vendredi 7 mars 2025

Le messge du Père François

 Évangile de Jésus Christ selon St Luc 4 1–13

 


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L'Église catholique propose à ses fidèles de jeûner (de se passer d'un repas) le mercredi des cendres et le Vendredi saint, et de s'abstenir de viande les vendredis du carême. En nous privant du nécessaire, nous nous rappelons que Dieu nous est encore plus nécessaire. Le jeûne aide à acquérir la liberté du cœur.


« En ce temps-là, après son baptême, Jésus, rempli d’Esprit Saint, quitta les bords du Jourdain ; dans l’Esprit, il fut conduit à travers le désert où, pendant quarante jours, il fut tenté par le diable. Il ne mangea rien durant ces jours-là, et, quand ce temps fut écoulé, il eut faim. Le diable lui dit alors : « Si tu es Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain. » Jésus répondit : « Il est écrit : L’homme ne vit pas seulement de pain. » Alors le diable l’emmena plus haut et lui montra en un instant tous les royaumes de la terre. Il lui dit : « Je te donnerai tout ce pouvoir et la gloire de ces royaumes, car cela m’a été remis et je le donne à qui je veux. Toi donc, si tu te prosternes devant moi, tu auras tout cela. » Jésus lui répondit : « Il est écrit : C’est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras, à lui seul tu rendras un culte. » Puis le diable le conduisit à Jérusalem, il le plaça au sommet du Temple et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, d’ici jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi, à ses anges, l’ordre de te garder ; et encore : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. » Jésus lui fit cette réponse : « Il est dit : Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. » Ayant ainsi épuisé toutes les formes de tentations, le diable s’éloigna de Jésus jusqu’au moment fixé. » 

 

On peut s’étonner que dans la grande presse et les autres médias, mis à part les radios chrétiennes et de sensibilité chrétienne, personne n’a parlé du Carême des chrétiens. Et en même temps, tout le monde est informé avec insistance sur le début et la fin du Ramadan. A vérifier, il paraît qu’à la FNAC, rien sur le Carême, mais un grand étalage sur le Ramadan. Et on peut se demander pourquoi ça se passe ainsi, dans un pays de traditions chrétiennes ?

Il faudrait peut-être commencer par nous interroger nous-mêmes : comment se fait-il que la préparation des fêtes de Pâques, passe tellement inaperçue ? Il y a évidemment encore quelques fêtes de carnaval ou de mi-carême, mais ces fêtes sont totalement déconnectées de leur origine « chrétienne ». D’ailleurs le carnaval se fête n'importe quand, même en été.

 

Il y a encore quelques années – mais cela parait si loin – on parlait de jeûne et d’abstinence et cela faisait vivre les poissonniers ! Depuis, la discipline s’est tellement relâchée qu’il n’en reste plus grand-chose.

Si on fait un choix de viande, ce n’est plus pour obéir à une discipline chrétienne, mais pour s’informer de l’origine de la viande de bœuf, contrôler le label des poulets élevés en plein air, s’inquiéter de la nourriture donnée aux poissons d’élevage. Si on fait attention à la quantité ou à la qualité de la nourriture ce n’est plus du tout pour obéir à la loi de jeûne du carême mais plutôt pour suivre un régime amaigrissant, ou encore pour manger « bio » et « garanti non-transgénique ».

 

Mais l’essentiel du carême se résume-t-il à quelques règles et sacrifices imposés durant ces quarante jours précédant Pâques ? Aujourd’hui, comment vivre ce temps fort ? Sûrement pas en reprenant des coutumes moyenâgeuses, mais en organisant notre conduite de façon adaptée à notre 3e millénaire ? Face à un monde dans lequel nous vivons aujourd’hui et celui qui s’ouvre sur demain s’imposent deux appels, essentiels et pressants :

- se laisser marquer par la proximité de Dieu

- s’engager courageusement dans un monde solidaire.

