samedi 8 octobre 2016

Le message du Père François

Les apôtres dirent alors au Seigneur : “Donne-nous un peu plus la foi !” Le Seigneur répondit : “Si vous avez un peu la foi, gros comme une graine de moutarde, vous direz à cet arbre : Arrache-toi et plante-toi dans la mer, et il vous obéira.
Lorsque votre serviteur a labouré ou gardé le troupeau, et qu’il revient des champs, lequel d’entre vous lui dira : ‘Allons, viens te reposer !’ Vous lui direz sûrement : ‘Prépare-moi à dîner. Boucle ta ceinture et sers-moi, que je puisse manger et boire, ensuite tu mangeras et tu boiras.’ Et quand il aura fait ce qu’on lui a commandé, qui d’entre vous lui en saura gré ?
Cela vaut pour vous : lorsque vous aurez fait tout ce qui vous a été commandé, dites : Nous ne sommes que de la main d’œuvre ; nous avons fait ce que nous devions faire.” 
        (Bible des Peuples)
                       
Avez-vous déjà vu cette graine de moutarde dont nous parle Jésus ? Même regardée à la loupe, c’est peu de chose. Et pourtant, Jésus ose dire qu’avec un peu de foi et d’amour, on pourrait déraciner des arbres.
Malheureusement, les gens qui se disent réalistes sourient toujours devant les rêves les plus fous des idéalistes et des utopistes. Et pourtant, ce sont ceux-là qui construisent le monde, parce qu’ils ne se contentent pas de regretter le passé ou de s’enfermer dans le présent. En relisant leur histoire, ils cherchent les graines qui portent déjà en elles des germes d’avenir.
Voyez, par exemple, les « Prophètes » qui ne baissent pas les bras depuis des décennies, pour chercher des chemins qui mènent à  la Paix en Palestine, en Irak, en Afghanistan, en Syrie et dans tous les pays de misères. Et ceci, malgré les obstacles semés par les extrémistes et opposants de tout poil, y compris parmi nous.  Il reste toujours quelques-uns qui croient qu’un chemin est possible pour la Paix. N’est-ce pas là le germe d’une nouvelle espérance ?
Vous vous souvenez certainement de cette petite femme Birmane, Aung San Suu Kyi, si fragile en apparence, mais qui portait en elle, la résistance de tout un peuple. Au lendemain de sa libération en 95, après six années de menace et d’assignation à résidence, elle déclarait: « J’étais prête à rester indéfiniment en détention. Je me suis dit que si Nelson Mandela a pu le supporter pendant 27 ans, qu’est-ce que 3, 4 ou 6 ans? »
Oui, parlons de cet utopiste Mandela, qui a su déraciner l’arbre de l’apartheid qui pourrissait son pays et y planter la paix. Même si la paix reste fragile, elle a le mérite d’exister grâce à la foi de cet homme. Comme quoi, une graine, même cultivée en prison pendant 27 ans, porte des fruits !
Je pense aussi à toutes ces grandes figures de l’Ancien et du Nouveau Testament, parce qu’ils avaient une foi comme une graine de moutarde, ils ont vu se lever tout un peuple en marche : Abraham, Moïse, Jean Baptiste décapité, le Christ mort sur la Croix n’a pas arrêté la foi des apôtres qui ont  annoncé la Bonne Nouvelle aux quatre coins du monde. Tous ont vécu leur foi dans une grande fragilité.
Le film : « Des Hommes et les Dieux », souligne cet aspect vécu par les moines de Tibhirine. Au milieu de la peur et des menaces de toutes sortes, des hommes ont fait le choix du « Bon Berger », celui qui prend soin des plus fragiles. Contrairement à toute logique, c’est le « petit » qui compte plus que leur peur. Leur foi fragile est pleine de vérité et de tendresse. Elle est parlante pour les bonnes volontés.  Le Pape François reconnaît la sainteté de ces personnes.
Oui une graine de foi, ça touche les cœurs et peut changer la face du monde! Elle est faite pour grandir et transformer tout ce qu’elle touche.
Qu’en est-il pour nous aujourd’hui ? Où en est notre foi ? Il ne faut pas se presser pour y répondre. La foi n’est pas comme un paquet cadeau, bien ficelé d’avance. Elle prend racine comme Dieu, au cœur de notre existence.
Je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui ne croyait en rien, si ce n’est dans la réussite, les jeux, la politique….. et fort heureusement, beaucoup me disent qu’ils croient en l’Homme. Peut-être avons-nous la foi comme il y a 20 ou 50 ans. Une foi figée à la manière des pharisiens, incapable de saisir la nouveauté. C’est bien dans l’aujourd’hui que Dieu nous renvoie, même si les événements sont douloureux, dramatiques.
Et là je pense aux douze jours de pèlerinage, que nous venons de vivre en terre de Palestine. Nous avons eu la chance de rencontrer et des Palestiniens chrétiens, des Musulmans et des Juifs qui portent en eux le désir de Paix. Et tout est fait pour qu’ils se taisent. Au retour de Cracovie, le Pape François disait déjà : « Nous avons tous nos intégristes. » Ca veut dire que toutes les religions sont traversées par des Hommes qui ont le besoin de tout ficeler et de s’ériger en doctrinaires.
Je pense que tout chrétien est capable de déceler dans l’actualité de sa vie et du monde, le souffle de l’Esprit. Cet Esprit anime le cœur de tous ceux qui sont épris de paix et de justice. N’y a-t-il pas aujourd’hui des jeunes et des moins jeunes, qui sont prêts à venir en aide à tout Homme  blessé, outragé, meurtri.
Dans l’évangile, la foi en Dieu et l’amour des autres sont inséparables. Croire en Dieu, devrait faire de nous des faiseurs de PAIX, des EVEILLEURS !
Comme nous avons conscience de nos limites, il n’est pas interdit de demander au Seigneur que la graine de moutarde de notre foi, donne de la saveur à notre amour et de la vigueur à notre action.
                        « Je crois Seigneur, mais augmente ma foi ! »

 François, prêtre retraité