Évangile de Jésus Christ selon St Jean 20 19–23
« C’était après la mort de Jésus ; le soir venu, en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! » Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. » Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. »
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Parler de Dieu, Père, les images ne manquent pas dans l’Evangile et la littérature. Parler de Jésus, Fils du Père, c’est plus facile, car depuis sa naissance, il fait partie de la famille humaine. Mais comment aborder l’image du Saint Esprit ?
Avant de quitter les apôtres, Jésus annonce la venue du St Esprit. Il est la 3° personne qui procède du Père et du Fils. Il est aussi, celui qui fait un lien attractif et respectueux entre les deux. Je conviens, que ce n’est certes pas commode à comprendre et à expliquer ! Pour preuve, aux baptêmes, quand on pose la question : croyez-vous au Saint Esprit ? La réponse est souvent le silence.
Néanmoins, essayons d’y voir un peu plus clair. Qu’est-ce qui s’est passé ce matin-là à Jérusalem ? Nous sommes en présence d’un groupe d’hommes, timides, craintifs qui brusquement, font sauter les verrous de la pièce où ils étaient enfermés par peur des juifs. Tout à coup, ils vont dans la rue, sans peur ni complexe. Ils s’adressent à tout le monde et on les écoute. L’engagement de Jésus : « Ne quittez pas Jérusalem, avant d’avoir reçu le Saint-Esprit » vient de se réaliser, ce matin-là. Quel bouleversement ! Tous ces gens venus de la Mésopotamie, c'est à dire l’Irak actuel, de la Cappadoce : la Turquie d’aujourd’hui, de Libye, d’Egypte et même des Européens de Rome, sont interpellés par la Bonne Nouvelle qu’ils entendent.
L’Esprit de Dieu, symbolisé dans l’évangile, par le vent et le feu, transforme les apôtres en témoins du Christ Ressuscité. Chacun les comprend dans sa langue. Chacun est rejoint dans ce qu’il est. « Tous nous les entendons proclamer dans nos langues les merveilles de Dieu. ». La Bonne Nouvelle est annoncée en rejoignant les sensibilités et les cultures de chacun.
Aujourd’hui, nous nous trouvons un peu dans un contexte semblable. Mais ne serait-ce pas une chance de vivre aujourd’hui, au milieu de populations diversifiées, de race, de culture, de croyance ? Nous avons un message d’amour, de paix et de justice à partager avec des gens qui ne demandent qu’à être accueillis et respectés. C’est la famine, la guerre, la misère, le chômage qui les a poussés à quitter leur terre et à prendre toutes sortes de risques pour survivre.
L’Esprit de Dieu est créateur dans un monde, où les mentalités sont en perpétuelles évolutions. L’Eglise se doit de trouver des chemins toujours nouveaux, pour l’annonce de l’Evangile. Tout homme, doit pouvoir entendre ce beau message que Dieu lui adresse au milieu de ces tourments: « Je t’aime ! Tu as du prix à mes yeux ! »
Pour ce faire, Dieu compte sur chacun de nous pour être le serviteur du « Défenseur » promis par Jésus. Si l’amour, la joie, la paix et la vérité rayonnent dans notre comportement habituel, les frontières du mal, y compris celles de la guerre reculeront et seront anéanties.
Regardez et voyez, tous ces enfants, ces jeunes et ces adultes en mouvement d’Action Catholique qui se mobilisent à longueur de journées et d’années pour favoriser des lieux de partage, de réflexion et d’action. En sortant de nous-mêmes, nous voulons respecter le monde qui est bien le nôtre. Nous pourrons témoigner de notre foi en ce Dieu qui nous fait vivre. A la suite les apôtres, nous répandrons la Pentecôte autour de nous ! Et toujours, il faudra le souffle créateur de Dieu pour résister à toutes les tentations de repli sur soi.
Avec l’Esprit de Jésus, il nous faut chercher aujourd’hui des chemins nouveaux. Jésus n’est pas passé à côté des problèmes des gens de son pays. Il s’est fait l’un d’entre eux, au point de prendre sur lui la souffrance et l’espérance de son peuple. Aujourd’hui, plus que jamais, les chrétiens et tous les hommes de bonne volonté ont besoin de trouver: accueil, compréhension, tolérance, miséricorde, au lieu d’être tancés et condamnés par des vérités intangibles, qui n’ont rien à voir avec l’Esprit de Dieu.
Pour attiser notre Espérance, quand la fidélité est usée, quand la bêtise humaine l’emporte et que le monde semble écartelé, il nous faudra toujours l’Esprit créateur, ce souffle de Vie pour annoncer l’Evangile. Il ne s’agit pas de mots, mais un type de présence, qui aide à vivre, à créer, à lutter et à aimer, avec les hommes nos frères. Que l'Esprit Saint nous transforme pour notre temps, comme il l’a fait à la première Pentecôte, avec les apôtres.
François, prêtre retraité