jeudi 2 juin 2016

Le message du Père François


La réalité quotidienne



L’évangile de ce dimanche, nous renvoie à une réalité quotidienne. Tous les jours, nous rencontrons, nous entendons, nous voyons des situations dramatiques qui devraient nous interpeller.
-       Onze personnes, dont huit enfants de 7 à 8 ans, qui fêtaient un anniversaire ont été blessées par la foudre, samedi après-midi, au parc Monceau à Paris, frappé par un violent orage.
-       La semaine dernière, parmi les 700 naufragés de la Méditerranée, très peu d’enfants ont survécu.
-       Le « Docteur sourire », qui prend soin des enfants en souffrance dans les hôpitaux, fête ses dix années d’existence.
-       Ces jours-ci, une maman est bouleversée par l’évolution rapide  d’une tumeur sur le front de son fils, âgé de 7 ans. Tous les proches sont affolés en pensant au pire. Moi-même, prêtre, j’étais interpellé par un membre de la famille : « Et toi, comment cet événement t’interpelle dans ta foi – que fais donc le bon Dieu ? » N’est-ce pas la même question qui revient devant tous les grands drames de la vie ?
Face à la mort du fils de cette veuve, comme devant tous les drames où il a été sollicité, Jésus n’a jamais cherché le coupable, alors que c’est notre premier réflexe. Et quand on n’en trouve pas, nous remettons Dieu en cause.
Or, dans l’Evangile, la Bonne Nouvelle,  nous découvrons un Dieu qui est source de la Vie. Devant la détresse de cette maman, Jésus est saisi de compassion jusqu’au plus profond de lui-même. C’est la compassion de Jésus envers cette veuve qui motive son action. Il redonne vie à ce jeune homme. Il ne s’agit pas d’une résurrection puisque cet homme est certainement mort par la suite. La résurrection, c’est revivre une fois pour toutes, c’est entrer dans la gloire de Dieu et ne plus jamais mourir. Luc relie cet événement à la résurrection de Jésus au matin de Pâques.
Etre pris de compassion, c’est lourd de sens, puisque le verbe compatir signifie : souffrir avec ! Et pourtant, plus qu’une simple compassion humaine, cela signifie la tendresse et l’amour dont Dieu fait preuve face à notre misère. La tendresse et l’amour sont la réponse de Dieu à notre propre souffrance.
            On ne saura jamais les paroles prononcées et les gestes accomplis à l’égard de ce fils et de sa maman éplorée. Ce qui est sûr, c’est que Jésus l’a rendu vivant aux yeux de sa maman et de ceux qui l’accompagnaient dans cette épreuve. Habituellement, les drames qui marquent les hommes de tous les temps ressemblent à un linceul qui cache tout ce qui pourrait être beau. Ces drames nous obligent à ne pas rester au superficiel, mais à apprécier à leur juste valeur la fraternité, la confiance, la joie de l’échange et l’espérance qui naît. Jésus, par contre, est créateur de vie. Il enlève le voile de deuil qui couvre les nations. Il met en valeur les petites  choses cachées qui n’ont l’air de rien et qui sont pourtant le sel et la lumière de la vie.
Jésus nous enseigne donc à être proche de ceux qui sont tristes, peinés, car ils ont perdu un enfant, un parent, un ami ou une personne qu'ils ont beaucoup aimée. Dieu ne nous abandonne pas dans l’épreuve. L’amour de Dieu l’emporte sur les puissances de mort. Comment annoncer cela, aujourd’hui encore, de manière crédible. Il n’y a qu’une seule manière, c’est l’amour en action comme dans la première lecture avec le prophète Élie. Des paroles, mais surtout des gestes qui, le plus souvent, disent tellement plus que les paroles.
Pour oser annoncer l’Évangile à notre monde, après tant de déceptions et de scepticisme chez beaucoup, nous devons être vrais, leur montrer que nous les aimons. Nous devons partager leurs joies et leurs peines, et nous mobiliser avec eux et pour eux. Nous sommes tous fils et filles de Dieu, aimés de lui. Etre conscient de cela nous permet de voir le monde d’un regard plus serein. Et cela est un chemin qui nous mène à la résurrection, au Royaume de Dieu.

 François, prêtre retraité