vendredi 26 juillet 2024

S’excuser ;;;

 


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Souvent, la fierté  empêche de présenter des excuses à quelqu’un. Et au lieu d'excuses, c'est une réplique , un reproche à l’autre qui vient

 

C’est un réflexe de défense que l'on employe pour ne pas  perdre la face. Le problème, c’est que  cette attitude,  entretient les tensions avec l’autre. 
Il n’y a de réconciliation possible que si on reconnaît ses erreurs.
Il ne faut donc pas avoir honte de s’excuser.

Le dramaturge français  Nivelle de La Chaussée en 1735 dans  " Le préjugé "  :

 

« La honte est dans l'offense, et non pas dans l'excuse. »

Celui qui est capable de s’excuser montre qu’il sait reconnaître ses torts et qu’il a de la considération pour ce que ressent l'autre.

C’est une marque d’écoute et d’empathie essentielle pour entretenir de bonnes relations.

Mais c’est aussi le signe d’une grande solidité intérieure :

 

- je peux admettre que je commets une erreur sans que cela n’ébranle l’estime que j’ai de moi - .

Une étude sur  « le pouvoir des excuses »

Pour démontrer l’intérêt des excuses, le professeur en psychologie Nicolas Guéguen a eu l’idée d’une expérience étonnante, relayée dans le magazine Cerveau & Psycho.

Des volontaires, répartis en deux groupes, devaient bousculer des passants dans la rue.

Les participants du premier groupe devaient les percuter violemment, puis présenter leurs excuses à la personne. Le second groupe devait heurter légèrement le passant, mais sans s’excuser cette fois-ci.

Ensuite, tous les expérimentateurs continuaient leur chemin en faisant mine de perdre derrière eux un document…

Les chercheurs ont alors eu une drôle de surprise.

Parmi les passants qui n’avaient pas reçu d’excuses, seulement 58% prévenaient la personne qu’elle avait perdu un document… contre 90% des passants heurtés de plein fouet, mais qui avaient reçu des excuses.

Même si ceux-ci ont été davantage bousculés, ils étaient plus disposés à aider le « gêneur » qui s’était excusé…

Autrement dit, le simple fait de dire « pardon » réduit fortement le sentiment de rancune chez l’autre.

Mais c'est aussi bon pour soi-même 
Une équipe de l’université de Queensland, en Australie, a demandé à des participants de se remémorer des situations de leur vie personnelle où ils avaient eu une situation conflictuelle avec quelqu’un avant de s’excuser.

D’autres volontaires devaient, quant à eux, se souvenir d’une situation semblable où ils avaient refusé de s’excuser. 

Lorsqu’on les interrogea sur leur ressenti durant cet exercice, les premiers manifestèrent un plus fort sentiment d’estime de soi que les seconds.

Un rôle social même chez les petits enfants et les animaux

À partir des années 1990, les scientifiques ont mené diverses études sur  "le pardon" et son rôle social.

Ils ont ainsi démontré que le pardon s’apprenait très tôt dans le développement de l’enfance et que des enfants de 2 ou 3 ans étaient déjà capables de s’excuser lorsqu’ils pensaient avoir endommagé un objet.

D’autres chercheurs ont découvert que la capacité à demander pardon et à pardonner existait chez la plupart des animaux sociaux.

Ainsi, les biologistes ont observé des comportements amicaux (baisers, étreintes…) lors de situations conflictuelles chez les chimpanzés, les gorilles et les bonobos… mais aussi chez d’autres animaux comme les chèvres et les hyènes.

Le pardon permettrait de désamorcer les conflits : il jouerait un rôle social essentiel pour garantir des relations d’entraide entre individus d’une même société, même après des épisodes conflictuels.

         

                                            Florent Cavaler