Alors, comment arriver à mieux prendre conscience de la proximité de Dieu ? Un des moyens est sûrement celui de refaire « l’expérience du désert ». Mais « Expérience du désert », cela veut dire quoi ?

 

Désert, lieu de solitude, de dénuement où apparaît ce que nous sommes en vérité.  Désert dans lequel on n’est pas distrait par de multiples préoccupations et où une vraie rencontre devient possible. Le désert invite à la méditation, au recueillement, il permet de se rendre compte de la fragilité, de la relativité de tant de choses qui ont pris la première place dans nos préoccupations. Cette prise de conscience est essentielle pour mesurer l’enjeu de l‘aujourd’hui.

Inversement, le désert est aussi le lieu de l’épreuve, du décapage où émergent les tentations : posséder, paraître et dominer. Ces tentations rencontrées par le peuple élu, Jésus les a surmontées. Aujourd’hui, chacun y est confronté et s’il ne s’en rend pas compte, il ne peut que succomber ; s’il ne fait pas « gaffe », il se fait piéger. 

 

Comme les étapes de la vie, le carême doit être au service de notre dignité d’Homme et de Fils de Dieu. Nous ne pouvons retrouver la sérénité et même la joie de vivre, malgré les épreuves, que si on est en capacité de répondre aux appels du Créateur.

 

Il faut savoir que « aller au désert » ne signifie pas nécessairement : « partir ailleurs ». Dans nos vies surchargées, sollicitées et agitées, il est essentiel de prendre du recul. Cette démarche est « thérapeutiquement » et spirituellement nécessaire pour vivre en Homme libre et responsable. Cela ne peut pas se faire sans trouver des moments de calme, de silence, de « retraite », de méditation, d’échange et de recherche, de prière. On le fait bien pour les vacances ou d’autres loisirs, alors, faisons marcher nos imaginations. C’est, ce moment-là que l’Église nous invite à trouver pendant ces quarante jours de grâce. Le CCFD-Terre Solidaire, proposé par l’Eglise de France, invite à se rassembler pour réfléchir, comprendre et s’engager. Dans les paroisses, il y a aussi le Carême à domicile.

 

Pour ce faire, il importe que chacun s’engage courageusement dans un monde solidaire. Nous n’avons qu’à ouvrir tout grand nos yeux, nos oreilles et nos cœurs et nous saurons où et comment Dieu, à travers les cris des hommes, nous appelle.

 

                                         Bon CAR’AIME à vous tous !

 

 

 

Prière Universelle

 

1.- « L’homme ne vit pas seulement de pain »

Seigneur, que ton Esprit nous conduise en ce temps de carême.

Qu’il nous aide à renoncer à quelques nourritures superflues, pour retrouver les nourritures qui rassasient nos âmes : l’eucharistie, et pour que nous soyons plus disponibles au soin du frère, la solidarité et le partage. Prions le Seigneur.

 

2.- « C’est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras »

Seigneur, que ce temps de carême éclaire nos consciences et nous aide à voir toutes les idoles devant lesquelles nous nous prosternons : l’idole de notre réputation, l’idole de notre puissance, l’idole de notre pouvoir d’achat…Aide-nous à nous prosterner devant le seul vrai Dieu qui nous appelle à grandir dans son amour. Prions le Seigneur.

 

3.- « Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu »

Dans le monde politique, dans la vie sociale, dans le monde de l’éducation et dans les relations personnelles, la tentation est forte d’utiliser Dieu pour justifier un pouvoir sur plus faible. Seigneur apprends-nous à chercher humblement ta volonté. Garde nous d’utiliser ton nom pour soumettre les autres à notre volonté. Prions le Seigneur.

 

Prière par le prêtre : Seigneur, les tentations que tu vivais au désert sont encore les tentations que nous vivons aujourd’hui : posséder, adorer, dominer. Donne-nous ton Esprit pour que ce temps de carême nous aide à marcher humblement, avec toi, vers plus d’humanité. Nous te le demandons par le Christ notre Seigneur.


François, Prêtre retraité

 

 


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