L’humiliation mosellane la plus énorme a été vécue en décembre 1944 par 240 « Malgré-nous » mosellans, de retour du front russe, et qui, l’un après l’autre, s’étaient cachés lors d’une permission. Ils vivaient dans la nature en attendant les libérateurs. « Déserter, c’est un crime », leur dit pompeusement un gradé américain... « Un soldat ne doit jamais déserter »... Alors que la Moselle presque totalement libérée pavoisait de toute part, ils furent embarqués avec des prisonniers allemands. Ce qui leur valut de recevoir, dans les camions, des menaces de mort de la part des vert-de-gris, puis des cailloux tricolores dans les rues de Nancy. Après une nuit de train, ils arrivèrent au camp de Thorée-les-Pins, à la Flèche, dans la Sarthe, où ils restèrent cinq mois. D’où le nom de “Fléchards” qu’ils se sont donnés depuis, enfin, ceux qui vivent encore. L’un d’eux a raconté son retour, tête basse, vers sa maison. “Notre joie était morte. Le ressort était cassé. En gare de Sarrebourg, des civils ont recommencé à nous insulter."
J.G.
Le maire de Meisenthal et le curé de Bining ont réussi à convaincre les Américains à ne pas emprisonner les réfractaires malgré-nous qui ont déserté l'Armée allemande. Comme ils étaient emprisonnés avec des soldats allemands, ces derniers ont maltraité les Mosellans.
J.A.S.