C’est là, entre deux grands fleuves, le Tigre et l’Euphrate, que se sont épanouies les cultures sumérienne, akkadienne, babylonienne, hittite, assyrienne ou mède.
La région s'appelait alors la Mésopotamie ou la terre entre les deux fleuves.
On y a construit des villes à plusieurs étages, aussi appelées Ziggourat et des temples immenses. On y a développé l'alphabet cunéiforme, les mathématiques, le Code d’Hammourabi, certains mythes fondateurs de l'Occident comme le jardin d’Eden, etc.
Ces civilisations se sont ensuite fondues dans de vastes et puissants empires : l’empire perse, parthe, macédonien, sassanide (ou irano-perse), omeyyade et abbasside.
C’est aussi une terre profondément religieuse.
Le monothéisme y est né. Dans la Bible, Abraham part d’Ur en Chaldée. Il se rend ensuite en Canaan (actuels Palestine et Israël).
Les premières églises chrétiennes s’y sont installées.
C’est une terre d’Islam chiite et sunnite.
Donnée par Dieu…
Bagdad est construite en 762 sous les Omeyyades et connaît son âge d’or sous les Abbasides.
Elle est le centre de leur empire.
Le nom Bagdad vient du perse ancien. Il voudrait dire “Donnée par Dieu”.
En Français, il a donné le mot baldaquin qui voulait dire “soie de Bagdad” avant qu’il ne devienne le meuble que ce précieux tissu allait recouvrir.
Et, en effet, l’Irak a toujours fait partie des réseaux commerciaux établis entre les empires chinois, perses et romains que l’on appelait les routes de la soie.
Ces routes commerciales ont été créées autour du premier siècle après Jésus-Christ.
Au nord, elles passaient par l’Asie centrale, au sud par l’Empire perse, dont l’actuel Iran et l’actuel Irak.
Une province oubliée…
Au 13e siècle, la ville de Bagdad est conquise par les Mongols et ses armées féroces menées par Genghis Khan.
Cet empire s’écroule deux générations plus tard, pour être remplacé, en Irak par celui des Turcs qui étendent leur conquête sur le tout le Moyen-Orient et le sud de la Méditerranée.
La Turquie paie cher son alliance avec l’Allemagne lors de la Première Guerre mondiale.
Son empire est démantelé.
L’Irak devient un mandat britannique. Le pays rejoint un autre vaste empire…
Une République sanglante
L’Irak devient un Royaume en 1932, mais l'ingérence anglaise s’y maintient.
En 1958, un coup d’État renverse la famille royale qui est massacrée.
La République est déclarée.
Le mouvement est lancé par le Mouvement des officiers libres mené par le colonel Kassem qui veut une république socialiste et laïque et panarabe et qui prévoit l’invasion du Koweït (déjà !).
Cette révolution s’inspire de celle qui a été menée en Égypte sous Nasser.
Différents dictateurs se succèdent au pouvoir. Le pays est en proie aux luttes entre Sunnites et Chiites.
Les Kurdes au nord veulent plus d’autonomie, mais sont souvent réprimés.
Saddam Hussein arrive au pouvoir en 1968 avec le parti Baas qui a pris le pouvoir par la force avec le soutien des Kurdes à qui l’autonomie a été promise.
Il est l’héritier des différentes dictatures qui se sont suivies depuis la déclaration de l'indépendance et de la République.
La révolution islamique en Iran fait peur au dictateur. Le régime iranien lui est ouvertement hostile.
L’ayatollah Rouhollah Khomeini en particulier, n'hésite pas à inciter les milices chiites d’Irak à faire leur propre révolution islamique et renverser Saddam Hussein.
Car il dirige avec la minorité sunnite et les chrétiens contre la majorité chiite du pays.
S’ensuit une longue guerre meurtrière entre l’Iran et l’Irak. Elle commence en 1980.
Elle est également marquée par une insurrection kurde qui sera durement réprimée. Ils subissent même un génocide de la part des autorités officielles irakiennes.
Plus de 100 000 personnes meurent sur les 3 millions de Kurdes irakiens.
C’est une guerre particulièrement sauvage. L’Irak utilise des armes chimiques. L’Iran monte une armée d’enfants soldats, placés en première ligne.
La guerre dure 8 ans.
Elle fait au moins 650 000 morts : au moins 200 000 chez les Irakiens et plus de 300 000 chez les Iraniens.
Les Américains, à la fin de la guerre, prennent parti pour l’Irak.
