Le 13 juillet 1939, Georges Perrin, Instituteur de l’école de garçons a souhaité « Bonnes vacances » à ses élèves, dont certains ne se retrouveront sur les bancs de l’école de Volmunster que le lundi 16 janvier 1946. exactement 10 mois après la libération de la commune par les Américains. C’était il y a 70 ans.
No man's land
Il faut se rappeler que Volmunster était inhabité depuis le 1er septembre 1939, date à laquelle la population a été évacuée en Charente. Puis ceux qui sont revenus en septembre 1940 ont été expulsés dans le Saulnois et la Pays messin par l’administration militaire qui a agrandi le camp militaire de Bitche. Les habitants de treize communes du canton de Volmunster et cinq de celui de Bitche étaient concernées. Cette zone a été un vrai no man's land. Ce ne sera qu’à partir du 8 mai 1945 que quelques-uns se hasarderont à revenir dans ce village en ruines.
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L’Etat construit des baraquements pour abriter les familles « sans logis », dont les maisons n’étaient plus qu’un amas de pierres.
Difficile ouverture d’école
L’inspection académique de Metz nomme André Schutz le 13 janvier 1946 à l’école de Volmunster. « Dès que je suis descendu de la camionnette faisant office de navette, mes chaussures bien cirées étaient crottées et le bas des pantalons était souillé. C’est ainsi que je me suis présenté à Joseph Rinder, maire, qui officiait dans une petite salle, aménagée dans un grand baraquement. Il m’a accueilli avec une certaine froideur, ce qui m’a étonné. Il m’a appris que depuis la rentrée d’octobre, j’étais le 38 ème instituteur nommé sur ce poste, et qu’aucun n’avait accepté. Je n’en croyais pas mes oreilles. Sans moyen de locomotion, j’ai dû me résoudre à rester le week-end à Volmunster » nous a-t-il rapporté lors d’un interviw en 1996. Le lundi 16 janvier 1945, il ouvre la classe dans une salle d’un baraquement.
Témoignage
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Nous avons rencontré Pierrot Seibert qui fut l’élève d’André Schutz en 1946.Il se souvinet très bien de cette période: «Nous étions une cinquantaine de garçons et de filles, répartis à quatre grandes tables et comme sièges nous avions des tabourets. Nous n’avions pas de tableau. Le maître écrivait sur la porte. Les toilettes ont seulement été construites en avril. La cour était un pré et on allait se soulager derrière les haies. Les enfants des « rentrés » en 1940, ne savaient pas bien ou pas du tout le français. Je faisais partie des « restés » en Charente et j’ai fréquenté l’école de Sigogne à partir d’octobre 1943. Elle était dirigée par René Blanc, père d'Alain Blanc, un des initiateurs du jumelage. Nous ne savions parler que le français en arrivant à Volmunster. Alors le maître nous a demandé d’apprendre le dialecte et les autres le français. Ceux qui étaient restés en Charente ont pu passer le certificat d’études en juillet 1946, car ils avaient un bon niveau. La rentrée du 1 er octobre, les filles et les garçons ont été séparés. A côté de l’école, une association « Rayon de Soleil » nous servait dans leur baraquement tous les jours du cacao et un biscuit. Tout le monde appréciait ce goûter.»
Les deux classes ont fonctionné dans les baraquements jusqu’en 1956, année où l’école reconstruite au milieu du village a accueilli les élèves.
Joseph Antoine Sprunck