mardi 19 décembre 2017

Le message de Noël du Père François

Évangile de Jésus Christ selon St Luc 2 1–14

« En ces jours-là, parut un édit de l’empereur Auguste, ordon­nant de recenser toute la terre – ce premier recensement eut lieu lorsque Quirinius était gouverneur de Syrie. Et tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville d’origine. Joseph, lui aussi, monta de Galilée, depuis la ville de Nazareth, vers la Judée, jusqu’à la ville de David appelée Bethléem. Il était en effet de la maison et de la lignée de David. Il venait se faire recenser avec Marie, qui lui avait été accordée en mariage et qui était enceinte. 
Or, pendant qu’ils étaient là, le temps où elle devait enfanter fut accompli.


Photo J.A.S.
La crèche de la Place de la mairie à Volmunster

 Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l’em­maillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune. Dans la même région, il y avait des bergers qui vivaient dehors et passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux. L’ange du Seigneur se présenta devant eux, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d’une grande crainte. Alors l’ange leur dit : « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nou­velle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. » Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. »

A Noël, les chrétiens du monde entier se rassemblent pour fêter un événement capital, qui donne une couleur particulière à leur foi. Dieu prend place dans l’humanité : c’est la porte ouverte à un avenir possible pour les Hommes de vivre avec Dieu. C’est sur cet échange entre Dieu et les Hommes que s’appuie notre foi. Elle est pour nous une perspective de vie éternelle.
C'est surprenant, un peu troublant pour notre intelligence, que Dieu, le tout-puissant, le créateur et maître de l'univers, prenne place sur la terre, parmi ses créatures. C’est encore plus surprenant, plus troublant qu'il se soit contenté de notre condition humaine, en prenant la chair d'un petit enfant. C’est incroyable qu’il soit l’un de nous, aussi démuni et impuissant que tout nouveau-né, mais il vient aussi avec tous les possibles d’un être humain.
Quelle est donc le projet de Dieu dans cette démarche ? Qu'est-il venu faire en partageant notre condition humaine ? 
En premier lieu, il est venu nous dire qu’il nous apprécie. « Nous comptons plus que tout à ses yeux ». Pour Lui, nous sommes beaucoup plus qu'un petit grain de sable sur une petite planète dans le cosmos. Nous valons le déplacement de Dieu. Il vient parmi nous, en s’habillant de notre condition humaine et nous dire que nous pouvons vivre ensemble avec Lui. La Bible avait déjà affirmé que nous étions créés à l'image de Dieu, ce qui veut dire, que la vie de Dieu circule dans nos veines, et que chaque être humain est habité par cette vie. 
Il nous invite à le suivre, à nous développer comme lui, avec grâce et sagesse. Ce petit enfant arrive sur terre avec une mission.  Il prend place dans une communauté humaine. Adulte, il va circuler sur les chemins de Palestine en appelant ses disciples à le suivre et à prendre le relais de sa mission. Il invite toutes les bonnes volontés à se rassembler et à construire un monde nouveau, au service de la paix et de la justice. Il nous donne des repères forts et exigeants : servir et non se servir, pardonner en proposant de nouvelles chances et un avenir à ceux qui trébuchent. Il invite à aimer les personnes, avec une attention soutenue pour les plus éprouvés. Le cœur de son œuvre repose sur : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé... Pardonnez comme le Père vous pardonne... Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait. » Par la naissance de Jésus, Dieu nous rappelle qu’il est bien présent en nous. 
Chacun est porteur de la vie de Dieu. Et chacun est capable d’être un ami de Dieu : c’est-à-dire une personne qui peut mettre en valeur l’Esprit Dieu, présent à l’actualité du monde. Cette annonce n’est pas réservée aux disciples, aux chrétiens d’aujourd’hui, elle s’adresse à tout être humain. 
« Il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune. » Aujourd’hui, comme au temps de la naissance de Jésus, le bien et le mal sont mélangés. Les fêtes de Noël, comme les fêtes de fin d’année nous montrent des inventions de toutes sortes qui allèchent les  clients et rassemblent des foules. Le but n’a rien à voir avec la dignité humaine et encore moins avec la dimension religieuse, mais l’argent est devenu le roi de la fête. Comme Marie et Joseph qui n’ont pas trouvé de place à Bethléem, combien de personnes aujourd’hui éprouvent des formes d’abandon et de rejet ? Il y a bien sûr des migrants qui risquent leur vie et plus près de nous des personnes fragilisées qu’on ignore.
L’originalité de Noël, c’est ce qui est vrai, beau, enraciné dans les cœurs et porteur de fraternité. Dieu ne fait pas semblant d’être à nos côtés. A la création de l’Homme, il s’est engagé dans l’histoire humaine. Et Noël n’est qu’une manifestation particulière de sa présence.
Noël est porteur d’espérance, parce que nous sommes tous capables de nous dépasser, parce qu’on a tous soif de bonheur, et il n’y a pas de bonheur sans partage, sans échange, sans attention, sans respect. Jésus veut que ce soit Noël tous les jours, il est venu pour cela. Non pas pour que l'on fasse la fête tous les jours, mais pour que l’on fasse de la place dans nos cœurs pour accueillir l’Esprit de Dieu et le mettre en œuvre. 
L'enfant démuni qui nous arrive veut que nous lui prêtions nos bras, nos mains, notre cœur pour qu'il puisse aimer notre conjoint, nos enfants, nos parents; pour qu'il puisse faire la paix dans notre famille, notre milieu de travail, notre école; pour qu'il puisse venir au secours de celui qui a besoin d'un coup main, d'un encouragement ou tout simplement d'un sourire. C’est une façon de redécouvrir Dieu, et de se laisser transformer par sa présence. 
Dieu nous appelle à nous renouveler chaque jour.

François, prêtre retraité