Les deux guerres du Golfe
À la suite de cette guerre, l’Irak a besoin d’argent. Et le pays envahit le Koweït voisin, dont les réserves de pétrole sont immenses.
Saddam Hussein pense que les États-Unis le laisseront faire. C’est une erreur.
Les Américains prennent la tête d’une coalition de 35 pays et expulsent les forces irakiennes d’Irak.
La guerre s’arrête là.
20 ans plus tard, les États-Unis attaquent à nouveau.
Cette fois, ils parlent de guerre préventive.
Les Américains ont subi les attentats du 11 septembre.
Ils ont attaqué l’Afghanistan.
Mais cela ne suffit pas.
Ils craignent l’instabilité irakienne. Ils aimeraient en faire un pays stable et démocratique.
Ils prennent donc un prétexte pour attaquer l’Irak. Ils affirment sans preuve que Saddam Hussein dispose d’armes de destruction massive et qu’il veut s’en servir.
Ils réunissent une deuxième coalition, plus restreinte que la précédente.
Ils destituent Saddam Hussein en 2003.
L’échec de la démocratie imposée
La suite :
La démocratie ne prend pas en Irak.
Et toutes les divisions du pays remontent à la surface.
Une première guerre civile entre Chiites et Sunnites a lieu entre 2006 et 2009.
Au terme de cet affrontement, les Chiites prennent le contrôle de Bagdad.
L’armée américaine se retire en 2011, laissant le pays entre les mains des Chiites.
Mais les forces sunnites n’ont pas dit leur dernier mot. Elles s’unissent à nouveau en 2013 et créent l’État islamique.
La deuxième guerre confessionnelle d’Irak commence avec la prise de Fallouja située au centre du pays à une trentaine de km de Bagdad.
La première se situe sur l’Euphrate, tandis que la deuxième est sur le Tigre.
Une partie de ces milices a été armée par les Américains au temps de leur lutte contre Saddam Hussein.
En 2014, l’État islamique s’empare d’une grande partie du pays.
Une nouvelle coalition internationale se forme autour des États-Unis pour soutenir les forces officielles irakiennes et les forces kurdes.
En 2015, l’État islamique commence à reculer et sera vaincu définitivement en décembre 2017.
Une paix fragile
Malheureusement, l'insurrection couve toujours. Il existe actuellement environ 80 milices armées sunnites dans le pays qui déclenchent régulièrement des attentats.
Les forces américaines sont revenues dans le pays.
Régulièrement des attaques de drones font des victimes. Certaines viennent des milices, d'autres des Américains.
Le pays reste très divisé.
En 2019, de grandes manifestations ont eu lieu à Bagdad et dans le sud du pays contre la corruption.
En octobre 2021, des élections fédérales ont eu lieu.
Après de nombreuses négociations, un Premier ministre a été nommé, Mohammed Shia al-Sudani.
Ce gouvernement veut :
réduire la corruption,
diminuer le chômage,
faire reculer la pauvreté,
réformer l’économie et l’administration.
Il existe un point positif toutefois : le Kurdistan a obtenu son autonomie depuis 2005. Ce territoire dispose d’une capitale, Erbil.
Cela fait de l’Irak un pays fédéral. Et il est possible que ce type de système convienne à ce pays qui abrite tant de communautés différentes.
Une nouvelle route de la soie
Afin d’encourager une reprise durable de l’économie irakienne, le Premier ministre veut relancer les routes commerciales du pays et notamment l’ancienne route de la soie.
C’est un projet pharaonique.
Mais le Premier ministre irakien s’est entendu avec le président turc, Recep Erdogan pour le lancer. Un accord a été signé en 2023.
En 2024, un accord de financement a été signé avec la Turquie, Doha et Abu Dhabi.
Ce projet devrait coûter près de 17 milliards de dollars.
Il implique la création d’un grand port au sud du pays, le plus grand de tout le Moyen-Orient, puis la création d’un réseau de routes et de voies ferrées qui traversera le pays sur 1 200 km et sera connecté au réseau européen depuis la Turquie.
Cette nouvelle route de la soie entre la Chine, la Turquie et la Russie, ainsi que l’Europe pourrait concurrencer le canal de Suez dont les frais de passage sont très élevés.
Mais pour y parvenir, l’Irak devra vaincre la corruption et aller de l’avant malgré d’autres défis comme la rareté de l’eau ou l’augmentation des tempêtes de sable.
Est-ce possible ?
On le souhaite à tous les Irakiens qui ont tant souffert et dont le pays pourrait être un havre de paix et un pays prospère.