vendredi 9 décembre 2016

Le message du Père François


Photo DR

« En ce temps-là, Jean le Baptiste entendit parler, dans sa prison, des œuvres réalisées par le Christ. Il lui envoya ses disciples et, par eux, lui demanda : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » Jésus leur répondit : « Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez : Les aveugles retrouvent la vue, et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, et les sourds entendent, les morts ressuscitent, et les pauvres
reçoivent la Bonne Nouvelle. Heureux celui pour qui je ne suis pas une occasion de chute ! »
Tandis que les envoyés de Jean s’en allaient, Jésus se mit à dire aux foules à propos de Jean : « Qu’êtes-vous allés regarder au désert ? un roseau agité par le vent ? Alors, qu’êtes-vous donc allés voir ? un homme habillé de façon raffinée ? Mais ceux qui portent de tels vêtements vivent dans les palais des rois. Alors, qu’êtes-vous allés voir ? un prophète ? Oui, je vous le dis, et bien plus qu’un prophète. C’est de lui qu’il est écrit : Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour préparer le chemin devant toi. Amen, je vous le dis : Parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne ne s’est levé de plus grand que Jean le Baptiste ; et cependant le plus petit dans le royaume des Cieux est plus grand que lui. »


« Qu'est-ce que Dieu fait, quel est son agir, dans tous les malheurs qui marquent notre époque ? » Celui qui pousse un cri, espère une réponse. Et de fait, la parole de Dieu est là, pour nous inciter à chercher, comment on reconnaît Dieu dans son œuvre.
-       Dans le premier texte, Isaïe promet que « Dieu vient lui-même et va vous sauver ». Dieu, lui-même, prend l’initiative.
-        Dans la deuxième lecture, St Jacques invite les chrétiens à la patience : « Tenez ferme, car la venue du Seigneur est proche. »
-       Dans l’évangile de ce jour, Jésus répond à ceux qui l’interrogent : « Allez dire à Jean ce que vous entendez et voyez. » Par-là, Jésus indique que c’est bien dans les réalités concrètes de la vie, que Dieu se manifeste.

La question angoissante de Jean en prison : « Ne me suis-je pas trompé ? », peut être aussi la nôtre. Chacun peut se sentir déstabilisé devant les mutations, les changements dans tous les domaines de notre vie, y compris religieux ! Démunis devant la complexité de l’avenir, on cherche des  solutions toutes faites : « clés en mains ». On est à l’affût d’ « hommes providence ». Et pourtant, rien ne nous satisfait !
Pourquoi chercher « entre midi et quatorze heure ? » En effet, les trois textes proposés aujourd’hui par l’Eglise, nous invitent à chercher comment Dieu est déjà à l’œuvre dans notre quotidien. Tout cela demande un gros travail de recherche, de réflexion, de partage. C’est peut-être ce qui nous manque le plus aujourd’hui. On a perdu l’habitude de se retrouver régulièrement pour partager, et nos joies et nos peines, nos angoisses et nos espérances. La confrontation régulière reste ardue,  car elle exige une recherche de ce qui nous dépasse. On a pris l’habitude de faire plus confiance aux données techniques, qu’aux efforts humains. Et pourtant : la patience, la miséricorde, le pardon, la confiance, le vivre ensemble, ce sont là  des qualités humaines et spirituelles qu’aucune technique ne peut donner. En même temps, ces qualités donnent sens au vécu. Elles relèvent de la conscience et des efforts de chacun. 
Dieu, pour venir dans le monde, a choisi la voie discrète de l'incarnation plutôt que celle de la manifestation de sa puissance. Il s'est fait homme parmi les hommes pour transformer le monde de l'intérieur et non de l'extérieur.

« Et Dieu, qu’est-ce qu’il fait dans tout cela? » Il ne fait rien d'extraordinaire. Il ne dévie pas la balle du tireur fou, il ne détourne pas l'avion du terroriste fanatique, il ne tient pas dans ses mains le rocher qui va s’écrouler. Les signes de sa présence sont les mêmes que ceux d'autrefois, ceux qu'il a donnés à Jean-Baptiste : « Les aveugles voient, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres.»

Les signes de la présence de Jésus, je peux les voir dans ces personnes et ces associations qui luttent contre l’exclusion et les inégalités, dans l’attitude des femmes et des hommes qui s’engagent pour défendre leurs droits et avoir un travail digne. Cette présence de Dieu à l’œuvre, je peux la reconnaître aussi, dans les personnes qui se sont investies pour vivre les Béatitudes au quotidien : « J'ai eu faim, et vous m’avez donné à manger. »  « J'étais un étranger, et vous m’avez accueilli. », « J'étais en prison et vous êtes venus me visiter. », « J'étais malade et vous avez pris soin de moi. »

Où est donc Jésus aujourd'hui? Que fait-il dans tout cela? Il est là, exactement où nous sommes et il fait ce qu'il faisait autrefois. En agissant en nous et par nous, il voudrait toujours proclamer : «Les aveugles voient, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. »
Ce temps de l’Avent est destiné à nous rendre plus disponible, pour mieux accueillir celui qui est déjà là, au milieu de nous.
 François, prêtre retraité