mercredi 25 octobre 2017

Le message du Père François

Évangile de Jésus-Christ selon St Matthieu 22 34–40

« En ce temps-là, les pharisiens, apprenant que Jésus avait fermé la bouche aux sadducéens, se réunirent, et l’un d’entre eux, un docteur de la Loi, posa une question à Jésus pour le mettre à l’épreuve : « Maître, dans la Loi, quel est le grand commandement ? » Jésus lui répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. Et le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes. »


Comme dimanche dernier, l’évangile de ce jour nous met en présence des opposants à Jésus. Leur démarche n’a qu’un seul but : trouver un piège pour l’éliminer. Mais Jésus n’entre pas dans cette polémique, car le cœur de sa vie c’est de nous révéler l’Amour du Père.                                                                                                                 
 Déjà la première lecture, l’Exode, nous présente l’attachement de Dieu à son peuple.  Il rappelle l’importance des droits de ceux qui sont les plus exposés à l’injustice, càd : les isolés : immigrés, veuves, orphelins et les démunis : les pauvres, les endettés. Cet extraordinaire extrait de la Loi est plein d’humanité. Il nous révèle que, pour ce peuple, la Loi est avant tout une affaire de relation. C’est pourquoi on lui donne ce  beau titre « d’Alliance », car Dieu est très proche de son peuple. La relation d’Alliance est le contraire de la loi du plus fort, qu’on appelle, la loi de la jungle.  Dieu se révèle comme le « tout compatissant ». Il est donc logique que les membres de son peuple aient le même type de relations entre eux. C’est ainsi qu’ ils se protégeaient contre les dangers d’une société à deux vitesses. Cette façon de vivre était vraiment une révolution dans les comportements sociaux.                                                                                                       
Aujourd’hui aussi, notre existence concrète est traversée par de nombreuses difficultés et drames. Cette recommandation de droit et de justice, présentée par Dieu à Moïse, mérite de rester au cœur de toutes les décisions concernant la vie en société. C’est la clé de l’avenir. Dans l’Evangile de ce jour, Jésus va encore plus loin. Il prend l’Homme comme partenaire et comme son égal : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur….. et le second qui lui est semblable : tu aimeras ton prochain comme toi-même. »                                                                        
Comme dimanche dernier, nous sommes aussi dans un contexte de polémique. Mais une fois de plus, Jésus ne se laisse pas piéger. Il ne veut pas entrer dans ce qui divise les pharisiens, qui veulent faire la leçon à tout le monde. Jésus, lui, s’engage sur le fond de la foi. Ce n’est pas une question de discours philosophiques ni théologiques, mais une question de VIE : l’Amour doit être au cœur de l’existence. Jésus souligne que l’Amour de Dieu et du prochain sont indissociables. Ce lien étroit unit les deux volets dont dépendent toute la loi  et les prophètes. Amour de Dieu et Amour des hommes, Jésus les porte à un point de fusion. Pour lui, c’est clair : tu ne peux pas prétendre aimer Dieu si tu n’aimes pas ton frère. Et tu ne pourras pas aimer tous les hommes si tu n’aimes pas Dieu, leur Créateur.  « Aimer son prochain » est semblable au premier commandement : « Aimer Dieu ». Ces deux commandements sont étroitement liés dans le cœur de chaque personne. Si l’un se dégrade, l’autre se dégrade aussi. Si l’un grandit, l’autre grandit également. Ce sont là les deux battements d’un même cœur. Ce qui est étonnant, c’est que Jésus va jusqu’à donner priorité à l’amour du prochain : « Si tu te souviens, au moment d’aller au Temple pour prier, que ton frère a un grief contre toi, fais demi-tour, va d’abord te réconcilier avec lui. » Notre Dieu est un Dieu amoureux de l’Homme. Il a lié son destin au nôtre. Il s’identifie à chacun : «  Ce que tu auras fait à l’un de mes frères,  c’est à moi que tu l’auras fait…. Mais quand donc Seigneur ? » Dieu est humilié dans l’Homme humilié ; il est bafoué dans l’Homme bafoué ; Dieu crève dans l’Homme affamé.                                                                                                                       
Pour un chrétien, la première préoccupation  doit être de  mettre tout en œuvre pour que chacun puisse retrouver sa dignité, parce que chacun est aimé de Dieu. Cela suppose une attention renouvelée à toutes les personnes que nous croisons sur nos chemins.
A cette réflexion je voudrais joindre la citation de Joseph Wresinski :

« Là où les hommes sont condamnés à vivre dans la misère, les droits de l’homme sont violés. S’unir pour les faire respecter est un devoir  sacré. »

François, prêtre retraité.