieux, si on  commence par la fin de la vie humaine de Jésus, c-à-d sur quoi débouche ce qu’il a fait. En effet la passion et la résurrection donnent sens à tout ce qui précède. Par ces événements, le croyant peut voir qui est vraiment Jésus de Nazareth. Il est le Christ, le Fils de Dieu, le Messie, le Sauveur du mal. L’évangile le présente comme celui qui a le pouvoir de chasser le malheur et la maladie. Le temps du Salut est annoncé. C’est maintenant que se réalise la prophétie d’Isaïe : « Alors les yeux des aveugles verront et les oreilles des sourds s’ouvriront… la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres».
Au cours de sa vie publique, toute tendue vers la croix, Jésus impose le silence aussi bien aux démons, qu’aux disciples, quand ceux-ci veulent révéler prématurément sa vraie nature, de Fils de Dieu fait homme. En aucun cas, Jésus ne veut passer pour un guérisseur. Quand il guérit, il n’agit pas en magicien ou en faiseur de miracles. S’il rend la santé du corps, il annonce surtout sa victoire totale sur les forces du mal. Victoire qui sera définitivement manifestée au matin de Pâques. Jésus guérit car il est plein d’attention pour ceux qui souffrent. Il connaît le cri de Job, écrasé par le malheur, pour qui la vie est devenue insupportable.  
L’évangile nous dit que ce soir-là, Jésus guérit la belle-mère de Pierre, et tous les malades qu’on lui amène. Il ne fait pas de mise en scène spectaculaire, il n’utilise pas de gri-gri comme les sorciers ou les guérisseurs de son époque. Il prend la main, tout simplement, montrant ainsi que la maladie n’est pas une impureté rituelle ou la punition imposée par Dieu, pour payer une faute. La victoire sur le mal sera proclamée d’une manière tout à fait  nouvelle au matin de Pâques.  Alors apparaissent des signes, qui révèlent que le  Royaume de Dieu est déjà bien présent dans notre existence. Jésus, le vivant, agit par sa présence. Une présence tout à fait nouvelle, qui n’est plus enfermée dans les conditions de la matière, de l’espace et du temps. 
            Aujourd’hui, Jésus continue à être au plus près de ceux qui peinent et qui souffrent.  Pour ce faire, il a besoin de nos mains, de notre intelligence, de notre sourire, de notre tendresse et de notre cœur. N’oublions pas qu’aujourd’hui, les guérisons passent par les multiples soins et par l’accompagnement des malades, et des personnes âgées. Beaucoup de personnes ont peur de vieillir  à cause de leurs petits moyens financiers et de leurs limites physiques et mentales. 
Dimanche dernier on a évoqué les difficultés des gardiens et des prisonniers. Aujourd’hui, on peut ajouter les soignants et les malades des EHPAD et des hôpitaux. Une  fois de plus, le monde des finances fait la loi,  alors que l’argent devrait être au service de tout ce qui est humain.
Dans l’Evangile, Jésus agit et il nous invite aussi à prendre la main de celui qui souffre. Le croyant sait qu’en aucun cas, la mort aura le dernier mot sur la VIE ! Dans la mesure où nous sommes capables de vivre cette dimension de proximité les uns avec les autres : malades ou bien-portants, il se passe quelque chose de très fort entre nous. Le croyant y voit la force de l’amour de Dieu qui se communique les uns aux autres.
Jésus ne cède pas à la tentation d’une gloire facile. Il se retire pour prier et se relier à son Père, puis il repart sur les routes annoncer la Bonne Nouvelle. 
Prier, annoncer, guérir: trois attitudes pour une vie unifiée.  Cette démarche est essentielle et peut faire des merveilles. La guérison physique peut être prise en charge par les spécialistes du corps. Mais chacun doit prendre soin des personnes. Trop souvent, on est tellement enfermé dans la réalité matérielle, qu’on oublie la personne qui peine et qui a besoin d’être respectée. 
Prier, témoigner, agir, aimer, tendre la main au malheureux, c’est notre  façon à nous aujourd’hui, de prendre la suite de Jésus qui se donne aux autres.

François, prêtre retraité