samedi 22 février 2025

Où étaient les Volmunstérois lors de la libération du 16 mars 1945?

Lors de la libération de Volmunster le 16 mars 1945, aucune personne n’y habitait, car le village faisait partie des 18 communes expulsées  en novembre 1940 dans le Saulnois  et la région messine. Ils  y remplaçaient  les indésirables expulsés dans la région de Lyon  par les Allemands.  


La carte des 18 communes rattachées au camp de Bitche de novembre 1940 à mars 1945




Lors de l’évacuation du 1er septembre 1939,  tous les hommes mosellans et alsaciens   de la classe 1909 à la classe 1939 étaient déjà  mobilisés à la mi-août 1939, mais ont été libérés par les Allemands en juillet 1940. Ils ont rejoint leurs familles réfugiées en Charente

Puis, le retour des  évacués a été programmé en septembre et octobre 1940 par les Allemands. Comme le curé Humbert de Volmunster a conseillé aux familles de rester  en Charente, seule une vingtaine de familles n’ont pas pris le train du retour.  Elles  ont préféré rester à Sigogne en Charente et attendre la fin de la guerre. Ils  avaient tous  trouvé du travail. Ces familles mosellanes ont vécu la libération de Sigogne  le 28 août 1944. Pour la fêter, un feu d’artifice a été tiré  et un Hitler  empaillé a été pendu sur la place du village. Un habitant lui a donné un coup de grâce, puis il a été brûlé. 


La surprise de 9 000 rentrés


Les Allemands n’ont pas hésité   à malmener surtout  les habitants  de 18 communes au nord-est de Bitche, 13 du canton de Volmunster et 5 du canton de Bitche.

A leur grande surprise, ces habitants  sont expulsés manu militari en  novembre 1940,  avec la confiscation  de tous leurs biens immobiliers. Ils sont alors transplantés  dans le Saulnois et la région messine pour remplacer les indésirables expulsés dans la  région lyonnaise. Ils sont considérés comme des « Siedler », des employés par l’Etat allemand.  Ces 18 communes  inhabitées ont formé le fameux nomandsland rattaché au camp de Bitche de novembre 1940 à  mars1945. 


Où ont-ils été transplantés?



De gauche à droite: Alphonse Kirsch de Volmunster, Marthe Beck et Emile Beck d'Eschviller, Paulette Haurase, fille du chef  de gare, et Lucien Beck  d'Eschviller. Photo prise à Louvigny en février1941. 


Afin que ceux qui sont transplantés ne fassent  pas une vraie communauté, les familles  ont été dispersées dans différents villages mosellans. Ces familles ont dû remplacer les familles indésirables du Saulnois et de la région messine  C’est ainsi que  la famille Faber a dû gérer une ferme de Vigy. Elle a eu un très grand nombre de visites des policiers allemands, car leur fils Albert  avait déserté l’armée allemande. Vigy a été libéré le 21 novembre 1944 et ce fut la grande  fête.

A la  famille  Conrad,  la ferme de Moince  à Louvigny a été attribuée. Pendant les combats de la libération, la famille s’est réfugiée le 12 octobre 1944 à Bechy et  le  18 octobre à Eincheville, libéré le 16 novembre, puis elle est retournée à Bechy.   Comme leur maison était entièrement détruite à Volmunster, la famille Conrad a seulement pu rentrer   le 29 avril 1946 pour habiter un baraquement élevé  à côté de leur exploitation.


Une évacuation nocturne à pied


 La famille Fischer été déplacée à Manhoué où les parents ont tenu un café. Début septembre, le village a été libéré par les Américains, qui après quelques jours   ont demandé à toutes les familles mosellanes de quitter le village à pied après la tombée de la nuit jusqu’au village voisin Malancourt. Durant la marche  des tirs traçants passaient au-dessus de leur tête. A Malancourt, toutes les familles  ont été embarquées avec leurs valises  par les militaires américains sur des JMC, puis  conduites  à Nancy où le secours national les a logés d’abord l’université, puis très rapidement dans des appartements. Au printemps 1945, la famille Fischer a rejoint le château Rhin de Bois à Bioncourt où travaillait  une de leur fille. La famille est revenue à Volmunster pour habiter dans une baraque et c’est en 1954 que la maison a seulement été reconstruite.


Photos DR

Les baraquements ont abrité de nombreux habitants du Bitcherland  à partir de   1946 à 1954


La Croix de guerre  avec Etoile de Bronze.    

 

Pour revenir vivre dans les décombres après une absence de  six ans et vivre dans des baraquements pendant huit ans et recommencer à zéro, il fallait avoir beaucoup de  courage et de la patience. C’est pourquoi Volmunster a été cité à l’ordre la brigade le  11 novembre 1948: «Pour le courage et la fidélité à la mère-patrie de ses habitants qui ont  supporté toutes les épreuves avec courage et patriotisme » Volmunster  a été cité à l’ordre de la Brigade. Cette citation comporte l’attribution de la Croix de guerre avec Etoile de Bronze. »  


Joseph Antoine Sprunck