TOUSSAINT « C » 2025
Première Lecture : Apocalypse 7 2–4, 9–14
Deuxième Lecture : 1Jean 3 1–3
Évangile de Jésus-Christ selon St Matthieu 5 1–12
« En ce temps-là, voyant les foules, Jésus gravit la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui. Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait. Il disait : « Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux. Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés. Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage. Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés. Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde. Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu. Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux. Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! »
Chers amis, les Béatitudes, que nous venons d’entendre, concernent tout être humain en quête de bonheur ; c’est dire qu’elles concernent toutes les personnes créées à l’image de Dieu. C’est pourquoi leur formulation exclut toute exigence morale ou toute référence religieuse. Il n’y a pas besoin d’être juif ou chrétien pour être humble, doux, affligé, assoiffé de justice, miséricordieux, pur de cœur, artisan de paix. Les béatitudes ne sont pas la charte morale d’un groupe religieux ou d’une Eglise. Par la proclamation des Béatitudes, Jésus s’adresse à toute personne de bonne volonté quelles que soient ses croyances. Nous reconnaissons dans les béatitudes l’exemple par excellence d’une morale ouverte et non fermée par des dictats. Elle est ouverte quand elle appelle à une justice, voire à une charité universelle. C’est le cas des béatitudes qui sont à vivre en faveur de chacun. La douceur, l’humilité, la miséricorde, la justice sont à pratiquer envers tous sans distinction. Elle ouvre à la communion par-delà toute barrière ethnique, sociale, religieuse ou idéologique.
Elle demande à être vécue par tous et en faveur de tous. Son caractère spécifiquement évangélique tient à cette ouverture sans limite à toute personne humaine quelles que soient sa religion, sa nationalité, son statut social et même sa moralité. Les règles morales trop rigides ont pour conséquence habituelle de faire apparaître une discrimination vis-à-vis de ceux qui ne s’y conforment pas à une règle établie. La morale proprement évangélique invite au contraire à être attentif à cette conséquence négative qui peut être provoquée par des préceptes trop rigides.
Le Royaume de Dieu, qui est à l’œuvre dans le monde, ouvre ainsi la perspective d’une communion à laquelle tous les hommes puissent participer comme acteurs et en même temps bénéficiaires.
Chers amis, n’oublions jamais que le Royaume de Dieu est cet amour inconditionnel, enraciné comme un germe dans le cœur de chaque être humain. Dieu aime chacun sans exception, car il est l’Amour de manière absolue et inconditionnelle. Oui, Dieu nous aime comme nous sommes avec l’invitation de grandir dans cet amour reçu.
La première béatitude sur la pauvreté de cœur donne de vivre dès à présent de cette réalité du Royaume. Oui, Être pauvre de cœur, c’est en effet recevoir sa vie de Dieu comme un don gratuit. Cette pauvreté spirituelle correspond à la nature filiale de notre existence : être fils, c’est recevoir sa vie d’un autre ; comme Jésus a reçu sa vie de Dieu. De ce fait, il sait par expérience ce que signifie vivre dans la confiance en la gratuité de l’amour de Dieu. Dans cette confiance filiale, toutes les autres béatitudes peuvent être vécues, car tout est possible à qui s’en remet à l’amour d’un Père. Oui, heureux les cœurs pauvres, car ils vivent de l’amour du Christ.
Le Christ n’a-t-il pas vécu lui-même ces béatitudes, car il a expérimenté en plénitude ce bonheur de recevoir sa vie de Dieu et de pouvoir ainsi la donner pour le monde. « Il n’y a pas de plus grande preuve d’amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. »
Les béatitudes sont un appel à imiter le Christ dans sa confiance envers son Père, et en même temps une invitation à ouvrir notre cœur à son amour et à celui de nos frères.
Telle est la sainteté à laquelle nous sommes tous appelés. Cette sainteté nous la célébrons déjà en cette multitude anonyme de pauvres qui ont laissé l’amour de Dieu traverser leur vie.
En ce jour de la Toussaint, réjouissons-nous de leur joie dans l’espérance de la partager un jour avec un père, une mère, des frères et sœurs, enfants, amis…..
Accueillons dès à présent cette joie du Royaume qui nous est donnée à vivre dans l’esprit des Béatitudes.