mercredi 29 novembre 2017

Le message du Père François

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 13, 33-37

« En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Prenez garde, restez éveillés : car vous ne savez pas quand ce sera le moment. C’est comme un homme parti en voyage : en quittant sa maison, il a donné tout pouvoir à ses serviteurs, fixé à chacun son travail, et demandé au portier de veiller. Veillez donc, car vous ne savez pas quand vient le maître de la maison, le soir ou à minuit, au chant du coq ou le matin ; s’il arrive à l’improviste, il ne faudrait pas qu’il vous trouve endormis. Ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez ! »

"Ça y est, c’est parti! Que d’imagination et d’investissement pour cette fin d’année. Vous savez certainement ce à quoi je fais allusion ! Tous les médias rivalisent d’imagination, pour aguicher la clientèle. Il y en a pour les petits et pour les grands. Noël est devenu un grand marché. Il n’y a plus que les bonnes affaires qui comptent.». Mais qu’est-ce qui fait courir tant de monde en cette période, je vous le demande ?  
D’une part, certains parlent de laïcité et en même temps on utilise les mots, les décors et les crèches qui sont à la base de notre vie de chrétien. Dans tout ce déballage, ce qui me surprend le plus, c’est qu’on a oublié le personnage essentiel qui a apporté l’Espérance et qui vient nous Sauver, c’est Jésus, le Messie qui s’est fait Homme en cette nuit à Bethléem.
Regardons les textes de cette nouvelle année liturgique. Ils nous disent : « Prenez garde, veillez ». Et il y a de quoi faire ! Il demande, à ses disciples et donc à nous aussi aujourd’hui, d’être des guetteurs à l’affût des appels que Dieu nous fait dans le quotidien de nos vies. C’est pour cela qu’il nous faut aiguiser notre sensibilité pour bien observer ce qui nous entoure.  Jésus nous ramène toujours à la réalité de notre existence, là où les hommes peinent, luttent et aiment. C’est là, dans le concret, que chacun peut être un vrai disciple de Jésus. C’est là, qu’il faut vérifier que notre foi n’est pas un rêve, décroché de l’existence. Pour être vrai, il faut l’enraciner dans la réalité de notre vie. « Ce que vous avez fait aux plus petits d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait ». (Mat 25)
L’Eglise propose ce temps de l’Avent pour renouveler notre façon d’accueillir et de découvrir Celui qui est déjà à l’œuvre dans l’humanité. Dans un monde de plus en plus perturbé, divisé et en mutation, la situation des hommes semble de plus en complexe et pleine de contradictions. En son temps, Jésus a rencontré la violence de l’occupant mais aussi de ses propres dirigeants. Au contact des exclus, des lépreux, des aveugles et de tous les marginaux de l’époque, Jésus  a ciblé les vrais besoins des Hommes, pour permettre que ce monde  réel se transforme et devienne meilleur. Pour ce faire, il a commencé par prendre le chemin du désert. Puis, il s’est inscrit dans la continuité de ceux qui avaient faim et soif de justice et de fraternité.
Aujourd’hui, comme hier, Jésus invite ses disciples à s’inscrire dans une démarche de croyant au Dieu bien présent dans le concret de la vie. C’est à eux maintenant de faire surgir l’Esprit de Vérité, de Justice et de Paix. C’est aux chrétiens de révéler que c’est bien l’Esprit de Dieu qui agit au cœur de tous nos efforts et de nos luttes pour un monde meilleur. En effet, un chrétien qui n’est plus motivé ressemble à un blasé, à quelqu’un qui ne croit plus en rien et qui n’attend plus rien. Il ne lui reste que sa paralysie et son amertume à partager. Un tel comportement est sans espoir et sans avenir. N’est-ce pas proche de ce que le monde nous propose aujourd’hui ?
Heureusement, il y a des gens qui n’ont jamais entendu parler de Jésus, mais qui sont animés par le même Esprit de paix, de justice et de miséricorde. L’important dans la façon de conduire sa vie, n’est pas dans l’étiquette chrétienne, mais dans la façon de  vivre et de se comporter avec les autres. 
Aujourd’hui, où les possibilités et les moyens de vivre dignement sont beaucoup plus grands que dans le passé, on pourrait s’en servir autrement mieux. Il est URGENT de revoir ce qu’on fait concrètement, car la misère ne fait que progresser dans le monde. En France, plus  de 9 millions n’ont plus les moyens pour vivre dignement, alors que les fortunes s’amassent dans les paradis fiscaux. 
Prenons un exemple d’un grand pays d’Amérique Latine où les pauvres   deviennent de plus en plus pauvres. Les responsables politiques se sont laissés impliquer dans des magouilles et des trafics qui ont déstabilisé toute la société. Pour éviter les risques de famine, les responsables ont proposé de fabriquer « des boulettes économiques » qui pourraient être à l’image des croquettes qu’on donne  aux petits chiens. C’est  un peu comme pour les marchés de Noël, beaucoup de personnes, y compris religieuses, trouvent cette démarche merveilleuse pour éviter la famine. En tant que chrétien, j’ai honte  du peu de considération à l’égard des êtres humains qui sont vendus comme esclaves. D’où l’importance de ce que Jésus nous rappelle dans l’évangile : « Prenez garde, restez veillés », sinon, vous êtes capable du pire. Cette démarche est au cœur du pape François en Birmanie. Il n’a pas peur d’aller aux périphéries pour rencontrer et soutenir les plus fragiles, les abandonnés. Quel témoignage de vie et d’amour, il donne à notre temps.
Nous faisons tous l’expérience que notre vie est mêlée à des aspects qu’on ne maîtrise pas. La plupart des discours veulent nous apaiser et nous endormir, alors que Jésus nous dit le contraire : « VEILLEZ » 
Veillez, c’est être attentif et à l’écoute, individuellement et collectivement, de tous les cris des malheureux. C’est se laisser bousculer et s’indigner du malheur qui leur arrive. C’est chercher  avec eux  des ouvertures et des possibilités pour améliorer leur condition de vie. N’est-ce pas la dimension concrète de la foi qui ne désespère jamais de l’Homme ?
En ce premier dimanche de l'Avent, ne perdons pas de vue que l'Avent ne nous prépare pas seulement à célébrer la naissance de Jésus comme la mémoire d'un passé qui s'est déroulé à Bethléem. C’est la naissance du Christ AUJOURD’HUI dans le cœur des hommes. Là, nous passons d’un doux souvenir à une réalité complexe mais riche de la bonté de Dieu.


(A l’appel de Jésus qui nous interpelle : Prenez garde, restez éveillés – il est nécessaire pour chacun de se retrouver avec d’autres pour VEILLEZ  pour chercher ensemble les  chemins de VIE.)

François, prêtre retraité